dimanche 13 novembre 2011

Attente active !

33ème Dimanche T.O. A/11

Très souvent, dans ses paraboles, Jésus répond à la question : quel est le sens de la vie ? N’est-ce pas la question des questions : le “pour quoi” de notre vie ? C’est St Bernard, il me semble, qui se demandait sans cesse : “Pourquoi suis-je ici, venu ici, en ce cloître ?“… Et Jésus commence par nous révéler qu’au point de départ de notre existence, il y a Quelqu’un : “un homme appela ses serviteurs et leur confia ses biens” : ce “propriétaire”, c’est Dieu, bien sûr, car tout lui appartient. Mais si Dieu a créé le ciel et la terre, il a “fait” l’homme “à son image et ressemblance” pour qu’il domine sur toute la création. Comme dit St Paul, “Dieu nous donne tous les biens en abondance, pour que nous en jouissions”. (1 Tim. 6/17).

Certes ! Mais sans oublier pour autant que nous ne sommes pas des propriétaires : nous sommes des intendants. Je ne suis pas le propriétaire de mes richesses, de mon corps, de mon cœur, de mon intelligence. Dieu me les a loués, en quelque sorte ! Si on vous prête une maison, une voiture ou tout autre objet, vous en prenez grand soin, car ces biens ne vous appartiennent pas. Ainsi Dieu a-t-il agi envers nous : il nous a donné beaucoup, mais nous ne sommes pas propriétaires. Ce fut le premier péché, celui d’Adam et Eve, symbolisé ensuite par la “tour de Babel“ !

Et “le Maître partit en voyage”. – C’est bien vrai que Dieu semble absent de ce monde. Il semble nous avoir laissé seuls. Et Jésus nous fait comprendre que c’est voulu. Après avoir créé l’univers, Dieu se reposa : il se repose sur l’homme, en lui disant : je te donne cet univers en gérance jusqu’à mon retour. Car Dieu, en nous créant, nous a élevé à une telle grandeur qu’il veut sans cesse respecter notre liberté. Aussi, nous a-t-il créés, a-t-on dit, comme la mer les continents : en se retirant ! Et à chacun, il dit en quelque sorte : A cause de la liberté que je t’ai donnée - cette liberté qui te fait “à mon image et ressemblance“ -, tu deviens “responsable“. Cependant, je te poserai la question : “Avec ta liberté, qu’as-tu fait de ce monde, qu’as-tu fait de ton corps, de ton âme ? Qu’as-tu fait de ton frère ?”

“Longtemps après, le Maître revient”. Combien de temps ? Nous l’ignorons. Le temps d’une vie d’homme, sans doute ! Quelle bonne nouvelle, au moins pour ceux qui s’y attendent et qui sont prêts : la mort, ce n’est pas le néant, c’est une rencontre avec Quelqu’un ; c’est le retour du Seigneur ! Le même propriétaire qui nous avait embauché au point du jour, en nous disant : “va, toi aussi, travailler à ma vigne”, revient au soir de la journée pour demander des comptes et donner le salaire aux bons ouvriers. La perspective de ce rendez-vous devrait ensoleiller nos vies ! Nous ne savons pas l’heure exacte de cette venue. C’est le secret de Dieu. Aussi, comme nous le recommandait l’évangile de dimanche dernier, faut-il toujours veiller pour ne pas nous laisser surprendre et pour ouvrir dès que le Maître frappera à la porte.

Sachons remplir à fond ce temps qui nous reste et qui s’écoule dans le sablier de l’Histoire. “La vie est courte”, dit-on ; alors il la faut pleine. Mettons-nous au travail avec ardeur, courage, car bientôt, nous dit Jésus, après les douze heures de la journée survient la nuit où personne ne peut plus travailler.

Et quelle est la première tâche qui nous est demandée ? C’est de croire, de croire à l’amour du Père manifesté en Jésus Christ. Il est le premier Serviteur qui est aussi le Fils unique. Cette foi nous dynamisera, car l’amour du Père nous poussera à transformer de toutes nos forces ce monde qu’il nous a laissé “inachevé”. Nous ne serons pas jugés sur la quantité de travail, sur les richesses accumulées, mais sur la qualité de notre foi. Lorsque les juifs demandent : “Que nous faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ?“, Jésus leur répond non plus au pluriel, mais au singulier : “L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en Celui qu’il a envoyé”. (Jn 6/28-29). Nous ne serons pas sauvés sur nos œuvres mais sur notre foi en Celui que Dieu a envoyé et qui, sans cesse, nous donne sa force, cette force divine qui a vaincu la mort elle-même !

Plus nous croirons au Dieu-Amour, moins nous aurons peur de le rencontrer, parce que notre foi au Christ vainqueur de la mort nous aura rendus semblables à lui, semblable à un Dieu actif qui, tout en se reposant sur nous, continue avec nous et grâce à nous, de donner à ses enfants le pain de chaque jour et tout ce qui leur est nécessaire : “Mon Père, disait Jésus, travaille toujours et moi aussi je travaille”. Oui, si nous croyons à Jésus Christ, Fils de Dieu fait homme, c’est avec lui que nous travaillerons : c’est lui qui travaille en nous et par nous. Et grâce à nous, il pourra redire à son Père : “L’heure est venue, Père, glorifie ton Fils”. Et Dieu nous dira : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle, (tu as cru), entre dans la joie de ton Maître”.

Et le mauvais serviteur sera congédié. Lui-même nous livre d’ailleurs le motif de sa paresse : “J’ai eu peur”. Il a eu peur de Dieu (il n’a pas cru !) ; il a eu peur de lui-même ; il a eu peur des autres. “Sans moi, vous ne pouvez rien faire”, dit Jésus. C’est vrai ! Mais si nous croyons qu’il est en nous, qu’il agit à travers nous, alors nous sommes pleins d’audace et d’énergie et nous pouvons dire avec St Paul : “Je puis tout en celui qui me fortifie”.

Ne nous laissons pas paralyser par nos peurs, nos timidités, nos angoisses. Si vraiment Dieu nous confie une mission, alors faisons-lui confiance, ayons foi en lui et, ensemble, en Communauté, en Communion d’Eglise, nous ferons beaucoup à travers les mille petits riens de notre existence. Ne répétons pas : je n’en suis pas capable quand Dieu nous confie, par exemple, notre famille - humaine ou spirituelle, religieuse - l’éducation humaine et religieuse de nos enfants, quand il veut nous rendre responsables de nos frères, sœurs qui vivent avec nous, près de nous, tous les jours…. N’enfouissons pas nos talents dans la terre de nos petits conforts (même spirituels ! Ah ! ces petits conforts !) sous prétexte de conserver nos petits talents perçus à vue humaine, seulement. Acceptons au contraire de nous perdre aujourd’hui, de mourir un peu et alors nous récolterons des milliers de gerbes dans la mesure où nous aurons semé généreusement aujourd’hui.

Puissions-nous tous faire cette prière : “Seigneur, tu viens parmi nous déjà durant cette Eucharistie. Tu nous communique un “faire-part”, sans date, celui de ton retour. Notre rendez-vous aujourd’hui n’est pas de cette obligation que l’on effectue par politesse. Au contraire, c’est un engagement de tout nous-mêmes à ton service. Nous sommes venus et nous disons : voilà ton bien, celui que tu nous as donné : mon corps, mon cœur, mon intelligence que j’essaye de développer à ton service. Car tout ce qui est à moi est à toi ! "

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