mardi 29 décembre 2009

Commandement nouveau – Noël - 29 Décembre - (1 Jn 2.3sv – Luc 2.22sv)

Dans la première lecture, St Jean insiste sur la nouveauté du “Commandement nouveau“ que les chrétiens ont reçu. Pourtant, le commandement d’aimer le prochain se trouvait déjà dans l’Ancien Testament. Il est écrit dans le Lévitique : “… ne te venge pas, et ne sois pas rancunier à l'égard des fils de ton peuple : c'est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même. C'est moi, le Seigneur“.

Cependant, la question restait posée : qui est le prochain que je dois aimer ? Question qu’un scribe pose à Jésus et qui nous vaut, en réponse, la parabole du “Bon Samaritain“. Jésus retourne la question : qui s’est montré le prochain de l’autre ? Lequel des trois, le prêtre, le lévite ou l’étranger Samaritain te semble avoir été le prochain de l’homme tombé entre les mains des brigands ? Le scribe répond : celui qui a exercé la charité envers lui. Et Jésus lui dit : “Va, toi aussi fais de même !“. (Luc 10).

Mais avec cet élargissement de la notion de prochain, on n’est pas encore dans ce “Commandement nouveau“ dont parle Jésus à ses disciples, dans le discours après la Cène, après le lavement des pieds.

Comprenons-bien :
  • Le disciple est celui qui suit son maître partout où il va : “Venez, suivez-moi !“, avait dit Jésus !
  • Il est également celui qui se met au service de son maître : “Je ne suis pas digne de lui ôter ses sandales“, avait Jean-Baptiste à propos de Jésus (Mth. 3.11). Autrement dit, je ne suis pas digne d’être son disciple !

Or voici que Jésus contredit ces deux attitudes fondamentales de tout disciple :
  • Il leur dit : “Là où je vais, vous ne pouvez venir !“. (Jn 13.33,36). Vous ne pouvez plus me suivre. Jésus marche vers la croix… ! (Or Pierre reniera !)
  • Il lave les pieds de ses apôtres, en leur expliquant : “Vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres !“ (Jn 13.14).

Ainsi, comme vous ne pouvez plus accomplir le commandement de tout disciple qui est de suivre son maître, d’être à son service, alors, je vous donne un “Commandement nouveau“, un commandement de “substitution“, si l’on peut dire : “Aimez-vous les uns les autres ! (Jn 13.34). Et quand vous aurez parfaitement suivi ce “Commandement nouveau“, alors seulement vous serez capables de reprendre le premier commandement qui est de me suivre jusqu’au bout…, jusqu’à la croix, s’il le faut ! – “Tu me suivras… plus tard“, dit Jésus à Pierre ! (Jn 13.36). “Tu feras les mêmes œuvres que moi !“ (Jn 14.12). Or, l’“Œuvre“ que Jésus accomplit, c’est que le Père soit glorifié. Et la gloire de Dieu…, Jésus l’accomplit en son mystère pascal de mort et de vie…

C’est en s’aimant les uns les autres jusqu’à en mourir s’il le faut que l’on peut suivre le Christ jusqu’en la gloire de son Père, grâce à son Esprit qui nous donne : “Aimez-vous comme je vous ai aimés“ (Jn 13.34)… de l’amour même de Dieu, de cet amour que s’échangent le Père et le Fils dans l’Esprit Saint.

Il dit alors : “Aimez-vous comme je vous ai aimés !“. Et cela demande un supplément de révélation qui n’est donné que sur la croix et dans la confidence que Dieu fait du “comment il est UN“ dans le mystère de la Trinité où chaque personne n’existe que comme relation subsistante vers l’autre. Je pense que dans le dialogue judéo-chrétien, on n’insiste pas assez sur la nouveauté du commandement nouveau dont il est parlé dans le Nouveau Testament. Nous en parlerions mieux certainement si nous-mêmes nous le pratiquions en reprenant conscience de cette nouveauté radicale.

Quant au récit de la présentation au temple, on n’en saisit l’importance que si on se rend compte qu’au temps de Jésus le temple, le 2ème temple était au point culminant de son importance. Centre non seulement religieux mais aussi national de toute une population juive déjà répandue à travers le monde connu de l’époque. Les prophètes avaient déjà prédit que ce 2ème temple serait encore plus important que celui de Salomon. Malachie parle d’une entrée solennelle et grandiose du Messie dans le temple à la fin des temps : “ Subitement, il entrera dans son Temple, le Maître que vous cherchez, l'Ange de l'alliance que vous désirez ; le voici qui vient, dit le SEIGNEUR le tout-puissant. Qui supportera le jour de sa venue ? Qui se tiendra debout lors de son apparition ?“. (Mal. 3.1-2)

Or, le contraste est saisissant entre la prophétie du dernier des prophètes et la réalisation : un jeune couple avec un bébé dans les bras. Et pour les accueillir : deux vieillards qui représentent le “reste d’Israël“ !

Dans les paroles de Syméon, la Vierge Marie entrevoit déjà le caractère tragique de la mission messianique de son enfant ! “Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : "Vois ! Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction - et toi-même, une épée te transpercera l'âme ! - afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs“ (Luc 2.34-35). Toute sa vie, jusqu’au pied de la croix, Marie déchiffrera ces paroles de Syméon !

“Détruisez ce temple, dira Jésus par ailleurs, et en trois jours je le reconstruirai !“. C’est après sa résurrection que l’on comprendra ces paroles ! Et le voile du Saint des saints se déchirera lors de la passion !

L’Eucharistie rend présent désormais, de présence réelle, ce qui s’est passé alors une fois pour toutes !

La mosquée d’Omar recouvre “le LIEU“ ; et on ne peut méditer sur Jérusalem qu’en se remémorant ce que fut le temple dans l’Histoire Sainte et en sachant qu’il y a ici plus que le temple en nos Eucharisties quotidiennes !

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