samedi 21 mai 2011

Ouverture au monde

Pâques 4 Samedi (Ac. 13, 44sv)

Avec la lecture, nous rejoignons toujours Paul et Barnabé dans la synagogue d’Antioche de Pisidie, où ils sont arrivés au milieu du premier grand voyage missionnaire.

Il a commencé par une longue rétrospective de cette histoire de son peuple - qui est la sienne -. Et ce qu’il annonce, c’est l’accomplissement en Jésus, mort et ressuscité, des promesses divines que contient cette histoire sainte.

Parmi ses auditeurs en la synagogue, il y a non seulement des juifs mais aussi des “Craignants Dieu“, capables de comprendre toutes les citations tirées des psaumes et des prophètes qu’on lit à chaque shabbat. Paul a insisté sur l’ignorance qui a régné chez les autorités de Jérusalem et le peuple juif. Ils ont été comme manipulés lorsque Jésus fut livré à Pilate pour être crucifié. Mais la Résurrection du Christ apparaît comme la réponse de Dieu et la confirmation de la mission salvatrice de Jésus...

Au terme de la prédication en ce jour de Shabbat, beaucoup d’auditeurs sont intéressés ; ils apparaissent comme convaincus. Aussi, Paul et Barnabé sont invités à parler à nouveau au Shabbat suivant. Et, cette fois, c’est une foule considérable qui se rassemble. Les Prosélytes et les “Craignants Dieu“ sont plus nombreux que les juifs eux-mêmes. Il s’ensuit une jalousie et une hostilité - c’est si courant ! - qui rendent l’atmosphère tout à fait différente de celle qui régnait lors de la première rencontre. Pour autant, Paul et Barnabé ne sont pas ni intimidés, ni impressionnés. Animés par l’Esprit Saint, avec cette hardiesse assurée dont parlera souvent l’apôtre, ils déclarent : "C'était à vous d'abord qu'il fallait annoncer la Parole de Dieu. Puisque vous la repoussez et ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, - eh bien ! -, nous nous tournons vers les païens. Car ainsi nous l'a ordonné le Seigneur : « Je t'ai établi lumière des nations, pour que tu portes le salut jusqu'aux extrémités de la terre »" (Ac 13,46-47).

Déclaration qui ne fait que reprendre la célèbre conviction du prophète Isaïe : l’élection du peuple élu est un charisme donné par Dieu à un peuple particulier pour le bénéfice du monde entier. Le moment est venu de réaliser cette prophétie, cet élargissement de l’élection rendu possible par la mort et la résurrection du Christ. Certes, les Juifs en sont les premiers bénéficiaires, mais il ne faut pas que ce privilège de l’élection se rétrécisse en un particularisme exclusif et jaloux qui s’opposerait à l’intégration des non-juifs au peuple de Dieu, s’opposerait à l’élection devenue, désormais, ouverte au monde entier par la prédication évangélique.

Les extraits du discours de Paul choisis par la liturgie, s’arrêtent longuement, me semble-t-il, sur cette prédication de Paul au cours de ces deux Shabbat à la synagogue d’Antioche de Pisidie. Dans ce grand discours inaugural de Paul, Luc veut donner le reflet de la prédication de l’Apôtre à l’adresse des juifs. La conclusion de ce grand discours inaugural de l’apôtre apparaît hautement significative. Luc insistera régulièrement sur le refus, par les juifs, du message chrétien, refus qui explique et légitime la prédication faite ensuite auprès des Gentils. L’histoire de l’évangélisation accuse donc les traits qui seront rappelés dans la suite du récit. Nous pouvons, pour cela, nous reporter au dernier discours de Paul qui forme la finale des Actes des Apôtres. Il s’adressait alors aux Juifs de Rome :
“Les uns se laissaient convaincre par ce qu'il disait, les autres refusaient de croire... Paul n'ajouta qu'un mot : "Comme elle est juste, cette parole de l'Esprit Saint qui a déclaré à vos pères par le prophète Isaïe : « Va trouver ce peuple et dis-lui : Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas ; vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. Car le cœur de ce peuple s'est épaissi, ils sont devenus durs d'oreille, ils se sont bouché les yeux, pour ne pas voir de leurs yeux, ne pas entendre de leurs oreilles, ne pas comprendre avec leur cœur et pour ne pas se tourner vers Dieu » (Cf Is 6.11-13). Sachez-le donc : c'est aux païens qu'a été envoyé ce salut de Dieu ; eux, ils écouteront“.

Il faut être pleinement conscient, me semble-t-il, de cette universalité de l’Eglise, la pratiquer en pensée et en actes ! Elle fut fortement rappeler par le Concile Vatican II : “A faire partie du peuple de Dieu, tous les hommes sont appelés. C’est pourquoi ce peuple est destiné à se dilater aux dimensions de l’univers entier et à toute la suite des siècles…“ (L.G. 13). Et encore : “L’Esprit Saint pousse l’Eglise à coopérer à la réalisation totale du dessein de Dieu qui a fait du Christ le principe du salut pour le monde entier“ (Id 17).

Lacordaire disait naguère : “Ne dites pas : Je veux me sauver ; dites-vous : je veux sauver le monde. C’est là le seul horizon digne d’un chrétien, parce que c’est l’horizon de la charité“. Et Ste Thérèse de Lisieux, avec son humour habituel, prophétisait : “Je ne pourrai prendre au ciel aucun repos jusqu’à la fin du monde, et tant qu’il y aura des âmes à sauver. Mais quand l’ange aura dit : “Le temps n’est plus“, alors je me reposerai !“.

Dieu ne nous dit-il pas comme à Ste Catherine de Sienne : “N’abaisse pas ta voix ! Crie, crie vers moi pour que je fasse miséricorde au monde entier… C’est par tes gémissements, c’est par tes cris que je voudrais faire miséricorde“.

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