jeudi 17 décembre 2009

Le Reste d’Israël - Avent - 17 Décembre - (Mth 1.1-17)

En ce 17 Décembre commence, dans la liturgie de l’Avent, une neuvaine qui nous prépare plus intensément à la venue du Sauveur.

L’Evangile que nous avons entendu est le premier chapitre du N.T. Il est du à ce bon scribe qu’était St Matthieu, l’auteur du premier évangile, recruté à son poste de douanier, entre Capharnaüm et Bethsaïde. De même que Jésus a fait des pêcheurs de poissons des pêcheurs d’hommes, de même il a fait de ce fonctionnaire le premier évangéliste.

Le bon scribe a pour caractéristique, ainsi que le dit Jésus à la fin du discours en parabole, de “tirer de son trésor du neuf et du vieux“ : Mth 13.52 : "Ainsi donc, tout scribe instruit du Royaume des cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et du vieux. C’est une allusion au Cantique des cantiques 7.14 : “A nos portes sont tous les meilleurs fruits. Les nouveaux comme les anciens, je les ai réservés pour toi, mon bien-aimé“.

St Matthieu montre son talent de “bon scribe“ dans l’ensemble de son évangile, surtout dans son prologue, et particulièrement dans le début : sa généalogie. Les scribes avaient souvent pour méthode de structurer mathématiquement certains récits auxquels ils attachaient une importance particulière. Et ce n’est pas par hasard que le chiffre 14 est trois fois répété à la fin de la généalogie : “Le nombre total des générations est donc : quatorze d'Abraham à David, quatorze de David à la déportation de Babylone, quatorze de la déportation de Babylone au Christ“.

14, c’est deux fois 7 ! Et comme la 1er chapitre de l’Ancien Testament qui relate la création est structurer autour du chiffre 7 pour aboutir au shabbat qui est le 7ème jour, on peut penser que Matthieu a voulu structurer le premier chapitre du Nouveau Testament autour du chiffre 14 (càd 2x7) pour insinuer l’idée qu’il s’agit d’une nouvelle création ! Un dépassement !

On peut remarquer aussi que la généalogie qui résume tout l’Ancien Testament, aboutit à Joseph : “Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle est né Jésus, que l'on appelle Christ“. On ne pouvait mieux marquer le paradoxe de dépassement à continuité! Dépassement de la nouvelle création qui est dans la continuité marquée par l’aboutissement de la généalogie à Joseph, “Fils de David, Fils d’Abraham“.

S’il n’est pas dit explicitement que Marie est de la descendance de David - mais elle l’est très probablement -, ce n’est pas pour porter atteinte à son importance ; c’est au contraire pour marquer que c’est en elle que l’aspect “dépassement“ est le plus clairement exprimé !

La fête de l’Immaculée Conception nous a donné une fois de plus l’occasion de relire une fois de plus le récit de l’Annonciation à Nazareth. Quand l’ange Gabriel répond à la question de Marie : “Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’home ?“, il est dit : “L’Esprit Saint te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi l’Etre Saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu !“.

Pour comprendre les paroles de Gabriel, il faut se rappeler
  • non seulement l’Esprit Saint qui, sous la forme de la nuée, recouvrait la Demeure achevée que vient remplir la gloire de Dieu : Ex. 40.34 : “La nuée couvrit la tente de la rencontre et la gloire du SEIGNEUR remplit la demeure“.
  • la nuée qui recouvrait le “Saint des Saints“ du temple de Salomon, en laissant un espace vide sur la plaque d’or ombragée par les ailes des chérubins : 1 Rois 8.10-11 : “Lorsque les prêtres furent sortis du lieu saint, la nuée remplit la Maison du SEIGNEUR ; et les prêtres ne pouvaient pas s'y tenir pour leur service à cause de cette nuée, car la gloire du SEIGNEUR remplissait la Maison du SEIGNEUR“.
  • mais encore, il faut se reporter au tout début du premier chapitre de la Genèse : Gen 1.1-2 : “Lorsque Dieu commença la création du ciel et de la terre, la terre était déserte et vide, et la ténèbre était à la surface de l'abîme ; l’Esprit de Dieu planait à la surface des eaux“.
  • Et il sera dit que cet Esprit de Dieu planait au dessus d’Israël tout au long de son histoire : Dt 32.10-11 : “Il rencontre son peuple au pays du désert… ; il l'entoure, il l'instruit, il veille sur lui comme sur la prunelle de son œil. Il est comme l'aigle qui encourage sa nichée : il plane au-dessus (c’est le même mot) de ses petits, il déploie toute son envergure, il les prend et les porte sur ses ailes“.

Quand vint la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils né d’une femme… Toute l’histoire Sainte est jalonnée de crises, de métaphores faites de continuité et de dépassement. La métaphore qui fait passer l’Histoire Sainte de l’Ancien au Nouveau Testament a été bien préparée ; et personne ne l’a mieux expliquée que Matthieu, le “bon scribe“ qui “tire de son trésor du neuf et de l’ancien“.

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