vendredi 11 décembre 2009

Jean-Baptiste – Avent 2 – Jeudi - (Isaïe 40.25sv)

Se profile dans l’évangile que nous venons d’entendre la figure de Jean-Baptiste qui est à la charnière de l’Ancien et du Nouveau Testament dans la littérature biblique.

Jean-Baptiste évoque le prophète Elie qui lui-même représente le prophétisme dans son ensemble : d’Elie, le premier des prophètes, on passe à Jean-Baptiste en embrassant tous les autres, en particulier ceux qui, comme Jérémie, ont parlé de la Nouvelle Alliance.

En parlant de Jean-Baptiste comme d’Elie, Jésus évoque celui dont la présence s’est manifestée, avec celle de Moïse, à la montagne de la transfiguration, lorsqu’il s’est entretenu avec eux de l’exode - c’est le mot employé par St Luc -, de l’exode au sens plénier du mot, cet exode qu’il devait accomplir au terme de sa montée à Jérusalem : Jésus est venu accomplir la Loi et les Prophètes en passant de la mort à la VIE (comme les Hébreux, en leur exode, de l’Egypte à la Terre promise). En voyant Jean-Baptiste, Jésus devait souvent se rappeler les dernières lignes de la littérature prophétique : “Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que n'arrive le Jour de Dieu, grand et redoutable“. (Malachie 3.22-24).

Plusieurs fois, dans les évangiles, est évoqué le désarroi de Jean-Baptiste, celui qui est pourtant au sommet de l’Ancien Testament et dont Jésus, apprenant la mort, fait le panégyrique : “ Qu'êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ? … Un homme vêtu de façon délicate ?... Un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu'un prophète. C'est celui dont il est écrit : « Voici que moi j'envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route devant toi ». En vérité je vous le dis, parmi les enfants des femmes, il n'en a pas surgi de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui. Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu'à présent, le Royaume des Cieux souffre violence, et des violents s'en emparent. Tous les prophètes en effet, ainsi que la Loi, ont mené leurs prophéties jusqu'à Jean. Et lui, si vous voulez m'en croire, il est cet Élie qui doit revenir. Que celui qui a des oreilles entende !“ (Mth. 11.7-15).

Le plus grand parmi les enfants des hommes est bien cet Elie qui doit revenir à l’heure de l’avènement du Royaume ! Mais comme il est différent de Jésus ! Les foules bavardent à ce sujet comme des gamins : “A qui vais-je comparer cette génération ?“, demandait Jésus. “Elle ressemble à des gamins qui, assis sur les places, en interpellent d'autres, en disant : "Nous vous avons joué de la flûte, et vous n'avez pas dansé ! Nous avons entonné un chant funèbre, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine !". Jean vient en effet, ne mangeant ni ne buvant, et l'on dit : "Il est possédé !". Vient le Fils de l'homme, mangeant et buvant, et l'on dit : « Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs ! ». Et justice a été rendue à la Sagesse par ses œuvres“. (Math 11.16-19).

Oui, Jean-Baptiste lui-même a été complètement déconcerté ! Plus que n’importe qui, il a expérimenté que, si les promesses de Dieu de réalisent toujours, jamais elles ne se réalisent comme les mieux préparés à les recevoir ne s’y attendent.

Car Jean-Baptiste est celui qui, au bord du Jourdain, avait vu le ciel se déchirer… Et il méditait comme Isaïe : “Ah! si tu déchirais les cieux et si tu descendais, - tel que les montagnes soient secouées devant toi, - tel un feu qui brûle les taillis, - tel un feu qui fait bouillonner des eaux…, pour faire connaître ton nom à tes adversaires ! Devant ta face, les nations trembleraient si tu faisais des choses terrifiantes que nous n’attendons pas : tu descendrais, les montagnes seraient secouées devant toi ! Jamais on n’a entendu, jamais on n’a ouï dire, jamais l’œil n’a vu qu’un Dieu, toi excepté, ait agi ainsi en faveur de qui a confiance en lui !“. (Is. 63.19b-64.2-3).

Or, que voit Jean-Baptiste : il voit Jésus descendre dans le Jourdain avec humilité, comme, autrefois, Naamân, le Syrien (cf. 2 Rois 5.14) (cf. Luc 4.27)… Il voit Jésus se mêler aux pécheurs…!

Aussi, du fond de sa prison, il envoie des émissaires demander : “Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?“. Jésus lui répond par le langage des délivrances que nous entendons une fois de plus dans le passage du Livre de la Consolation que l’Eglise nous fait lire aujourd’hui (Isaïe).

Même si l’on est très familiarisé avec le langage de Moïse et des prophètes (comme Jean-Baptiste), le Nouveau Testament exprime surtout la gratuité de la grâce, la présence de celui qui est venu non pour les justes mais pour les pécheurs. Et une méditation sur ce sujet est toujours actuelle pour nous, chrétiens :
  • Ou bien on se considère comme des justes et on est imperméable à la grâce dont on n’a pas besoin car on cultive l’autosatisfaction.
  • Ou bien on se complaît dans d’interminables culpabilités en manquant de foi dans la rédemption que nous vaut le sang de Jésus versé sur la croix !

A Noël, on chantera : “Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, objets de la grâce divine“ (et non : “aux hommes de bonne volonté“). Si nous pouvions être convaincus de cette grande réalité : Dieu fait grâce !

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