mercredi 16 novembre 2011

Ste Gertrude

16 Novembre -

Ste Gertrude est l’un des grands noms de la “Mystique chrétienne“. Sa spiritualité très sensible, aux expressions scripturaires, aux accents très romantiques peuvent en rebuter bon nombre de ses lecteurs. Cependant elle témoigne d’une union extraordinaire au Christ que tous nous recherchons à travers les méandres de notre vie.

Elle naquit vers 1250, époque de grande foi mais encore socialement très dure ! Nous ne connaissons rien de ses parents. Mais, dès l’âge de cinq ans, elle fut offerte comme “oblate“ au monastère d’Helfta, en Saxe. C’était une coutume assez courante, en ce temps-là, qui permettait de donner à des enfants une “bonne éducation“ à la fois humaine et chrétienne. De fait, la jeune enfant trouva dans le cloître non seulement une sécurité (recherchée) mais un climat qui lui convenait. La Liturgie, l’Office divin lui permettait, d’une part, d’apprendre le “langage de Dieu“ grâce à l’Ecriture Sainte et, d’autre part, d’acquérir une disposition à “écouter“ Dieu. De plus, elle profita d’une formation littéraire assez poussée. L’une de ses compagnes, Mechtilde (Sainte, elle aussi), était très musicienne ; une autre brillait par son talent de calligraphe ; une troisième était une habile miniaturiste. Gertrude mordit avec un tel appétit aux études profanes qu’elle devait fortement se le reprocher après sa “conversion“.

Les temps étaient assez rudes et difficiles. Les Seigneurs se faisaient facilement la guerre ; l’insécurité régnait ; et les famines, plus ou moins fortes, sévissaient. Cependant son monastère prospéra sous la houlette d’une abbesse remarquable au point d’assumer deux fondations.

Dans ce milieu d’élite où le temps se partageait entre la “Sainte Liturgie“, riche et paisible, et les travaux intellectuels, manuels, Gertrude se formait sans inquiétude religieuse particulière. Faut-il penser : dans une certaine tiédeur spirituelle ? Elle écrira plus tard qu’alors “elle se souciait de son âme comme de l’intérieur de ses pieds !“. Pieuse exagération, sans doute !

Elle conta elle-même comment le Christ l’avait convertie : “Je rends grâce à votre immense miséricorde, Seigneur, et à votre patience jusqu’à mes vingt-cinq ans“ durant lesquels j’ai vécu comme une païenne “jusqu’au moment où vous m’avez prévenue par un dégoût connaturel du mal et un plaisir du bien“.“En la 25ème année de mon âge, en la fête de la Purification de Notre Dame, … vous, la Vérité, mon Dieu, plus serein que toute lumière, mais plus intérieur que tout secret, vous avez résolu de diluer la densité de mes ténèbres, commençant par calmer ce trouble qu’un mois auparavant vous aviez suscité en mon cœur. Par ce trouble, vous avez essayé de détruire la tour de ma vanité et de ma curiosité qu’avait bâtie mon orgueil“.

Le Christ lui apparaît. Il lui dit : “Je te sauverai et te libèrerai !“ Et c’est en recevant les stigmates du Christ qu’elle vécu intimement du Christ, en Lui, avec Lui, par Lui.

Dès lors, la vie de Gertrude fut un progrès permanent en Dieu, vers Dieu. Souvent souffrante, elle apprit la patience, l’humilité, la condescendance, la charité, étant au service de ses Sœurs, recevant multiples pèlerins… Elle mourut probablement le 16 Novembre 1302.

Ses œuvres sont des méditations sur la vie intérieure, sur la vie chrétienne et monastique : l’innocence baptismale, la conversion spirituelle, la consécration à Dieu, la louange et l’action de grâces…

Son style est très romantique : “Jusqu’à quand, jusqu’à quand, ô mon Bien-aimé, attendrai-je l’heure où je jouirai de vous, et de la contemplation de votre face digne d’amour ?“. - “De vous, mon âme a soif (Cf. Ps 41.3). Le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent, sans vous, ne sont pour moi qu’un hiver glacé…“. – “Oh ! Amour, Amour, quand allez-vous me délivrer de ce corps pour que je jouisse sans intermédiaire de l’aimé de mon cœur et que je reste avec lui à jamais ?“. Tous les thèmes d’un grand lyrisme sont là : la nature, l’amour, la mort. Son style a été comparé à celui de Lamartine.

Au-delà de ce style, retenons surtout que sa vie peut se résumer en ce mot du livre de Josué : “Vous aurez bien soin - car il y va de votre vie - d’aimer le Seigneur votre Dieu !“ (23.11). Ste Gertrude est une âme d’amour ! Sa piété se portait de préférence sur l’Incarnation, l’humanité du Christ, le Sacré-Cœur. Elle aima l’Eucharistie, la communion fréquente.

Pour terminer, je vous transmets une de ses belles prières à l’intention des défunts : “Très doux Seigneur Jésus, je te prie de bien vouloir exaucer, par les mérites de ta très sainte vie, cette prière que je t’adresse pour les défunts de tous les temps, et spécialement ceux pour qui on ne prie jamais. Je te demande de suppléer à tout ce que ces âmes ont négligé dans l’exercice de tes louanges, de ton amour, de la reconnaissance, de la prière, des vertus et de toutes les autres bonnes œuvres qu’elles auraient pu accomplir et qu’elles n’ont point faites, ou qu’elles ont accomplies avec trop d’imperfection“.

Aussi invoquons St Gertrude ! Qu’elle supplie le Seigneur à cause de toutes nos imperfections !

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