mercredi 18 mai 2011

Début du Christianisme

Pâques 4 Mercredi (Ac. 11, 19-26)

Après avoir décrit la venue de l’Esprit-Saint sur les païens de Césarée, grâce à la prédication de Pierre, St Luc concentre son récit sur Antioche qui devient en quelque sorte la capitale du Christianisme, en cette ville “où pour la première fois le nom de « chrétiens » fut donné aux disciples“ (Ac. 11.26).

Antioche était la troisième ville de l’empire romain après Alexandrie et Rome. Il y avait une forte communauté de Juifs émigrés de Palestine au temps de la persécution des Séleucides. Et St Luc souligne que c’est encore à la suite d’une persécution - celle qui suivit le martyre d’Etienne - que les chrétiens arrivèrent en cette ville. Et là, se souvenant peut-être de la “pentecôte des païens“ à Césarée, ils se mettent à prêcher en dehors des cercles juifs : ils s’adressent aux Grecs, aux païens qui se convertissent en grand nombre. Cela inquiéta “l’Eglise qui était à Jérusalem“ qui envoie à Antioche - une sorte de légat, dirait-on aujourd’hui - Barnabé qui était de Chypre, l’un des premiers qui avait mis toutes ses propriétés en commun dans l’Eglise de Jérusalem (Ac. 4.36).
Barnabé était un homme lucide, intelligent. Non seulement il encourage les chrétiens à continuer dans la ligne qu’ils avaient prise, mais c’est lui qui a lé génie (inspiré certainement) d’aller chercher à Tarse l’homme de la situation : Saul de Tarse !

Je me permets de faire une réflexion interrogative qui me plaît et qui vous plaira sans doute : après sa conversion, le futur apôtre est monté à Jérusalem. Là, on a eu très peur : son zèle de nouveau converti déclenche une persécution analogue à celle qu’avait déclenchée le zèle d’Etienne. Alors, gentiment, on l’a reconduit à Césarée où il a pris le bateau pour Tarse. Or, avez-vous calculé le temps écoulé entre ce moment du retour à Tarse et celui où Barnabé est venu le chercher pour le mener à Antioche (Ac 11.25) et engager avec lui ses voyages missionnaires ? Presque dix ans !

Mais qu’a donc fait le fougueux Paul durant dix ans ? Je pense qu’il a relu toute la Bible et qu’on peut lui appliquer la célèbre phrase de Luc à propos des disciples d’Emmaüs : “Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, Jésus leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait“ (Lc 24.27). Après avoir vu son Seigneur sur le chemin de Damas, Paul a appris à le dévisager dans toute la Bible ! C’est peut-être la raison pour laquelle il éprouva le besoin de “faire retraite“ en Arabie (Gal 1.17).
Je ne peux m’empêcher de penser que l’apôtre, après le choc de sa conversion, avant même de joindre les Apôtres à Jérusalem, a éprouvé le besoin de réfléchir profondément sur la continuité du message du Christ avec la Loi et les Prophètes. Il éprouva le besoin, lui, l’ancien “pharisien, fils de pharisien“, de se rendre au désert de Moïse et d’Elie, l’Horeb. L’apôtre a du éprouver un besoin semblable à celui qu’éprouva Jésus lorsqu’il s’entretint, sur la Montagne de la Transfiguration, de l’exode, au plein sens du mot, qu’il avait à accomplir à Jérusalem par sa mort et sa résurrection dans le cadre de la fête de la Pâque. Ce fut certainement, en tous les cas, un des grands sujets de réflexions de ce converti !
On peut dire que ce qui absorba Paul, ce fut la Bible et encore la Bible. Il l’apprit par cœur pour ainsi dire. Durant ses voyages, il ne pouvait emporter les précieux et volumineux rouleaux de la Loi. Pourtant ses lettres regorgent de citations empruntées à presque tous les livres de l’A.T. C’est que Paul tenait la Bible pour le plus grand trésor du monde ! Pendant dix ans, il a du lire, relire la Parole de Dieu… !

Avec Barnabé, il passe une année à Antioche où ils vivent en « chrétiens », en “Christoi“ (disciples du Christ) et “Chrestoi“ (témoins de la bonté de Dieu) - selon l’étymologie rappelée hier -, puisqu’à la suite d’une famine, ils organisent une collecte en faveur des frères de Judée et vont même la porter à Jérusalem !

Puis, Luc rappelle la persécution d’Hérode (Hérode Agrappa 1er, le neveu de Hérode Antipas – cf. Lc 22.8-12) qui eut comme conséquence la mort de Jacques, le frère de Jean, et l’emprisonnement de Pierre. Pierre est délivré miraculeusement ; il part “vers une autre destination“, dit Luc de façon sibylline. En tous les cas, Luc ne reparlera du premier Apôtre qu’une seule fois. Il va concentrer son récit sur les voyages missionnaires de Paul.

Luc nous fait deviner que l’Eglise d’Antioche était d’une grande vivacité. En son sein, il y a des prophètes et des docteurs… On n’y est pas avares de paroles ! St Luc nomme quelques-uns d’entre eux dont Saul, mais en dernier de liste. C’est peut-être à remarquer pour le moment ! Et l’Esprit-Saint est à l’œuvre dans cette communauté : c’est le début des grandes missions, de toutes les missions : “Mettez-moi à part Barnabé et Saul en vue de l’œuvre à laquelle je les ai appelés“.

Dieu nous appelle tous à accomplir une œuvre… Savons-nous la discerner réellement et surtout l’accomplir ?

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