vendredi 4 décembre 2009

Le temps messianique !… - Avent 1 - Vendredi - (Isaïe 29.17-24)

Pour mieux comprendre la lecture, il faudrait, me semble-t-il, la faire précéder d’un verset seulement : “Prendra-t-on le potier pour l’argile ? L’œuvre dira-t-elle de l’ouvrier : « Il ne m’a pas faite ! » ? Le vase dira-t-il du potier : « Il ‘n’y entend rien ! » ? – C’est ce que j’appelle “l’inversion sacrilège, par excellence“ ! L’homme qui se prend pour Dieu ; l’homme qui dit à Dieu : “Pourquoi m’as-tu fait ainsi ?“ ! Cela aurait pu être mieux autrement !“. - “Quel renversement des rôles !“, dit le prophète Isaïe.

Au contraire, quand on accueille Dieu, quand on écoute sa parole, ses instructions et conseils, quand on prend conscience de son dessein de salut pour tout homme, qu’on accepte son alliance, alors tout revient dans l’ordre. Et c’est déjà sur terre, un avant-goût du ciel !
  • Le Liban devient verger ; et le verger une grande forêt“. Le psalmiste chantera : “Heureux l’homme qui se plait à la loi du Seigneur. Il est comme un arbre planté près des ruisseaux qui donne du fruit en sa saison. Heureux cet homme ! Il réussit tout ce qu’il fait !“ (ps.1) … Non à la manière humaine, sans doute ; mais à la manière du Christ que l’on découvre peu à peu !

  • Les sourds entendent“ ! Ecouter, c’est la première disposition pour faire alliance avec Dieu ! Le premier péché - celui d’Adam et Eve - fut de n’avoir pas écouté la voix du Seigneur. C’est la tentation permanente. Dans la Bible, le contraire de “prêter l’oreille“, c’est “avoir la nuque raide“. On se “raidit“ pour ne pas écouter. L’oreille…, “l’oreille du cœur“, j’entends (“ayez donc un cœur qui écoute“, dira St Luc), c’est extrêmement important ! - Aristote (“De natura rerum“) remarquait déjà que nous avons deux oreilles et une seule bouche. On peut en tirer beaucoup de conclusions. En tous les cas, on devrait deux fois plus écouter que parler : “Le Seigneur m’a donné une langue de disciples pour que je sache apporter une parole de réconfort. - Il éveille chaque matin mon oreille pour que j’écoute comme un disciple…“ (Is. 50.4). Et le psalmiste s’écrie : “Tu ne voulais ni sacrifice ni oblation ; tu m’as ouvert l’oreille“ ! (Ps 40.7). [Curieusement, la lettre aux Hébreux, reprenant ce psaume à propos du Christ, transcrit : “Tu m’as formé un corps !“. Comme pour dire que le mystère de l’Incarnation se poursuit par l’écoute de la Parole !]

  • Quant aux aveugles, leurs yeux verront !“. Voir ! Un thème si fréquent dans la Bible ! On se met en route pour voir un jour celui qui nous voit sans cesse. Comme à Abraham, il nous est dit : “Va pour toi“ (c-à-d pour ton bonheur) vers le pays que je te ferai voir, vers le pays de Morrhya (=de la vision) ! Ici-bas, cependant, on ne peut voir Dieu que de dos, comme Moïse ; on ne voit que ses manifestations en notre vie : “en voyant ce que j’ai fait au milieu d’eux, dit Dieu par Isaïe, ils proclameront la sainteté de mon Nom“. - “Dieu était là, disait Jacob ; et je ne le savais pas. Mais maintenant je le sais !“.

  • Et pour arriver à percevoir la présence de Dieu en notre vie, il faut exercer son intelligence avec l’aide de l’Esprit-Saint. “Les esprits égarés découvriront l’intelligence“, dit Isaïe. Dans la Bible, “l’homme intelligent“, c’est celui qui cherche Dieu. Et Dieu, lui, comme dit le psaume, regarde des cieux pour voir s’il y a un seul juste, “masquil“, un homme intelligent. Et qui cherche trouve. A celui qui frappe on ouvrira !

  • Alors, ce sera la fin des tyrans…, de tous ceux qui sont empressés à faire le mal. Le Mal ! C’est la grande difficulté de notre foi ! “Dieu ferait-il périr le juste avec le coupable ?“, demandait déjà Abraham. Nous sommes souvent comme Job qui, face au mal, n’hésite pas à demander des comptes à Dieu ! Déjà Thomas d'Aquin voyait dans le mal l'objection la plus redoutable contre l'existence de Dieu : Dieu ne peut être que le Bien infini ! “Donc, si Dieu existait, il n’y aurait plus de mal. Or, l'on trouve du mal dans le monde. Donc Dieu n'existe pas”. Le syllogisme est parfait. St Thomas, comme bien d'autres, a essayé de dénouer l'objection…

Et que dit le Christ lui-même ? Un jour, à Siloé, l’effondrement d’une tour a provoqué la mort de 18 personnes. “Pensez-vous qu'elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ?”. (Lc 13, 1-13). Non, dit Jésus qui ne se met pas en quête d’un coupable. Il n'en tire qu'une seule leçon : l'urgence de la conversion, l’urgence de se tourner vers Dieu . Le psalmiste ne dit-il pas : “Non, il ne somnole ni ne dort, le gardien d’Israël”. (Ps 121,4) Bien plus, il a répondu à notre attente : “Ah ! Dieu, si tu déchirais les cieux et si tu descendais !”. (Is 63,19). - Il est descendu. Et lui-même, Dieu, non seulement a été affronté au mal [“Il commença à ressentir tristesse et angoisse”. (Mt 26,37)], mais, par sa résurrection, il a rendu crédible que le mal qu’il a subi par sa propre mort consentie, est vaincu déjà en sa racine ! “O Mort, disait St Paul, (O Mal) où est ta victoire ?“.

Avec la puissance du Christ ressuscité, en nous et autour de nous, ce “ce sera la fin des tyrans…, de tous ceux qui font le mal !“. Telle est notre foi active !

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