vendredi 20 mai 2011

Le Ressuscité !

Pâques 4 Vendredi (Ac. 13, 26sv)

A tout le discours de Paul en la Synagogue d’Antioche de Pisidie, on peut appliquer ce que Luc dit de la rencontre de Jésus avec les disciples d’Emmaüs : “en commençant par Moïse et tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait“ (Lc 24.27).
Et en ce sens, Paul affirme : “la promesse faite à nos pères, Dieu l’a accomplie en notre faveur, à nous, leurs enfants : il a ressuscité Jésus !“.

La promesse faite à nos pères !“. L’apôtre, dans son discours proclame ce qui lui tient le plus à cœur : “Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi votre foi“ (I Co 15.14). Et cette résurrection du Christ est l’accomplissement des expériences de résurrections faites tout au long de l’histoire du peuple élu. Dieu - le Dieu Unique - “est pour nous, résume le psaume 68ème (v/21), le Dieu des victoires ; et les portes de la mort sont à Dieu le Seigneur !“.

Ce peuple
- qui avait reçue les promesses faites à Abraham : “ta descendance sera aussi nombreuses que les grains de sables sur le rivage de la mer“,
- qui avait reçu les promesses faites à David : “ta maison et ta royauté seront à jamais stables, ton trône à jamais affermi“,
- qui avait pourtant été affronté à ces grosses bête apocalyptiques qu’étaient les empires assyrien, babylonien, mède, perse, grec, romain, etc…
avait, à chaque fois, fait l’expérience d’un “Dieu des victoires“ qui mène “par delà la mort !“, d’un Dieu qui “a les issues de la mort“.

On peut se souvenir d’un exemple. Au début du 8ème siècle, l’Assyrie, après s’être emparé de tous les Royaumes avoisinants, arrive près de Jérusalem. La ville est vouée à l’anéantissement. On consulte le prophète Isaïe, homme enraciné en Dieu qui, calmement, invite à mettre sa confiance en ce “Dieu qui a les issues de la mort“. Et c’est la délivrance miraculeuse, inexplicable, une délivrance semblable à la délivrance de l’esclavage d’Egypte. Et il y a toute une série de psaumes (Ex. 48ème) qui célèbrent cette résurrection, qui célèbrent ce “Dieu qui nous conduit par-delà la mort“.

Certes, il y eut, à la fin du 6ème siècle, la déportation à Babylone. Cependant quarante après, alors qu’il n’était plus que “ossements desséchés“ (vision d’Ezéchiel), le peuple va, contre toute espérance, connaître une véritable résurrection d’entre les morts. Et il revient à Jérusalem…

De plus, c’est un faux problème que de se demander quand est-ce que la certitude de la Résurrection d’entre les morts est apparue du plan collectif au plan personnel. Parce qu’un Juif pense de façon indissociable l’histoire de son peuple et son histoire personnelle. Aussi, Job s’écriera : “Je sais bien, moi, que mon rédempteur est vivant ; il surgira de la poussière. Et après qu’on aura détruit cette peau qui est mienne, c’est bien dans ma chair que je verrai Dieu. C’est moi qui le contemplerai, oui, moi ! Mon cœur en brûle au fond de moi !“ (19.25). Et le psalmiste de s’écrier : “Non, je ne mourrai pas ; je vivrai et je chanterai les œuvres de Dieu !“ (118.17).
Et l’une des prières juives que récitait Jésus comportait cette formule : “Béni soit le Seigneur, roi du monde, qui ressuscite les morts !“.

Cette résurrection d’entre les morts, ce n’est pas une idée, une spéculation. C’est une certitude de foi qui est née dans le réalisme de l’histoire, de par l’expérience que l’on a fait d’un “Dieu qui a les issues de la mort !“.

Aussi, la résurrection du Christ ne fait que confirmer cette foi ; elle est l’accomplissement des promesses de vie… faites aux patriarches et prophètes. St Paul ne fera que reprendre cet argument, lors de son procès à Césarée, devant le procurateur Festus qui, est-il dit, doit se prononcer au sujet d’un “Jésus, qui est mort, et que Paul affirme être en vie“. (Ac. 25:19).

Toute la question est là ! Savoir si Jésus, oui ou non, est ressuscité !

Jésus ressuscité ! Paul affirme que les disciples de Jésus en furent les témoins. Lui-même, Paul se dit témoin du Christ vivant !

Et nous-mêmes ? En sommes-nous véritablement témoins. Non seulement par nos paroles éventuellement, mais surtout par toute notre vie ? C’est la question essentielle !
- Notre foi ne sera jamais d’ordre théologique, même si le raisonnement, en ce domaine, est utile, nécessaire, la foi cherchant à comprendre - “Fides quaerens intellectum“ -. Il faut savoir qu’en ce domaine, les preuves (de la raison raisonnante) fatigue la vérité (si transcendante !). Un apologiste disait avec humour : “A chaque fois que je gagne un argument, je perds un chrétien !“
- Notre foi ne sera jamais d’ordre moral, alors même que Jésus nous dit : “Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait“ (Mth 5.48). Mais la perfection morale est trop souvent à l’exemple des Religieuses de Port-Royal, “pures comme des anges, mais orgueilleuses comme des démons“ !

On ne le dira jamais assez : notre foi est, doit être le témoignage d’une expérience, l’expérience d’une rencontre avec le Ressuscité qui nous donne sa vie, sa vie divine, dès ici-bas, de sorte que Dieu peut nous dire à nous aussi : “Tu es mon fils ; moi-même, aujourd’hui, je t’ai engendré !“ (Ps 2). C’est comme une transfusion de la vie du Ressuscité en notre vie : “Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi !“ (Gal 2.20).

Et dans la mesure où nous ferons cette expérience du Ressuscité, nous comprendrons de plus en plus la réflexion de Jésus, pleine de tendresse : “Ne soyez donc pas bouleversés. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi… Car je pars vous préparer une place. Et quand je serai parti vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi. Et là où je suis, vous serez, vous aussi !“.

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