vendredi 23 octobre 2009

Liberté en croissance - T.O. 29 imp. - Vendredi - (Rm 7.18-25)

Après avoir évoqué ce qu’est la véritable liberté qui nous fait parvenir à la “Justice de Dieu“, à notre justification dans le Christ, St Paul, aujourd’hui, met en relief un véritable drame, notre drame. Il dépeint la situation de l’homme comme étant encore soumis à la loi du péché, aux forces du mal et pourtant désireux de parvenir au Bien suprême qu’est Dieu, en “sympathisant avec la Loi de Dieu“ ! – “Je suis capable de vouloir le bien, mais non pas de l’accomplir. Car le bien que je veux, je ne le fais pas ; et le mal que je ne veux pas, je le fais !“. Il y a un combat, atroce parfois, à l’intérieur de l’homme lui-même. - Qui me délivrera ; qui me sauvera ? Mais Paul en est certain ; et il le proclame déjà haut et fort : pour cette délivrance, “grâce soit rendue à Dieu par Jésus Christ Notre Seigneur !“.

L’Apôtre cependant nous indique le moyen de diriger notre combat, pour parvenir à la pleine liberté des enfants de Dieu ! Certes, il y a bien comme deux lois qui s’opposent en chacun de nous : “Je sympathise avec la Loi de Dieu…, mais je découvre en mes membres une autre loi… qui m’enchaîne !“.Et l’apôtre va s’employer à affirmer que seul l’Amour, l’Esprit d’amour, l’Esprit Saint peut venir en nous et nous éduquer à pratiquer une véritable liberté, pleine et entière. Il s’agit, avec l’Esprit Saint, que la Loi divine ne s’impose plus désormais à moi comme “au-dessus de moi“, comme un “sur-moi“, si je puis dire ; il s’agit que la Loi divine fleurisse à l’intérieur de moi-même, en la présence de l’Esprit Saint. Il s’agit que la Loi de Dieu, de l’extérieur, passe à l’intérieur. Il faut parvenir à obéir à la Loi de Dieu dans les spontanéités (amoureuses) de notre liberté. Il ne s’agit pas que nous soyons des esclaves sous la Loi ; il s’agit d’être des hommes libres dans un régime de grâce, en étant de plus en plus, comme disaient les Anciens, “pulchritudinis amatores“ - “amoureux de la beauté spirituelle“.

Pour faire comprendre le cheminement de notre liberté, le Cardinal Congar expliquait : Dans les lois que nous découvrons dans la Bible, au cours des siècles, les évolutions sont, en gros, les mêmes que nous découvrons dans la nature. Dans la nature, il y a d’abord les êtres qui n’ont rien de solide ; puis ils parviennent à avoir du solide, mais qui est à l’extérieur d’eux-mêmes, comme les escargots. Et plus on avance dans l’évolution, le solide passe de l’extérieur vers l’intérieur ; et on arrive aux vertébrés qui peuvent courir, sauter, danser, voler s’ils ont des ailes…

Il en est un peu de même dans notre évolution spirituelle. Il y a des chrétiens, comme dit Pascal, qui sont des “chrétiens de l’A.T.“. Ils ont été éduqués de façon très traditionnelle ; ils ont reçu comme une carapace qui les protège. Il est facile de caricaturer cette situation, d’en sourire ; il ne faut jamais en rire et encore moins s’en moquer. Car cette “carapace“ permet au squelette de se former à l’intérieur. Et, peu à peu, normalement, la loi qui s’impose de l’extérieur, - avec tous ces règlements multiples -devient une partition musicale que nous sommes appelés à jouer dans les spontanéités de la liberté. La Loi s’inscrit alors dans le cœur et nous accorde à la volonté du Seigneur. On obéit à Dieu pour mieux épanouir ce qu’il a mis de meilleur en notre cœur quand il nous a créés “à son image et ressemblance“. La loi, c’est alors comme la Sagesse qui joue devant Dieu. Toutes nos activités deviennent une mélodie à la gloire de Dieu ; et au terme de notre existence, on pourra dire : dans toutes mes occupations, “je fus un maître d’œuvre au côté du Seigneur, jouant en sa présence en tout temps, jouant dans son univers terrestre… et je trouve mes délices parmi les hommes“ (Prov. 8.30).

C’est parvenu à cette liberté que “l’homme, disait Grégoire de Nysse, est une ordonnance musicale, une hymne merveilleusement composée à la Toute-Puissance créatrice “.

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