lundi 21 novembre 2011

Présentation de Marie

Présentation de Notre Dame au Temple – 21 Novembre

[N.B. Naturellement - comme cela m’arrive assez fréquemment ; et ce n’est pas une excuse, loin s’en faut -, je pensais que la fête d’aujourd’hui serait demain ! Aussi, je ne vous ferais aujourd’hui que quelques réflexions hâtives !]

Il est curieux, mais significatif que la liturgie nous propose un rapprochement entre la Sagesse qui préside à la création (lecture), qui préside“ au commencement“ des mondes, cette Sagesse qui “trouve déjà ses délices à être parmi les hommes“… et ce que St Luc nous dit (Evangile) de la naissance de Jésus, fils de Dieu fait homme par Marie, ce qu’il nous dit des événements qui s’accomplirent “à la plénitude des temps“, c’est-à-dire en cette plénitude de l’Alliance de Dieu avec l’homme !

“Au commencement“, dit le livre de la Genèse, au commencement “du premier jour “. Et le terme hébreu (erad) traduit par “premier“ a le sens de “Unique“ : en cet “unique jour“, comme si l’écrivain sacré ne savait pas qu’il y aurait un second, puis un troisième... C’est l’“UNIQUE“ jour, le Jour Unique de Dieu, le Jour éternel.

Et St Jean dira au début de son évangile : “Au commencement était le Verbe… Et le Verbe était Dieu !... Tout fut par lui… Et le Verbe fut chair et il a habité parmi nous“. Et en ce “commencement“, Marie est là : elle préside, comme la Sagesse divine, à cette plénitude de l’Alliance de Dieu avec les hommes,
voulue dès le matin de la création,
qui se réalise visiblement en la nuit de Noël,
et qui sera parfaite en la gloire du Christ ressuscité !

En cette gloire divine, la Vierge-Mère, est entrée, comme en un temple. Elle nous précède, nous montre le but de toute notre vie… : l’ALLIANCE parfaite avec le Seigneur !

On pourrait rappeler ici ce vieux principe scholastique : “Ce qui est dernier dans l’ordre de l’exécution est premier dans l’ordre de l’intention“. Le chef-d’œuvre que l’artiste va produire au sommet de sa vie, c’est ce qu’il avait en sa pensée dès le début. Ce qui arrive au terme de la Création, c’est ce que Dieu avait, dès le début, en sa pensée, en son “JOUR UNIQUE“.

C’est l’une des grandes lois de la pédagogie divine à notre égard : Dieu dit tout dès le commencement (et dès le commencement de notre vie). Et on découvre peu à peu au fur et à mesure que l’histoire se déroule, tout au long de notre propre existence…, on découvre l’exécution de la pensée de Dieu, du dessein de Dieu voulu dès le commencement. Jean Guitton avait raison d’écrire en son beau livre sur la Vierge Marie :
“Les commencements sont toujours riches de significations, contenant déjà en germe ce qui va se développer par la suite. C’est en effet un des caractères de la conduite de Dieu sur l’histoire que de ramasser en de certains moments critiques, en de certains être privilégiés (comme Marie) ce qui, par la suite, doit se développer longuement, se déployer, s’expliciter. Ainsi l’homme inquiet, asservi à l’écoulement du temps, peut jouir de ce qui n’est pas encore“. N’est-ce pas là une définition de l’espérance : jouir déjà de ce qui n’est pas encore, malgré échecs, souffrances, contrariétés de toutes sortes, voire péchés et fautes elles-mêmes ?.

Tout est déjà dit. C’est l’histoire de toute la destinée de celui, celle qui prend la route à la recherche de Dieu. La vierge Marie, dans son Magnificat, chante l’accomplissement des “promesses faites à Abraham et à sa descendance pour toujours“. C’est tout cela qu’elle “méditait en son cœur“.

Et nous-mêmes, nous nous mettons en route pour “VOIR“ Dieu et “FAIRE ALLIANCE définitive avec lui, sans trop savoir encore avec précision les chemins que nous aurons à emprunter. Mais un jour viendra où, comme Abraham, nous parviendrons à notre mont “Moriah“, c’est-à- dire à la montagne de la vision. Et nous ferons l’expérience - peut-être au fond de l’absurde selon la pensée humaine, c’est-à-dire au fond de la souffrance et de la mort elle-même -…, nous ferons l’expérience que Dieu ne nous a pas quittés du regard et nous serons au seuil de cette vision de Celui qui nous voit maintenant et sans cesse, de Celui que nous verrons alors comme il nous voit. En le temple de la Gloire divine, Marie, la première, nous précède et nous attend. Nous serons alors, dit St Jean, comme divinisés !

La fête de la Présentation de Marie au Temple est le symbole de la consécration que la Vierge Immaculée fit d’elle-même au Seigneur à l’aube de sa vie consciente. Marie est alors comme le modèle de la vie consacrée. Mais chaque chrétien, par le baptême, par sa confirmation, (éventuellement par son oblature) n’est-il pas consacré à Dieu… ?

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