lundi 7 décembre 2009

La Vengeance de Dieu !... - Avent 2 - Lundi - (Isaïe 35.1-10)

La lecture d’aujourd’hui est en quelque sorte la description du retour d’exil .
  • sous une forme épique : c’est la “geste de Dieu“ qui libère son peuple !
  • sous une forme quasi liturgique : c’st une longue procession de pèlerins joyeux qui montent vers Jérusalem, “le lieu que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom“ !
  • sous une forme lyrique : la terre elle-même participe à cette joie des exilés qui reviennent en chantant : le désert se couvre de fleurs ; les forêts son comparables à celles du Liban ; l’eau jaillit de partout ; plus de bêtes féroces. C’est la paix.

Bref, c’est une description de paradis terrestre - paradis, “pardeis“ : jardin merveilleux -, image d’un bonheur éternel que Dieu veut pour son peuple, image que nous gardons, nous aussi, pour annoncer la gloire du ciel !

Mais je retiendrai aujourd’hui une expression assez souvent employée et qui peut paraître étrange parce que trop correspondante à nos mentalités si portées parfois à répondre au mal par un plus grand mal. “Voici votre Dieu. C’est la vengeance de Dieu qui vient, la revanche de Dieu !“ Dieu se laisserait-il aller à assouvir sa vengeance ? Et bien oui ! Mais non à la manière affreuse des hommes, mais à sa manière à lui, divine !

Cette expression est certainement tirée de pratiques tribales que reflétait encore la loi du talion : “œil pour œil, dent pour dent“. Cette loi du talion était déjà un énorme progrès en considération de certaines pratiques dont on se glorifiait dès le début de l’humanité : “J’ai tué un homme pour une simple blessure !“, exultait Lamek, un des descendants de Caïn.

Et justement, dès le début de l’humanité, Dieu reprend cette idée de vengeance, mais pour la transformer, la transfigurer.
  • La vengeance de Dieu est une vengeance à l’écoute de l’innocent. Quand Abel est tué par Caïn, Dieu s’adresse à celui-ci : “Ecoute ! Le sang de ton frère crie du sol !“. Dieu, lui, écoute le cri du sang versé de l’innocent ; il demande de l’écouter. C’est sa première “vengeance“, sa vengeance “ puissance 1“, si je puis dire. Notre Seigneur dira : “L’homme bon, de son bon trésor, retire de bonnes choses“ (Heureux est-il !). “L’homme mauvais, de son mauvais trésor, retire de mauvaises choses“ (Malheureux est-il !). Et, malheureux, Caïn est obligé de fuir de devant Dieu qui, lui, est à l’écoute du sang d’Abel injustement répandu et qui crie du sol ! C’est la première “vengeance“ d’un Dieu bon qui, au terme de l’histoire des hommes, accueillera “ceux qui ont lavé leur robe dans le sang de l’Agneau“, l’Innocent par excellence.
  • Mais il y a une vengeance de Dieu, “puissance 2“, si je puis dire, lorsque sa miséricorde s’exerce pleinement. Caïn, fuyant Dieu parce qu’il n’a pas écouté le cri du sang de son frère, se dit : “ma faute est trop lourde à porter… Je serai errant et vagabond sur la terre ; et quiconque me trouvera me tuera !“. (Remarquons avec humour : qui peut tuer Caïn puisqu’il n’y pas encore d’autres hommes sur la terre ? mais cela ne fait rien à la réflexion de la révélation divine !). Autrement dit, Caïn n’a plus de protecteur. Alors, Dieu met un signe sur Caïn pour que personne, lors d’une rencontre, ne le frappe ! La vengeance de Dieu va s’exercer en défendant la fragilité de l’homme même s’il est lui-même responsable de cette fragilité. Du fait de son crime, l’homme va devenir un vulnérable, un maudit sur lequel la haine va s’accumuler. Alors, à ce moment-là, Dieu, la vengeance de Dieu devient prévoyante en mettant un signe sur Caïn comme pour acquérir le sang du criminel qui devrait être répandu en stricte justice. Il devient le rédempteur (“goël“, en hébreu) du sang du criminel contre vents et marées. C’est sa vengeance à lui !

Autrement dit :
  • Dieu se venge du sang de l’innocent. On ne sait pas encore comment. On le saura surtout avec le Christ.
  • Et, en même temps, paradoxalement, il se venge du mal en protégeant celui qui devient vulnérable du fait de son crime, de sa faute.

Et c’est toute l’histoire du salut : Ainsi
  • Dieu n’intervient dans l’histoire de Jacob que lorsque celui-ci, par ruse coupable, a volé la bénédiction de son père et est obligé de fuir Esaü. Le Seigneur n’intervient que lorsqu’il fait l’expérience de la vulnérabilité.
  • C’est quand le peuple, par sa faute, est exilé que Dieu intervient pour le libérer.
  • C’est lorsque l’enfant prodigue devient vulnérable à cause de sa faute que l’on découvre les trésors de la paternité du père.
  • C’est lorsque l’homme se perd que Dieu intervient en son Fils.

Voilà la vengeance de Dieu !

A l’égard du sang, de l’esclave, du patrimoine, de la veuve et de l’orphelin. Dieu exerce sa vengeance en nous rachetant, en rachetant les exilés que nous sommes, marqué au front par le sang de l’Agneau !

Aussi, St Paul dira plusieurs fois : ne vous vengez pas vous-mêmes ! Laissez la vengeance de Dieu agir. (Rm 12.19) Laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : “A moi la vengeance ; c’est moi qui rétribuerai“. Or c’est une vengeance, une rétribution d’amour. Une vengeance d’amour !

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