mardi 20 octobre 2009

Adam et le Christ - T.O. 29 imp. - Mardi - (Rm 5.12-21)

Notre lecture d’aujourd’hui aborde un délicat et mystérieux sujet : celui du péché (avec Adam) et de la grâce (avec le Christ qui “justifie“). C’est un texte si difficile, dense, compact et même parfois obscur qui a suscité tant de commentaires, articles et livres qu’il faudrait bien des rayonnages de bibliothèque pour les réunir. Aussi, vous comprendrez que je ne vais pas rentrer dans le détail des difficultés qu’offre cet écrit de l’Apôtre.

Ce que l’on peut retenir :
  • Un premier point : le péché règne dans le monde. C’est un fait. Un fait que Paul tente de décrire de façon plus ou moins précise. Adam a péché ! Le livre de la Genèse est clair sur ce point. Depuis Adam jusqu’à Moïse, le péché a régné largement. Et avec Moïse, la Loi a révélé le péché ! Bref, le péché est là, omniprésent.
  • Deuxième point : Par le péché, la mort a régné ! La mort naturelle ? Oui ! Avec tout ce qu’elle entraîne. La mort, c’est le mal absolu, le scandale par excellence ! C’est la conséquence du péché !

Mais le péché entraîne surtout la mort “spirituelle“ puisqu’il fait perdre l’alliance avec Dieu que le Christ est venu rétablir par sa Rédemption qui permet notre “justification“, notre “réajustement“ à Dieu ! Et dans le cadre de son écrit sur la “Justice“ de Dieu, c’est cette conséquence du péché qu’il faut surtout retenir.

Comment le péché s’est-il, en quelque sorte, transmis ? St Paul n’en parle pas explicitement et de façon précise. Ce n’est pas son sujet principal ; il ne s’est pas proposé de “prouver“ l’existence du péché originel. Certes, il ne renierait certainement pas l’affirmation du péché originel que le Concile de Trente a défini en s’appuyant, en partie, sur son texte.

Mais le raisonnement de Paul a un objectif plus vaste. Il se sert de l’universalité de la “chute d’Adam et Eve“, du péché - et cela n’est pas un mystère, c’est une réalité qui nous atteint tous - pour faire comprendre et admettre le mystère de la “Justice de Dieu“, de la “justification“ opérée par la Rédemption du Christ au bénéfice de tout homme, Juif ou païen ! .

- C’est à cette réalité - l’amour de Dieu qui, gratuitement, “justifie“ par le Christ - que tend tout le raisonnement de l’apôtre. Et s’il fait une opposition facile, radicale mais peu explicite entre l’“Ancien Adam“ (perdu, pour lui comme pour nous, dans la brume des origines du temps, mais dont on sait qu’il a péché et entraîné au péché !) et le “Nouvel Adam“ le Christ (qui lui est bien apparu bien vivant sur le chemin de Damas, qui est mort et ressuscité !), c’est pour mettre en valeur, en évidence l’amour gratuit de Dieu qui veut sauver tout homme de la déchéance du péché !

C’est surtout ce mystère de “justice de Dieu“ qu’il veut mettre en évidence et affirmer. C’est sur le Christ qu’il fixe son regard plus que sur Adam. D’ailleurs, dit-il comme pour s’excuser de son argumentation, de son parallèle entre les deux “Adam“, il ajoute vite : “Il n’en va pas de même du don gratuit comme de la faute“. C’est bien le don gratuit de Dieu par le Christ qui importe pour nous ! On dirait que l’apôtre lui-même ait senti combien imparfait était le parallèle entre Adam et le Christ, que la situation du premier à l’égard du péché différait foncièrement du rapport du Christ à la grâce.

Adam a comme livré passage au péché comme à une puissance qui le domine - le péché - qui vient peut-être de plus loin que lui et qui, en tous les cas, le déborde, tel un torrent déchaîné qui va grossissant au cours des siècles. Mais le Christ, lui, homme et Dieu, est bien, hier, aujourd’hui et demain, la source de la “justice de Dieu“, la source de la grâce, son principe absolu. Il est, en lui-même, la plénitude de cette “Justice de Dieu“ à laquelle nous participons par la foi sans en épuiser la source ou l’égaler.

Je n’en dirai pas plus sur ce texte difficile. Mais ce que j’en ai dit, c’est pour que nous prenions de plus en plus conscience et de la faute, du péché qui ternit terriblement en nous l’image de Dieu reçue au matin même de la création, et surtout de la grâce qui nous est offerte en Jésus Christ, cette grâce qui nous permet de restaurer cette même image en nous aujourd’hui et pour l’éternité. Si nous savions ce qu’est véritablement le péché ! “Si tu connaissais tes péchés, tu perdrais cœur“, disait Pascal. Et puis nous sommes coupables non seulement du mal que nous faisons, mais du bien que nous ne faisons pas. Nous sommes coupables pour nous et pour tous. Toute faute est une charge qui pèse sur l’ensemble de l’humanité !

Et surtout sachons combien l’amour de Dieu est grand !Si l’âme cherche Dieu, Dieu la cherche bien davantage. Ce que Dieu demande de nous finalement, c’est de nous laisser aimer par lui ! Et puis, depuis l’Incarnation, il a été décidé en Jésus, une fois pour toutes, que si l’homme n’existe pas sans Dieu, Dieu non plus n’existe pas sans l’homme !

Pour savoir ce qu’est le péché, il faut savoir ce qu’est l’Amour de Dieu pour nous… Il est Infini !

Aucun commentaire: