mercredi 9 décembre 2009

Dieu, le “Tout Autre“ se fait connaître !… - Avent 2 - Mercredi - (Isaïe 40.25sv)

“A qui donc pourriez-vous me comparer ?“, dit Dieu. Telle est la première phrase de notre lecture d’aujourd’hui !

Dieu est le “Tout Autre“ qui peut dire avec ironie à son peuple : “penses-tu que je suis comme toi ?“ (Ps 50.2).

Par condescendance, pour se mettre à la portée des hommes, Dieu le “Tout Autre“ qu’on n’a jamais pu enfermer dans une idée, un concept, une représentation daigne employer un langage humain, symbolique et métaphorique, pour nous parler.

Il va même jusqu’à envoyer son “VERBE“ demeurer parmi nous et nous parler non seulement par des mots, par tout son comportement, ses silences, ses gestes, ses regards, les “signes“ qu’il opère en guérissant les malades, en évangélisant les pauvres, en s’abaissant jusqu’à la crèche et la croix pour ramasser la condition humaine désagrégée par le mal et délivrer l’homme des aliénations du péché et de la mort.

La phrase “Qui es-tu, Toi ?“ retentit à travers toute la Bible, à commencer par le chant de triomphe qui suit le passage de la mer rouge et la sortie d’Egypte : “Au souffle de tes narines, les eaux s'amoncelèrent, les flots se dressèrent comme une digue... L'ennemi s'était dit : "Je poursuivrai, j'atteindrai..., ma main les supprimera". Tu soufflas de ton haleine, la mer les recouvrit, ils s'enfoncèrent comme du plomb dans les eaux formidables. Qui est comme toi parmi les dieux, Seigneur ? Qui est comme toi illustre en sainteté, redoutable en exploits, artisan de merveilles ?“ (Ex. 15.8-11).

Cette exclamation rythme toute la vie du peuple élu expérimentant les délivrances au cours de l’Histoire Sainte qui est l’Histoire du Salut.

Et si on la trouve exprimée par la collectivité du peuple, on la trouve aussi dans la bouche des individus qui, dans la solitude, souffrent de maladies diverses ou sont victimes d’injustices : “Tous mes os diront : “Seigneur, qui est comme toi pour délivrer le petit du plus fort, le pauvre du spoliateur ?“. (Ps 35.10).

Comment Dieu se fait-il connaître ? Les théologiens ne le disent pas assez, eux qui font de louables efforts pour penser le problème philosophiquement en maniant l’analogie. C’est vrai que si nous étions vraiment intelligents (intus legere), nous déchiffrerions quelque chose du mystère du Dieu caché à travers ses œuvres dans la nature et les événements de l’histoire. St Paul l’affirme suffisamment.

Certains théologiens préfèrent dire que Dieu étant le “Tout Autre“, on ne peut rien dire de lui sans sombrer plus ou moins dans l’idolâtrie. Le célèbre Maïmonide(12ème s.) semble mériter cette renommée dans la Tradition juive. Et chez les premiers chrétiens, on trouve aussi des “apophatiques“ (= on ne peut rien dire de Dieu !). Certains mystiques qui rejoignent Dieu en traversant des “nuits obscures“, trouvent une solution en s’exprimant dans un langage d’alliance, apparenté au Cantique des Cantiques qui est au centre de la Bible.

Et justement, dans la Bible, le Seigneur se fait connaître, se révèle par ses délivrances, les merveilles qu’il opère dans l’histoire. Parmi ces merveilles, tiennent une grande place les naissances miraculeuses, de l’annonciation à Sara en vue de la naissance d’Isaac à l’annonciation à Nazareth. Et retentit la phrase : “Y-a-t-il rien d’impossible à Dieu ?“ (+ Sanson, Samuel, Gédéon, Jean-Baptiste). Dieu se fait connaître par des choses que lui-même fait faire.

Dans la lecture d’aujourd’hui, Isaïe nous invite à lever les yeux vers le ciel et à nous mettre à l’écoute de ce premier langage que Dieu parle depuis les origines dans la nature. C’est à partir de son expérience dans l’histoire que le Peuple d’Israël est arrivé à démythifier les diverses cosmologies qui essayaient de rendre compte de l’origine du monde en employant les imageries païennes des phéniciens, égyptiens, assyriens, babyloniens… ! Dieu, le “Tout Autre“ n’est pas le produit de l’imagination qui le fait sortir d’un chaos primitif ! Il est celui qui le domine au contraire en créant l’harmonie en sept jours et par dix paroles très limpides!

Et ce Dieu, le “Tout Autre“, qui est capable de créer est aussi capable de recréer. Son Esprit qui planait au dessus des eaux (à la création) plane au dessus de la Vierge Marie dont nous avons fêté l’Immaculée Conception qui inaugure la Nouvelle Alliance, la nouvelle Création que prédisaient les prophéties et qu’accomplit Jésus : Jésus meurt sur la croix en disant : “Père je remets entre tes mains mon esprit…“. Il parlait dans la certitude que Dieu qui donne le souffle et le retire peut le redonner comme dit le psaume : “Tu caches ta face, ils s'épouvantent ; tu retires leur souffle, ils expirent... - Tu envoies ton souffle, ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre. À jamais soit la gloire du Seigneur ; que Dieu se réjouisse en ses œuvres !“ (ps. 104.29-30). Il y a là de quoi beaucoup méditer en ce temps de l’Avent… !

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