mercredi 25 mai 2011

St Bède le Vénérable

25 Mai 2011 -


Toute la paisible et laborieuse vie de St Bède (7-8 s.) s’écoula à l’ombre du cloître. Né en 672 et orphelin à sept ans, il fut confié à l’abbaye de Wearmouth (dans le nord de l’Angleterre) dont St Benoît Biscop était alors abbé, homme fort lettré et saint moine. St Bède lui fit largement honneur : il sera une figure marquante de la naissante Eglise naissance, par sa piété et son savoir. Lui-même dira qu’il fut tout occupé à l’étude des Saintes Ecriture et à la louange de Dieu !
Tout jeune il participa à la fondation de l’abbaye de Jarrow - distante d’une dizaine de kilomètres seulement de l’abbaye-mère - où il mourut sexagénaire.

La jeune Eglise d’Angleterre connaissait alors un regain de vigueur grâce à un moine cilicien, St Théodore de Tarse qui, avec son compagnon Adrien, fonda une école à Cantorbéry. Tous deux avaient instruit Benoît Biscop qui transmit son savoir et sa foi profonde au jeune Bède lequel sût goûter la sagesse grecque et fréquenta assidument les Pères latins de l’Eglise (Jérôme, Ambroise, Augustin, Grégoire le Grand…,). Son savoir fut tel qu’un historien anglais du 18ème siècle, Burke, qualifia St Bède de “père de l’érudition anglaise“, ce qui s’applique surtout à son œuvre historique (Histoire ecclésiastique - Histoire de la conversion de l’Angleterre - Martyrologe).

Son attachement à la vie monastique et à l’étude est l’illustration de la célèbre devise bénédictine : “Ora et labora“ : il aimait s’adonner à l’étude et à l’office divin tout à la fois. Aussi, cet amour de l’étude joint à celui de la prière liturgique a fait de St Bède l’un des premiers modèles des bénédictins.

On trouve aussi chez St Bède une véritable bonté tout emprunte de profonde humilité et de pauvreté, en même temps que d’une grande discrétion, vertus que les premiers biographes de la vie monastique en Angleterre louent fortement chez les abbés de Wearmouth-Jarrow. Bède n’eut rien de plus à cœur que de s’effacer ; et jamais il ne voulut quitter son humble condition pour les honneurs qui ne lui auraient certes pas manqué.

Aussi, rien d’étonnant à ce que la voix populaire se soit plu, dès le 9ème siècle, à lui décerner le titre de “Vénérable“, sous lequel on désignait la grandeur de certains saints en Angleterre. Malheureusement, sous Henri VIII, ses reliques furent profanées avec celles de plusieurs autres saints. Mais son culte demeura vivace ; Léon XIII l’étendit à l’Eglise Universelle en 1899. Newman, séduit par cette figure de moine, lui décerna cet éloge : “Bède est le type du bénédictin, comme Thomas d’Aquin le type du dominicain“.

On peut retenir de ce grand exemple éloigné (7ème s.) mais si proche pourtant, ce qui fait le moine : l’étude et la prière.

- D’abord cet amour de l’“étude“ de la Parole de Dieu, mais une “étude“ qui n’est pas réservée aux intellectuels ! Car étudier la Parole de Dieu, ce n’est pas échafauder des systèmes à partir de sciences annexes (archéologie, langues, histoire… - sciences utiles, certes -) ; mais c’est, sous le regard de Dieu, savoir déchiffrer sa propre existence au fur et à mesure qu’elle se déroule, à partir des merveilles que Dieu a déjà accomplies au cours de l’Histoire Sainte, de l’Histoire de l’Eglise. La Ste Vierge - qui n’avait certes pas fait d’études, mais qui connaissait la Bible par cœur -, ne faisait pas autre chose : “elle méditait en son cœur“. Parce qu’elle faisait mémoire des merveilles de Dieu à travers les siècles, elle pouvait facilement reconnaître le dessein de Dieu qui se réalisait jusque dans le concret de sa vie. Ces merveilles de Dieu, amoureusement médités, deviennent des mystères, c’est-à-dire des signes de la présence de Dieu qui, dans l’aujourd’hui, ont quelque chose à dire et éclairent l’avenir !
Je connais un frère qui n’a fait nulle étude et ne pourrait en faire. Cependant, patiemment, à partir d’un passage de la Bible, il se reporte (à l’aide des références de la BJ) à d’autres textes analogues : il découvre ainsi les actions de Dieu tout au long de l’histoire, actions qui se “récapitulent“ en Jésus, actions qui dévoilent la présence agissante de Dieu en nos vies… (A l’exemple de Marie !). C’est ce genre d’étude qui importe ; et cette étude - “Lectio divina“ - est à la portée de tous. Et ce genre de travail que St Bède nous propose aujourd’hui conduit obligatoirement à la prière incessante.

- La prière ! Remarquons que ce n’est pas pour rien que l’Eglise nous fait prier à l’aide des psaumes ! Car le psautier, c’est toute la Bible sous forme de prière ! On attribue beaucoup de psaumes à David (c’est plus ou moins vrai ; peu importe). Les titres mentionnent facilement : “De David quand il coupe le manteau de Saül“ …, “quand les gens de Zif le dénoncent“ …, “après sa faute“. Etc. Autrement dit, il priait tout le temps ! Il ne faut pas attendre d’avoir une disposition parfaite pour commencer à prier, sinon on risque de ne jamais prier. Il faut, certes, des moments privilégiés, avec des attitudes bien codées, au besoin. Mais il faut prier en toutes circonstances ! “Priez sans cesse“, demandait St Paul (I Thes. 5.17).
Oui, David, avec les psaumes, est un bon Maître pour savoir prier. Car la première disposition est de laisser la vérité de Dieu balayer le fond de son cœur : “Tu aimes la vérité au fond de l’être !“ (Ps 50). David, ce grand priant, est loin d’être un “Tartuffe“ ! Au contraire de ses ancêtres, nos premiers parents, qui, après leur faute, se cachent (Dieu est obligé de les chercher Cf Gen 3.8-9), David, lui, laisse toute sa personne être interpellée par Dieu. Sans cesse, il laisse la lumière de Dieu balayer le fond de son cœur. N’est-ce là le secret de la véritable prière ? C’est en ce sens que Pie X disait : “Celui-là sait bien vivre qui sait bien prier !“. Que St Bède nous y aide !

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