dimanche 4 décembre 2011

Désir de Dieu !

2ème Avent B 11-12 -

Temps merveilleux de l’Avent, disait-on dimanche dernier. Le Christ est venu ! Il vient ! Il vit au milieu de nous, il habite en nous ! Oui, la venue du Christ ne concerne pas que la fin des temps - le temps de notre vie, le temps du monde - ; elle s'applique également et surtout à l'aujourd'hui de nos existences. Plus nous accueillons le Christ aujourd’hui même, plus sa présence sera manifeste à la fin de notre temps ici-bas, à la fin des temps !

Il n'y a là aucune contradiction ! Au contraire ! Le Christ qui vit déjà en nous, désire y vivre davantage. Bien que déjà vivante, la relation que nous entretenons avec lui (la foi) doit donc toujours être approfondie, enrichie, renouvelée. C'est pourquoi, spécialement durant le temps de l'Avent, en pensant à Noël qui approche et en pensant surtout à l'aujourd'hui de nos vies, nous pouvons chanter : “Venez, divin Messie... Venez, venez, venez !”

Il convient d'y insister. Notre relation avec le Christ (notre foi) n'est pas une réalité statique, elle est, doit être une réalité dynamique, vivante. Il en est ainsi parce que notre foi est de l'ordre de l'amitié, de l'amour. Le Christ vient en nous pour nous aimer et il espère que nous répondrons toujours davantage à son amour.
D’ailleurs, nous le savons, les amours humaines sont vivantes. Elles peuvent grandir, stagner, s'étioler, Elles ont des hauts et des bas. Elles connaissent des jours de bel élan et de grande ferveur, mais aussi des heures froides ou monotones. Elles peuvent être blessées et même brisées malheureusement. Elles peuvent aussi renaître.

Il en est de même de l'amour que Dieu a pour nous et de celui que nous avons pour lui.
Certes, en Jésus devenu homme, Dieu nous aime divinement. De ce point de vue, son amour est sans limite, inconditionnel, éternellement fidèle. “Si nous sommes infidèles, lui reste fidèle”, dira St Paul. Mais, en Jésus son fils incarné, Dieu nous aime aussi humainement. C'est dire qu'il tient compte de notre nature humaine, de notre psychologie, de notre tempérament et surtout des aléas de notre liberté plus ou moins déterminée. Il nous approche avec doigté et, selon nos réactions, selon la réponse que nous apportons à l'amour qu'il nous manifeste, tantôt il fait un pas en avant, tantôt il s'arrête, tantôt il se retire, tant il veut surtout nous respecter.

St Ambroise explique : “Le Christ reste dehors, si tu fermes la porte de ton âme. Il ne veut pas s'introduire de force. Il ne veut pas contraindre ceux qui le refusent. Car s’il trouve la maison fermée lors de sa venue, il se retire. Il s’éloigne avant même d’avoir frappé si ton cœur ne veille pas ; mais, s’il veille, il frappe et il te demande de lui ouvrir et de l’accueillir !”.
Oui, aimer, c'est prendre en compte la liberté de la personne que l'on aime et la respecter. Et c’est ce que Dieu lui-même fait à notre égard.

Le temps de l'Avent nous appelle donc à mieux prendre conscience de la réalité de notre libre relation avec le Christ, nous appelle à un approfondissement dans l'accueil de Dieu et de son amour.

Oui, le temps de l'Avent pourrait être l'occasion de faire grandir notre désir de Dieu. Oui, il s'agit ici de notre désir, à l’exemple du Christ qui lui-même disait : “J’ai ardemment désiré cette heure”, l’heure de son mystère pascal qui va sceller l’union de l’homme avec Dieu.

Et cette semaine, nous pouvons particulièrement demander l’aide de Notre Dame, l’Immaculée Conception. Oui, pensons à la Vierge Marie. Elle désirait Dieu ! Elle avait préparé son cœur par la lecture de la Parole de Dieu et par la prière. Elle était toute tendue vers Dieu, et son désir d'être à Dieu ne cessait de grandir. C'est dire que, pour nous aussi, le temps de l'Avent pourrait être un temps privilégié de prière et de lecture de la Parole de Dieu.

Prier ! Prier pour faire grandir notre désir. St Augustin en parle à merveille : “Ton désir, c'est ta prière, nous dit-il ; si ton désir est continuel, ta prière est continuelle. - Il est dans l'âme une prière intérieure et qui n'a pas de cesse, c'est le désir. Si tu veux ne pas cesser de prier, ne cesse pas non plus de désirer”.

N'hésitons pas à prier, à faire silence pour écouter la Parole de Dieu, à visiter le Saint Sacrement. Et l’Eucharistie est le meilleur moyen de désirer, parce que l’Eucharistie nous fait entrer dans le désir du Christ d’unir l’homme à Dieu, union réalisée par le mystère pascal que réactualise toute Eucharistie. “Je l’avise et il m’avise”, disait le paroissien du Curé d’Ars. Je le désire et il me désire !

Si nous prions, si nous participons à l'Eucharistie, c'est parce que nous sommes passionnés par le salut du monde - notre propre salut, mais aussi celui du monde - ! Qu’est-il donc ce “salut du monde”, terme qui n’est pas toujours bien compris. Qu’est-il sinon cette union à Dieu qui n’est possible que si nous sommes de plus en plus “à son image et ressemblance”, comme au matin d’une nouvelle création. Le salut, c’est la plénitude de notre être, l’épanouissement plénier de notre vie, l’harmonie de toute la création. Et cela se fera si nous nous unissons au Christ, “Image parfaite de Dieu invisible”.

Aussi, le prophète Isaïe et Jean-Baptiste nous enseignent aujourd’hui, nous encouragent : il nous faut, disent-ils, “préparer le chemin”, “aplanir la route” qui nous permet d'aller vers le Christ et lui permet de venir vers nous.
“Préparer le chemin”, “aplanir la route” ! Jean-Baptiste explique à sa façon : cela veut dire “se convertir” : Il “proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés”. “Préparer le chemin” et “aplanir la route”, c’est donc voir ce qui, en notre vie, nous empêche de désirer véritablement, désirer cette union au Christ, Fils de Dieu, pour parvenir à une harmonie en notre vie, à une plénitude d’être, à une intégrité de vie qui nous fait être “à l’image et ressemblance de Dieu”.

Jean Baptiste n'était pas un prédicateur de salon. Il ne prenait pas des gants blancs ni des pincettes pour dire ce qu'il avait à dire. Il s'exprimait sans détour, comme on ne sait peut-être plus beaucoup le faire… Il savait élever le ton. Il était capable non seulement d'émouvoir mais de bousculer les cœurs. Il agissait ainsi pour le plus grand bien de ses auditeurs. Le Christ est là qui vient. Il faut se préparer, le reconnaître, l'accueillir. Le temps presse, disait-il.

Prenons au sérieux l'appel qu’il nous lance, pour aplanir la route qui permettrait au Christ de venir vers nous, et à nous d'aller vers lui. C’est notre grand désir. Et c’est sur cette route que nous découvrirons combien nous sommes frères parce que fils d’une même Père.

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