mardi 15 novembre 2011

Temps des persécutions…

T.O. 33 imp. Mardi - (II Macc. 6.18-31)

Hier, nous n’avons pas médité la lecture du jour. Elle est cependant importante pour comprendre les livres des Maccabées, livres historiques et spirituels tout à la fois.
Le premier livre des Maccabées commence ainsi : “Après qu'Alexandre, fils de Philippe, Macédonien, eut battu Darius, roi des Perses et des Mèdes (bataille de Issos : 333), et fut devenu roi à sa place, …il entreprit de nombreuses guerres, enleva maintes places fortes et mit à mort les rois de la région. Il poussa jusqu'au bout du monde et prit les dépouilles d'une multitude de nations. La terre se tut devant lui. (On a connu ce genre de phénomène !). Son cœur s'exalta et s'enfla d'orgueil ; il rassembla une armée très puissante et soumit provinces, nations et dynastes. Après cela, il s'alita et comprit qu'il allait mourir“. Voilà la place que fait la Bible à Alexandre le Grand ! “Quel avantage l’homme aura-t-il à gagner le monde, s’il le paye de sa vie ?“ (Mth 16).Première leçon d’histoire !

Alexandre mort, la Terre Promise redevient ce qu’elle a toujours été : la proie des rivalités entre les superpuissances qui sont au sud autour du Nil et les superpuissances qui sont au nord autour de l’Euphrate.

Je passe sur les nombreuses péripéties politiques de ceux qui se sont partagé l’empire d’Alexandre. Après avoir été soumise aux “Ptolémée“ d’Egypte, bienveillants pour Israël (300-200), la Palestine passe au pouvoir des Séleucides de Syrie qui eurent une politique maladroite d’assimilation forcée et brutale. Ils voulaient contraindre les Juifs à abandonner leurs traditions politiques, nationales et religieuses. Ce qui provoqua chez les Juifs un formidable rebondissement de leur identité tant raciale que spirituelle. Et ce fut la révolte des Maccabées qui dans un premier temps infligèrent aux Grecs plusieurs défaites retentissantes. Nous sommes aux environs de 160.

Mais, comme souvent, les descendants des Maccabées qui s’étaient donc révoltés pour sauvegarder l’intégrité du patrimoine culturel et religieux, deviennent, à leur tour, - 2ème leçon d’histoire !- des petits roitelets despotes, cumulant pouvoir politique et pouvoir sacerdotal, ce qui est toujours néfaste - 3ème leçon d’histoire !-. Et naturellement ils pactisent avec les cultes des Syriens, des Grecs qu’ils introduisent jusque dans le temple !

C’est l’heure d’une 2ème révolte - puissance deux, si je puis dire - : Beaucoup se réfugient dans le désert de Juda pour retrouver la pureté de la foi. C’est toujours dans un désert que l’on se rend dans les périodes équivoques (Ex. : les résistants… de la dernière guerre). Ce fut la naissance des Esséniens désireux de retrouver la pureté de l’Alliance.
Mais, évidemment, tous les Juifs n’allèrent pas au désert. Et, à Jérusalem surtout, des épisodes de persécution sanglante eurent lieu, tel celui que relate notre lecture.

Que retenir de toute cette histoire en l’espace d’un siècle ?
1. D’abord, une grande leçon de fidélité et de foi de la part de ce vieillard de 90 ans qui préféra le martyre, “obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes“. - “Il est indigne à notre âge, disait-il, de dissimuler !“. “Savoir dissimuler est le savoir des rois“, disait Richelieu. Et, Mazarin, après lui, en fit sa règle !
Mais cela ne vaut pas quand il s’agit du Roi des rois, le Christ qui lui n’a pas dissimulé son amour pour nous et qui attend de nous une “profession de foi“. “Nous ne pouvons pas ne pas dire…“, disait Pierre. La foi donne une participation à la vie même de Dieu. La foi n’est pas de l’ordre de l’opinion privée comme on le dit tellement en Occident. Certes, le témoignage n’est pas toujours facile… Grande question !
2. D’autre part, que sont devenus les Esséniens, ces purs, puristes ? Il semble qu’ils avaient encore au temps de Notre Seigneur une assez grande influence. Il y a plusieurs causes à leur disparition.
a) D’abord un mini tremblement de terre qui a suffi à disloquer le système d’adduction d’eau qui était si importante pour eux, pour leurs ablutions rituelles, ce qui était le centre de leur spiritualité (cf. Pharisiens). Quand les rites remplacent la foi, il y a toujours danger, un danger qui guette tout croyant !
b) Il y avait certainement aussi les permanentes incursions des Parthes qui ébranlaient périodiquement le pouvoir romain en cette région. Et les Esséniens étaient en première ligne ! Notre Eglise n’a-t-elle pas toujours ses ennemis permanents ?
c) Il y a eu surtout la prise de Jérusalem en 70 par Titus. Bien que n’ayant pas les mêmes opinions des nationalistes juifs, les Zélotes, on pense que les Esséniens pactisèrent avec eux dans la révolte de Massada. Ce fut leur perte. Et puis, par intransigeance, ils avaient eu tendance à se “recroqueviller“ sur eux-mêmes, à devenir une secte finalement.

Jean-Baptiste lui-même (on a pensé qu’il les avait fréquentés) est déjà en rupture avec eux quand il va à la rencontre des foules, prêchant un baptême de pénitence…
Et Jésus, lui, était en totale rupture quand il allait, de préférence, vers les pauvres, les illettrés, les malades.
Et le baptême chrétien - participation à la mort et à la résurrection du Christ - ne s’est jamais inspiré du baptême des Esséniens. Jamais leurs repas sacrés n’ont eu une signification eucharistique ! Puissions-nous ne jamais avoir une tendance sectaire, être rangés sous le vocable d’une secte !

L’histoire est toujours riche d’enseignements à méditer !

Aucun commentaire: