mercredi 30 décembre 2009

Péchés pardonnés - Noël - 30 Décembre - (1 Jn 2.12sv)

St Jean a probablement écrit ses lettres dans sa vieillesse. Comme beaucoup de vieillards, il se répète souvent. On dit qu’au seuil de la mort, il n’avait à la bouche que ce commandement nouveau dont nous avons médité hier la radicale nouveauté : Aimer son prochain comme soi-même ! Le Lévitique le commandait déjà ! Mais pas seulement cela : le commandement nouveau qui caractérise le Nouveau Testament, c’est d’aimer comme Dieu nous a aimés, jusqu’à donner totalement sa vie pour nous, et en nous montrant comment Dieu est Amour en lui-même, cet AMOUR que s’échangent de toute éternité le Père, le Fils et l’ Esprit-Saint !

Et c’est toujours au hasard de la banalité de la vie de tous les jours que nous sommes appelés à profiter des moindres occasions pour sortir de nous-mêmes : aller vers Dieu, Père et aller vers l’autre dans le service.

Notre “combat de vie“ réside donc en ce double élan :
  • la sortie de soi vers Dieu par la prière
  • et la sortie de soi vers l’autre par le service !

C’est le combat du double commandement qui, en fait, n’en fait qu’un et en lequel se réunissent la Loi et les Prophètes : “Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu !“ - “Tu aimeras le prochain comme toi-même !“, “… afin que notre vie, comme dit la quatrième Prière Eucharistique, ne soit plus à nous-mêmes, mais à Lui qui est mort et ressuscité pour nous !“.

Et pour dynamiser ce combat de la vie chrétienne, il y a cette certitude que nous rappelle St Jean dans la lecture d’aujourd’hui : “vos péchés vous sont pardonnés à cause du Nom de Jésus“.

Souvent, nous manquons de cette certitude de foi ! Que nous soyons jeunes ou que nous soyons vieux (“je vous le dis à vous, les plus anciens… ; je vous le dis à vous, les plus jeunes), nous traînons en nous des relents de culpabilité qui viennent d’un manque de foi en la gratuité du pardon, de ce pardon que les Anges chantaient en la nuit de Noël : “Paix sur la terre aux hommes, objet de la bienveillance gratuite de Dieu !“.

Trop souvent, nous ressemblons aux frères de Joseph (dans l’A.T.) qui avaient voulu le supprimer et qui ne croyaient pas au pardon qu’il leur avait totalement accordé : ils venaient se prosterner devant lui dans la peur que renaissent en lui des sentiments de rancune et de vengeance ! Ils se jetaient devant lui et disaient : " Nous voici tes esclaves !". Joseph leur répondit : "Ne craignez point. Suis-je en effet à la place de Dieu ? Vous avez voulu me faire du mal, Dieu a voulu en faire du bien en conservant la vie à un peuple nombreux comme cela se réalise aujourd'hui. Désormais, ne craignez pas, je pourvoirai à votre vie… et il les réconfortai et leur parlait cœur à cœur“. (Gen. 50 18-21).

Soyons, nous aussi, persuadés du pardon de Dieu en Jésus. Et une remarque au passage : ces relents de culpabilité que nous éprouvons parfois viennent souvent plus de l’amour propre que d’une contrition véritable, fruit, elle, d’une foi en l’AMOUR INDEFECTIBLE de Dieu à notre égard ! Il ne faut pas confondre : sentiment de culpabilité et contrition ! D’ailleurs ces sentiments de culpabilité sont négatifs : ils entament en nous les énergies dont nous avons besoin pour affronter le monde qui ignore cette certitude de l’Amour gratuit de Dieu, et qui marche trop souvent dans une logique de vie si différente où dominent rivalité, jalousie, vengeance et parfois violence, cruauté gratuites. Tout cela ne fait que traduire ce que St Jean dénonce dans la lecture : les désirs égoïstes de la nature humaine, les désirs du regard, l’orgueil de la richesse…, toutes ces pseudo valeurs destinées à disparaître…, alors que nous sommes appelés, nous, à miser sur ce qui ne passe pas : l’éternité de Dieu, son AMOUR dont la connaissance nous a été révélée.

Le nouvel An que nous allons célébrer est, à l’origine, une fête païenne. Elle célébrait le soleil qui commence à manifester sa victoire sur les ténèbres, avec les jours qui commencent à rallonger. L’Eglise, au début du Christianisme, envoyait ses missionnaires en leur donnant pour méthode de christianiser, autant que faire se peut, les fêtes païennes les moins barbares. Or, le monde dans lequel nous vivons est redevenu païen. Mais la fête du Soleil peut redevenir une occasion de redécouvrir le christianisme dans la nouveauté et la fraîcheur de ses origines. Profitons de cette occasion pour retrouver la jeunesse de notre christianisme qui est déjà une participation à l’éternelle jeunesse de Dieu, de Dieu qui pardonne !

L’Evangile d’aujourd’hui nous montre une certaine Anne qui représente ce qu’il y a de plus ancien dans l’Ancien Testament. Elle est là, dans le Temple, en compagnie du vieillard Siméon, pour accueillir les prémices du Nouveau Testament, pour annoncer la grande vitalité de ce SOLEIL divin qu’est le Christ qui, gratuitement, nous transmet le pardon de Dieu et nous introduit en la VIE même de Dieu qui est AMOUR ! Tout entier est évoqué par St Luc qui joint à la rigueur de l’historien la finesse d’un grand écrivain, tout le drame qu’il va décrire par la suite dans son évangile et dans les Actes des Apôtres : notre combat entre la Lumière et les Ténèbres.

Mais pour nous, chaque Eucharistie est un NOEL qui nous donne la LUMIERE divine manifestée en Jésus qui a dit : “Ne craignez pas ! J’ai vaincu le monde !“.

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