dimanche 15 mai 2011

Le "vrai Berger" !

4ème Dimanche de Pâques A 11

Pour beaucoup, le berger et son troupeau sont des images lointaines, presque irréelles. Peut-être que les jeunes, les enfants ont vu un vrai berger avec son troupeau, en Savoie, dans les Pyrénées… Mais c’est seulement un souvenir de vacances ; ce n’est pas l'Évangile !

Pour nous, adultes de ma génération, la figure du Bon Pasteur évoque peut-être une “image de première communion”... Je me souviens de l'imagerie pieuse dont on garnissait les missels autrefois : un doux Jésus, à la chevelure blonde, une petite brebis enroulée autour de son cou. Cela non plus n'est pas l'Évangile. C'est de la sensiblerie religieuse !

Dans l'Évangile que nous venons d'entendre, il ne s'agit pas de petits agneaux ou de douceur champêtre. Quand Jésus dit : “Je suis le Bon Pasteur, le vrai Berger”, il prononce une parole subversive, qui va lui coûter cher. Car Jésus attaque ! Il attaque les gens influents de son peuple, les responsables, les autorités qui ne le lui pardonneront pas.
Dans le passé, on avait comparé les rois d’Israël à des bergers pour constater qu'ils étaient de mauvais bergers... et Jésus dit : “Moi, je suis le Bon Berger !”.
Au temps de Jésus, les notables religieux, scribes, docteurs de la Loi conduisaient le peuple avec autorité. Et Jésus disait : “Méfiez-vous, ce sont de mauvais bergers... ce sont des guides aveugles. Et puis, ce qu'ils disent, ils ne le font pas. Moi, je suis le Bon Berger”.
Autrement dit, en quatre mots, Jésus écarte tous ceux qui se croyaient les chefs d'Israël et il se présente comme celui qu'il faut suivre, le vrai Berger, un guide sûr pour les hommes.

Il n’est donc pas question d'affadir ces paroles de Jésus avec des images bucoliques, d'autant plus que le Berger évoque la silhouette d'un solide nomade, un lutteur capable de se battre contre les bêtes sauvages qui attaquent le troupeau.
Voilà ce que Jésus a dit, ce jour-là, à ses risques et périls, il y a deux mille ans, en prononçant ces quatre mots : “Moi, je suis le Vrai Berger”.

Mais, ces quatre mots-là..., prononcés par Jésus il y a 2.000 ans... n'ont pas vieilli. Ils sont d'une prodigieuse actualité... puisqu'ils contiennent une réponse à une question essentielle, que tous nous nous posons : Qui donc est Dieu ?... A qui ressemble Dieu ?...
Et Jésus répond : “Dieu, personne ne l'a jamais vu... mais qui m'a vu a vu le Père...”. C'est donc que Dieu, en Jésus est, par toute sa vie, comme un Berger, le Berger de l'humanité. Ce fut l’enseignement du Bx Jean-Paul II.

On se trompe sur Dieu lorsqu'on le dit loin des hommes... Jésus nous dit au contraire que Dieu est, avec lui, en lui, par lui, “sur le terrain”, si je puis dire, comme un berger ! Il est sur “tout terrain”. Toujours sur les routes des hommes, inlassable compagnon de l'aventure humaine. Il est de tous nos voyages, sur nos grandes routes et nos chemins de traverse (cela arrive), sur nos terres ensoleillées comme sur les versants sinistres et dangereux. Et l’on a raison de chanter : “Tu es là au cœur de nos vies !”.
Tu es là, Seigneur ! Tu es avec nous,
* Tu es sur le chemin qui conduit les enfants à l'école !
* Tu es sur les routes qui conduisent au travail !
* Tu es sur les routes de nos vacances !
* Tu es dans les cortèges de noces et aussi d’un décès !
Tu es sur tous les chemins des hommes, comme le Berger de toute humanité !

Oui, on se trompe sur Dieu lorsqu'on le dit indifférent, impassible, au-dessus de nous ! Jésus nous dit que Dieu a lié son sort, qu'il a parti lié avec l'humanité, comme le berger est lié à son troupeau. Tellement lié, tellement solidaire que, lorsque viennent les loups ou les voleurs, ils lui passeront sur le corps. Notre Dieu, révélé sur le visage de Jésus, le vrai Berger, est un Dieu qui donne sa vie pour son troupeau, afin qu'aucune de ses brebis ne se perde.

Oui, on se trompe sur Dieu quand on le dit autoritaire, surveillant impitoyable... Jésus nous dit que Dieu est comme un berger: il ne surveille pas... il veille sur ! Et il part à la recherche de la centième brebis égarée.
On n'a pas fini de s'émerveiller de ce visage de Dieu révélé sur le visage du Berger de l'humanité qu’est Jésus!

Mais une dernière remarque et d’importance : Aujourd'hui, c'est la journée mondiale de prière pour les vocations. Pour les vocations, soit ! Mais je dirais : journée de prière pour la vocation... Car tous, nous avons la vocation ! Oui, tous les baptisés ont la vocation d’accueillir le Christ et donc de révéler avec lui quelque chose du visage de notre Dieu, Berger de toute humanité.
Nous vivons dans un monde dur, rongé par l'incertitude de l'avenir, par la violence et le mal de vivre (Remarquez que ce n’est pas d’aujourd’hui !). Eh bien ! Aujourd'hui, dans ce monde, des hommes et des femmes, en grand nombre, seuls ou ensemble la plupart du temps, ont le souci constant de manifester la tendresse de Celui que Jésus a désigné comme son Père devenu par lui, en lui, avec lui “notre Père“. Et cela en partageant, soulageant la misère, nourrissant les affamés (au sein même de leurs familles), en visitant les malades, accompagnant tout ceux qui souffrent, en attaquant les injustices et que sais-je encore… Et cela au péril de leur vie, parfois, surtout en certains pays, et le plus souvent au péril de leur confort…, à l’exemple de Jésus qui a dit : “Moi, je suis le Vrai Berger”.

Nous avons tous cette vocation-là. Même si c'est au goutte à goutte que nous devons donner notre vie ! Comme le Christ ! Être chrétien, c'est toujours susciter la vie, c’est toujours ressusciter la vie, silencieusement !

Nous avons tous cette vocation-là. Et notre évêque veut réveiller en nous cette vocation-là avec cet élan missionnaire : “Quo vadis“ ! (On en reparlera tout à l’heure). Bien sûr, certains ont la vocation de prêtres, religieux, religieuses. Et je suis sûr que des jeunes (ici même, en ce pays de St Simon Berneux), se posent la question ! Suivre et imiter Jésus, le vrai Berger, pour transformer la vie, même modestement. N’ayez pas peur, leur dirait encore le pape Jean-Paul II. N’ayez pas peur de suivre le Christ, le vrai berger de l’humanité ! N’ayez surtout pas peur, vous les jeunes, d’être, avec l’enthousiasme de votre âge, des contagieux de cette vie qui avec le Christ toujours vivant, ne cesse de ressusciter !

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