mardi 29 novembre 2011

Espérance !

1er Avent Mardi 11-12 -

Devant m’absenter jusqu’à la fin de la semaine, je ne commenterai pas, aujourd’hui, les textes de la “Parole de Dieu“ en ce temps merveilleux de l’Avent ! Temps d’espérance comme je l’ai souligné dimanche dernier !

Pourtant…, pourtant plusieurs m’ont avoué leur sentiment de découragement, d’accablement…, voire de déprime, d’apathie - ce que les Anciens appelaient “acédie“ - à la vue d’un monde qui semble de plus en plus mauvais.
Constat qui n’est pas d’aujourd’hui ! “Ce fut un temps bref et mauvais que les années de ma vie“, disait déjà le patriarche Joseph (Gen 47.9). “Je trouve mauvais ce qui se fait sous le soleil“, renchérira l’Ecclésiaste (2.17). St Paul, lui, de constater simplement : “les jours sont mauvais !“ (Eph. 5.16). Aussi, St Jean recommandera : “N’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde..., puisque tout ce qui est dans le monde ne provient pas du Père !“ (I Jn 2.16sv).

- Oui, ce monde est mauvais quand quelques généraux ou présidents peuvent faire disparaître des milliers d’hommes !
- Ce monde est mauvais quand des conflits d’intérêts cherchent une solution par l’assassinat individuel ou collectif.
- Ce monde est mauvais quand on menace inconsidérément l’avenir de la planète “Terre“.
- Ce monde est mauvais quand quatre cent cinquante millions d’hommes souffrent de malnutrition.
- Ce monde est mauvais quand les médias multiplient à l’envie le visage de l’horreur jusqu’à nausée.

La situation n’est donc pas nouvelle. Et facilement…, très facilement, trop facilement, nous sommes angoissés de cette angoisse que prédisait Moïse : “Au soir, tu diras : « Que vienne le matin : ». Et au matin, tu diras : « Que vienne le soir ! »“. (Deut 28.67). C’est la plus grande malédiction qu’ait jamais annoncée la Bible : l’incapacité de vivre le présent…, et la projection permanente dans un avenir incertain !

Aussi, avouons-le franchement avec Léon Bloy : souvent, “nous souffrons par imagination de ce qui n’existe pas“ encore ! Alors, prévoyant un avenir qui tourmente, nous avons peine à vivre dans le présent ! Corneille a traduit la remarque de Jésus : “A chaque jour suffit sa malice“ (Mth 6.34), par “Cesse d’aller au loin mendier ton supplice !“. Se tourmenter de l’avenir, c’est, je crois, la tentation de tout homme !

Cessons de nous tourmenter d’un avenir incertain, tout en sachant avec cet Ecclésiaste fort désabusé : “Ce qui a été, c’est ce qui sera ; ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera : rien de nouveau sous le soleil !“ (1.9).

Et, justement, essayons d’abord de comprendre ce qu’il y a d’intemporel dans le moment présent : à peine en parle-t-on qu’il est déjà du passé ! “O temps, suspens ton vol“, s’exclamait Lamartine ! Nous marchons vers un avenir dont le passé est l’image obscure au point, affirment certains, que “le présent n’est que le passé de l’avenir“ (ou l’avenir du passé) ! (J. Guitton).

Oui, c’est vrai : il y a beaucoup d’ombres en ce présent intemporel qui embrasse et notre passé et notre avenir…
Mais s’il y a des ombres, c’est que la lumière existe ! C’est le soleil qui explique l’ombre ! Ne faut-il pas alors regarder les ombres de notre monde et celles, plus cachées, de notre propre vie, pour mieux discerner - non plus avec découragement mais enthousiasme - la lumière du soleil cachée mais bien présente derrière les nuages plus ou moins obscurs du monde et de notre propre vie…

Et c’est là que la Bible crie l’Espérance, une espérance plus têtue et plus vivace que tous nos découragements. Non pas l’espoir, cet espoir que, par lassitude résignée, inventent souvent les hommes pour ne pas mourir. L’Espérance vient au secours de l’espoir comme on greffe un rameau sauvage. L’espérance dit à l’espoir : “Tu ne te trompais pas. Le seul tort de ton rêve, c’est d’attendre trop peu et trop servilement“. Peut-être d’ailleurs…, peut-être faut-il, parfois, que l’espoir “craque“ pour que commence l’Espérance ! La foi est parfois un doute surmonté ; l’Espérance, un désespoir surmonté !

Bien sûr, on dira : “Comment tenir et tenir encore dans l’Espérance quand si peu de choses changent autour de nous… et en nous-mêmes ? - “Mettez-vous bien dans la tête, nous dit le Christ, que vous n’avez pas à préparer votre défense (face à toutes les ombres envahissantes et accablantes). Moi-même, je vous inspirerai une sagesse et un langage“. (Lc 21.14)

Voilà l’origine de la force de celui qui tente l’aventure de la prière comme de celui qui tente l’aventure de l’engagement -ou plutôt des deux à la fois ! - : la force nous vient du Christ lui-même, lui qui a vaincu la mort - le mal par excellence -, lui qui, désormais, “a les issues de la mort“ (Ps 68.21), de toute mort, lui “qui nous mène “al mouth »“, dit le ps. 48e, c’est-à-dire par-delà tout, par-delà toute épreuve, par-delà la mort elle-même.

Aussi, en ce temps béni de l’Avent, ne cessons pas de prier et d’agir avec ces seuls mots sur nos lèvres et en notre cœur : “Viens, Seigneur Jésus, viens nous sauver !“. Tu es notre seule Espérance !




P.S. A tous et à chacun : Heureux temps de l'Avent, plein d'espérance ! A la semaine prochaine !

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