jeudi 22 octobre 2009

Etre libre ! - T.O. 29 imp. Jeudi - - (Rm 6.19-23)

St Paul, dans la lecture d’hier, a fait une parallèle hasardeux et sans nuance ! Il disait : autrefois, vous étiez esclaves du péché (par désobéissance) ; maintenant, vous êtes esclaves de Dieu par l’obéissance qui conduit à la justification, à la “justice de Dieu“ par le Christ !

L’apôtre perçoit bien que sa comparaison n’est pas probante. Il veut la corriger aussitôt : “Je parle, dit-il, de façon humaine à cause d votre faiblesse !“. Sa comparaison n’est audacieuse que pour se faire comprendre ! Il sait bien que le mot “esclave“ est inadéquat, lui qui avait déjà écrit aux Galates : “C’est à la liberté que vous avez été appelés“ (5.13) ; “C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a appelés“ (5.1). Et St Pierre ne dira pas autrement : “Comportez-vous en hommes libres, sans utiliser la liberté comme un voile pour votre méchanceté ; mais agissez en serviteurs de Dieu !“ (I Pet 2.16).

Malgré l’inexactitude de la comparaison, St Paul l’explicite donc pour se faire mieux comprendre ! Cependant, il y a apporte une précision de taille : “Le salaire du péché, c’est la mort. Mais le don de Dieu, c’est la Vie éternelle !“.

- “Le salaire du péché, c’est la mort !“. Les Anciens assimilaient volontiers la vie morale à un combat. Et Paul utilisera facilement les métaphores militaires pour signifier que dans ce combat de vie à mort, la solde (ophônia) du mauvais soldat, son salaire, c’est la mort ! Ainsi, veut souligner l’Apôtre, le pécheur est le seul artisan de son péché ; il en est le seul responsable ; or, le saliere du péché, c’est la mort !

- …tandis que la “Vie éternelle“, dit St Paul, est appelée “Don gratuit de Dieu“. Ce n’est pas un salaire, une solde. On pourrait seulement dire que la “Vie éternelle“ est à la fois récompense et faveur. Car il n’y a qu’un seule combat, celui que le Christ lui-même a mené, une seule victoire, celle qu’il nous a acquise définitivement. Et le fidèle ne porte des fruits dignes de la “Vie éternelle“ que dans la mesure où il ne fait qu’un avec le Christ : “Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi“, commentait St Paul. Ce n’es t plus moi qui combats, c’est le Christ qui combat en moi ! Autrement dit, en couronnant nos mérites, Dieu couronne également ses propres dons.

Cette argumentation qui peut paraître, à première vue, subtile est cependant d’une grande importance ! Qu’est-ce donc que notre liberté ? La liberté, ce n’est pas “faire ce qui me plaît“ comme le chantait naguère, au temps de ma jeunesse, un artiste très “à la mode“, donc célèbre mais dont j’ai oublié le nom : “C’est aujourd’hui ma fête, je fais ce qui me plaît !“.

Non et non ! La liberté ne se réduit pas à un plaisir de préférence, entre telle couleur ou telle autre, entre le soleil qui réchauffe la terre et la pluie qui la féconde, entre un chauffage à gaz ou un chauffage électrique. En ces cas-là, il y a un choix de préférence (avec inconvénients et avantages réciproques) pour une même but…

Dans le combat de la vie, il n’y a qu’un seul Bien à acquérir, celui que le Créateur a voulu pour nous de toute éternité (être à son image et ressemblance pour partager sa Vie), celui que le Rédempteur a acquis de haute lutte du Vendredi Saint au matin de Pâques, “de sorte que nous soyons appelés - et nous le sommes -, dit St Jean, « fils de Dieu »“.

Aussi, St Thomas d’Aquin a raison de définir la liberté comme “un pouvoir qui nous est donné afin de nous déterminer nous-mêmes vers le bien qui nous convient“, ce bien du Créateur, ce bien de notre Rédempteur !

Si délibérément, nous nous détournons de cette offre divine - qui fait partie de notre constitution humaine et spirituelle -, sachons que nous allons vers la mort ; ce sera notre salaire dont nous serons responsables ! Au contraire, si nous nous déterminons à accueillir le don de Dieu, c’est la “Vie éternelle“ qui nous sera offerte par Jésus Christ !

Alors, nous ne sommes pas totalement libres ? Non ! C’est vrai ! La liberté absolue n’existe pas. Car nous ne sommes pas Dieu ; nous sommes des créatures. Et Dieu nous a “conditionnés“, si je puis dire en vue du Bien absolu qu’il est lui-même ! Notre liberté est simplement l’acte de réflexion, de décision, de réponse à l’intérieur de notre être déjà orienté ! La liberté est le pouvoir de devenir ce que nous devons devenir en la pensée éternelle de Dieu. La liberté, ce n’est pas “être libre de…“ (faire ceci ou cela), c’est “être libre pour…“ (parvenir au Bien !). Nous ne sommes pas pour autant totalement déterminés comme une machine peut l’être. Nous sommes avec cette part de liberté qui nous faits responsables face à l’appel de Dieu qui nous offre sa Vie !

Aussi, le contenu de notre liberté, c’est l’Amour !

Que le Seigneur nous aide à acquérir cette liberté, la liberté des enfants de Dieu !

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