mardi 15 décembre 2009

Accomplissement des promesses - Avent 3 – Lundi - (Nombres 24. 2sv)

La liturgie d’aujourd’hui nous fait rencontrer un curieux personnage, très ambigu, nommé Balaam. Il vient de l’Orient, du pays où il y avait beaucoup de spécialistes en Astrologie. Certains voient en lui un ancêtre de ces mages dont parle St Matthieu qui, dans le prologue de son Evangile, fait arriver les mages à la crèche. Comme ils viennent de loin, il n’est pas trop tôt pour parler d’eux, une quinzaine de jours avant leur arrivée à Bethléem. Peut-être est-ce aujourd’hui l’anniversaire de leur mise en route sur les indications de l’étoile ?

[Dans l’Ancien testament, il y a deux catégories d’hommes :
  • Il y a le peuple élu qui fait l’expérience de la rencontre du seul, vrai et unique Dieu vivant ;
  • et puis, il y a de l’autre côté, les idolâtres dont les plus respectables et les plus redoutables sont les “adorateurs d’étoiles“, les “Akoum“. C’est contre eux que Moïse met son peuple en garde : Deut. 4. 19-20 : “Ne va pas lever les yeux vers le ciel, regarder le soleil, la lune et les étoiles, toute l'armée des cieux, et te laisser entraîner à te prosterner devant eux et à les servir. Car ils sont la part que le SEIGNEUR ton Dieu a donnée à tous les peuples qui sont partout sous le ciel ; mais vous, le SEIGNEUR vous a pris et il vous a fait sortir de l'Égypte, cette fournaise à fondre le fer, pour que vous deveniez son peuple, son patrimoine, comme vous l'êtes aujourd'hui“.]

Balaam dont la réputation d’astrologue est très grande, le roi de Moab, nommé Balac qui est effrayé de voir son pays envahi par le peuple Hébreu, a été le chercher en Orient pour maudire le peuple élu dans les dernières étapes de sa longue marche vers la Terre promise. Il veut le payer très cher pour cela !

Nombres 22.2-6 : Balaq, fils de Cippor, vit tout ce qu'Israël avait fait aux Amorites. Moab fut très inquiet en voyant ce peuple si nombreux ; Moab fut pris de panique à la vue des fils d'Israël et il dit aux anciens de Madiân : "Cette multitude va maintenant tout brouter autour de nous, comme un bœuf broute l'herbe des champs". Balaq, fils de Cippor, était roi de Moab en ce temps-là. Il envoya des messagers auprès de Balaam, fils de Béor, à Petor sur le Fleuve, son pays d'origine, pour lui porter cet appel : "Nous avons là un peuple sorti d'Égypte qui couvre la surface de la terre : le voilà établi en face de moi ! Viens donc, je t'en prie, et maudis-moi ce peuple, car il est plus puissant que moi ; peut-être arriverai-je alors à le battre et à le chasser du pays. Car je le sais, celui que tu bénis est béni, et celui que tu maudis est maudit".Cette phrase évoque la prédestination d’Abraham et du peuple des croyants : Gen. 12.1-4 : Le SEIGNEUR dit à Abram : "Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront ; qui te bafouera je le maudirai ; en toi seront bénies toutes les familles de la terre“.

Autrement dit, on attend de Balaam qu’il neutralise les promesses faites à Abraham et qu’il fasse perdre au peuple élu son identité qui est la seule raison qu’il a d’être en Terre promise ! Le nom même de Balaam indique cette mission d’anéantissement : “Bala, cela veut dire : “avaler, engloutir, faire disparaître“. (En hébreu moderne, on trouve cela dans le mode d’emploi des produits qu’on achète chez le pharmacien et qu’il faut avaler sans les croquer). Quant à “Am“, cela veut dire “Peuple“. Balaam, comme son nom l’indique déjà, est appelé pour anéantir le peuple élu.

L’histoire de l’ânesse de Balaam (qu’il faut lire dans le texte), assez pittoresque, symbolise les tergiversations qui se passaient dans le cerveau de Balaam.

D’une part, il n’a pas envie de perdre toutes les richesses qu’on lui propose en récompense, s’il fait bien son métier d’enchanteur ;

D’autre part, une force mystérieuse le pousse à formuler, mieux qu’on ne l’a jamais fait, la prédestination du peuple élu.

La lecture d’aujourd’hui se borne à rappeler cette prédestination en cette période de l’Avent qui nous prépare à recevoir Celui qui accomplit la promesse faite à Abraham et à sa descendance pour toujours, comme le chante la Vierge Marie dans son “Magnificat“.

St Paul, lui, semble se référer à Balaam quand il dit dans sa lettre aux Romains que les promesses de Dieu sont irréversibles. Rom 11.28-29 : “Par rapport à l'Evangile, les voilà ennemis (les Juifs), et c'est en votre faveur (les païens). Mais du point de vue de l'élection, ils (les Juifs) sont aimés, et c'est à cause des pères (= à cause des promesses faites aux pères). Car les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables“.

Il nous sera utile de nous rappeler l’histoire de Balaam à l’Epiphanie quand on parlera des mages…

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