mardi 8 décembre 2009

Immaculée Conception 09

Aujourd’hui sachons communier au regard de Dieu sur Marie afin que notre propre regard en soit transfiguré.

Le regard de Dieu

"Je te salue, pleine de grâce.", dit l’ange de la part de Dieu. En regardant Marie, Immaculée, Dieu se contemple lui-même, en quelque sorte comme dans un miroir fidèle. En Marie, il se voit “à son image et ressemblance“, sans défiguration. En regardant Marie dans sa transparence et sa pureté, Dieu se retrouve au matin de sa Création : "Dieu vit tout ce qu'il avait fait ; et il vit que cela était bon" : "Tota pulcra es Maria". Savons-nous partager l’émerveillement de Dieu-Père devant cette toute jeune fille : "Comme tu es belle, totalement belle, toi qui es totalement née de Dieu !". C'est la relation à Dieu-Père, Créateur, qui constitue la beauté, la dignité de Marie. Son âme est toute orientée vers Dieu, Créateur et Père. “Dominus possedit me in initio viarum suarum : Dieu m’a créée au début de ses desseins“ (ps 8.22). [Comme le dit la bulle de la définition du dogme de l’Immaculée Conception : “Dieu l’a comblée de l’abondance de tous les dons célestes pour que, belle et parfaite, elle apparut dans une telle plénitude d’innocence et de sainteté qu’on ne peut, hors de Dieu, en concevoir une plus grande“].

Mais le regard de Dieu n'est pas seulement celui d'un Père, il est celui d’un époux : "L’Esprit Saint viendra sur toi ; il te couvrira de son ombre", comme, autrefois, il avait couvert de son ombre l’arche d’ALLIANCE ! Marie a été créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, pour une union incroyable et en vue d'une fécondité extraordinaire. L'évangile de Luc l’atteste. L’Annonciation pourrait se résumer, dans une “demande en mariage“ : "Marie, veux-tu devenir la mère de mon Fils ?". "Oui, tu as trouvé grâce auprès de Dieu ; tu as été choisie entre toutes les femmes". On peut penser - les Pères de l’Eglise ne s’en sont pas privé - au dialogue du Cantique des cantiques entre le Bien-Aimé et sa Bien-Aimée : "Que tu es belle ma bien-aimée, et sans aucune tache !". Marie, elle seule, peut parfaitement reprendre les expressions de St Jean de la Croix : "Votre beauté, Seigneur, est telle qu’en nous regardant mutuellement, je parais semblable à vous en votre beauté ; et je me vois en votre beauté". De cette union à Dieu par l’Esprit Saint, de cette proximité inouïe, l’Eglise a conclu que Marie, dès son origine, a été créée dans la beauté, sans aucune ombre de péché. “Je te salue Marie, pleine de grâce. Tu es le chef d’œuvre de la Création, toi l’Immaculée !“.

Mais il ne faut pas oublier le pourquoi de la grandeur de Marie : "Tu concevras et enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus-Sauveur. L'enfant sera saint et sera appelé Fils de Dieu". Et Élisabeth la saluera bientôt du nom de "mère de [son] Seigneur". - Comment Dieu n'aurait-il pas comblé de tous ses dons celle qu'il destinait à être la mère de son Fils Unique et bien aimé ? Tout à l'heure c'était sa relation au Père, à l’Esprit qui rendait Marie “toute belle“. Mais on peut dire aussi que c'est sa relation au Fils qui fait la grandeur de Marie. Oui, le Seigneur a fait pour toi des merveilles, Marie, et nous sommes de ces générations qui te proclament bienheureuse. (1)

Notre regard

Mais à force de communier au regard de Dieu sur Marie, de contempler Marie “par lui, avec Lui, en Lui“, notre regard finira bien par devenir semblable à son regard, transparent comme un cristal : “Si ton œil est sain, ton corps sera tout entier dans la lumière“.
Il nous faut retrouver, avec Marie, le regard de Dieu et voir le monde tout neuf, tel qu’il a été voulu au matin de la Création, tel qu’il sera au matin de la re-création éternelle, Marie étant déjà toute baignée dans la lumière de ce même jour éternel. Alors, avec Marie, nous pouvons dire que ce qui fait encore la bonté et la beauté du monde, c’est bien sa relation à Dieu-Père, Créateur ; c’est bien sa naissance originelle à partir du Père de qui tout est sorti !

Et si notre pauvre monde a été souillé, défiguré par la volonté mauvaise des hommes (et dès le premier jour de la création), alors il faut le mettre, - c’est notre mission - le remettre, grâce à Marie, sous le regard de Jésus-Sauveur, en relation avec son Fils qui est le “Fils de Dieu“ venu pour laver le monde que nous avons sali. Marie nous associe à l’œuvre de son Fils, pour la plus grande joie de Dieu, Père et Créateur qui, en son Fils, "nous a choisis (comme Marie) avant la création du monde pour que, dans l’Amour, nous soyons saints et irréprochables sous son regard".

Et Marie nous aide grandement en inspirant nos actions et surtout en vivifiant nos prières si nécessaires. Si, à cause de l’âge et des infirmités, nous ne pouvons rien faire d’autre que de prier, ou même que d’avoir un élan vers Dieu qui, lui, englobe en son regard tous les hommes, redisons-nous que c’est le principal, en nous demandant seulement : notre regard priant est-il assez pur pour envelopper - comme Marie qui porte Jésus-Sauveur - tous les hommes dans l’Amour de Dieu notre Père ?

En notre regard priant, à l’exemple de la Vierge Marie en prière, alors Zachée, de pécheur public devient celui qui accueille Jésus ; Madeleine, la pécheresse devient une femme debout, relevée, restaurée, retrouvée ; la Samaritaine, cette hérétique, devient, en notre regard priant, missionnaire ; l’officier romain, ce soldat arrogant, devient un père en détresse de son enfant.

Oui, que notre regard priant devienne, avec Marie Immaculée, comme une provocation efficace devant Dieu, le Père de toute miséricorde, pour que tout homme, quelle que soit sa déchéance, reprenne conscience de sa vocation première et originelle, celle de fils de Dieu, celle d’être “à l’image et ressemblance“ de Dieu !

Aussi, n’en finissons pas de contempler Marie, notre modèle de pureté et de lumière, et, peu à peu, sa lumière dont Dieu est la source, s’étendra sur tous les frères de son fils. Ils sont tous nés pour Dieu au matin éternel de la création. Et, s’ils se sont perdus, comme l’enfant prodigue, notre cœur plein de tendresse, notre regard priant plein d’admiration sur ce qu’ils étaient et sur ce qu’ils doivent redevenir par-delà leurs misères, les provoquera au retour vers le Père. Prions, prions comme des apôtres, prions avec Marie, Reine des apôtres !

Oui, la fête de l’Immaculée Conception sonne le glas du mépris, de la critique négative et de l’accusation. Il faut en finir avec ce qui abîme l’homme créé à l’image du Dieu-Lumière, du Dieu-Amour, du Dieu-Beauté. Avec Marie, la fierté de l’humanité, est venu le temps de la louange et de l’admiration : “Je te salue, pleine de grâce“ !

(1) Commentant le Cantique des cantiques, St Bernard, toujours très imaginatif, voit dans celui qui “saute par-dessus les montagnes et qui bondit par-dessus les collines“ (Ct 2.8) le Fils de l’Eternel qui descend vers Marie ! Et, s’amusant, si je puis dire, il a joute : “Celui qui était au-dessus des anges est descendu comme l’un d’eux et avant lui : Il a précédé l’ange Gabriel auprès de la Vierge, de sorte que l’Archange s’étonne : celui qu’il vient de quitter au ciel, il le retrouve tout aussitôt dans le sein de la Vierge ! Il faut qu’il ait volé sur les ailes du vent. Tu es vaincu, ô Archange : celui qui t’avait envoyé devant lui t’a dépassé dans son élan“.

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