jeudi 15 octobre 2009

Justice en Christ ! - T.O. 28 imp. - Jeudi - (Rm 3.21-29)

“Cette “justice de Dieu“ qui “ajuste“ l’homme à Dieu, St Paul souligne aujourd’hui qu’elle s’est manifestée et accomplie parfaitement en Jésus Christ pour les croyants. Il insiste : il ne s’agit plus de vouloir “conquérir“ la justice comme essayaient de le faire les tenants de la Loi (une tentation toujours actuelle !), mais de l’accueillir comme un pur don en Jésus Christ.

Certes, tout homme - même croyant - est pécheur et, de ce fait, dit St Paul, privé de la gloire de Dieu. La gloire de Dieu, dans le langage biblique, c’est le rayonnement de son être, la splendeur de sa beauté, de sa bonté qui se communiquent à ceux qui l’approchent. Il est dit de Moïse, quand il descendait de la montagne du Sinaï après avoir parlé avec le Seigneur, que “la peau de son visage étaient devenue rayonnante“ (Ex 34.29). Aussi, St Paul dira aux Corinthiens (et à nous-mêmes !) : “Déjà nous reflétons - c’est seulement un reflet ! - la gloire du Seigneur, étant transfigurés à son image“ (II Co 3.18). Et cette gloire, nous la recevons de la bonté de Dieu, en étant l’objet de sa “justice“ ! Ainsi, sommes-nous déjà “citoyens des cieux !“.

Et cette“ justice“ qui donne déjà “gloire divine“ s’est accomplie en vertu “de la Rédemption accomplie dans le Christ Jésus“. Il faut comprendre ces mots “rédemption“, “rédempteur“ ainsi que le verbe correspondant “racheter“. Ils sont exclusivement employés en relation avec la libération de la terre d’Egypte, cette “maison de servitude“ dont il faut sortir pour aller “servir le Seigneur“ (même jeu de mots en français qu’en hébreu : passer de la “servitude“ au “service“). Dieu ne délivre son peuple que pour en faire, par la sa “justice“, “un royaume de prêtres, une nation consacrée“ (Ex 6.6-7) jouissant déjà de sa gloire! : “Vous êtes la race élue, dira St Pierre, la nation sainte, le peuple que Dieu s’est acquis pour que vous proclamiez les hauts faits (la magnificence) de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière“ (I Pet 2.9). Chanter cette gloire de Dieu, est donc le propre de ceux que Dieu justifie ! L’action de grâce est naturelle au chrétien !

Aussi le mot “rédemption“ ne dit pas moins (sinon plus) “union à Dieu“ que “libération du péché“ ! Les traducteurs grecs ont employés un mode particulier (le moyen) pour signifier que “Dieu libère pour soi !“, pour que l’homme puisse s’unir à lui ! - Et il en est de même pour toutes les libérations que relatent la Bible, libération collective (retour d’exil), ou libération individuelle (notion de “goël“). C’est l’union à Dieu qui importe ! Alors, rien d’étonnant que cette notion de “rédemption“ puisse s’appliquer à la première comme à la dernière venue du Seigneur : “Quand ces événements arriveront (annonçant la venue du Christ en gloire), redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption est proche“. Il s’agit bien d’une union, d’une acquisition pour Dieu plus que d’une délivrance !

Il y a une notion qu’il faut bien comprendre dans ce texte, si dense, trop dense ! Je regrette que la traduction liturgique l’ait éludée. Elle dit : “Dieu a exposé le Christ sur la croix afin que par l’offrande de son sang, il soit le pardon pour ceux qui croient en lui !“. Littéralement, il est dit : “Dieu l’a destiné propitiatoire par son sang, par le moyen de la foi !“

“Propitiatoire“, “sang“, “foi“. Les images, les mots se bousculent !

Propitiatoire“. C’était le couvercle - seul élément en or massif - qui recouvrait l’arche d’alliance. “Kapporeth“ vient du verbe “kaphar“ : couvrir, recouvrir. De même que Dieu fit pour Adam et Eve, après leur faute, des tuniques de peau afin de recouvrir leur nudité, signe de leur défaillance, ainsi avait-il demandé lui-même de couvrir d’un propitiatoire (couvercle) le contenu de l’arche d’Alliance. Car ce contenu rappelait trois fautes, révoltes !
  • Les tables de la Loi - 2ème version -… après l’histoire du veau d’or !
  • Le bâton dont Moïse s’était servi lors de la révolte auprès des eaux de Massa et Mériba !
  • Une mesure de la manne, cette nourriture qui rappelait encore une révolte.

Ainsi, Dieu veut toujours “recouvrir“ le mal, pour faire “ tout concourir au bien de ceux qui l’aiment“ (Rm 8.28). Il est bon de remarquer que c’est toujours Dieu qui a l’initiative et non le mérite de l’homme.

C’est également le sens de la grande fête juive Yom Kippour. Le sang du bouc choisi par le Grand Prêtre était versé sur le propitiatoire de l’arche comme signe du pardon que Dieu accordait au peuple qui mettait sa foi en le Dieu Unique ! Combien plus, dira l’épître aux Hébreux, le sang du Christ qui s’est lui-même offert à Dieu est signe de notre purification (cf. Ch. 9). Il suffit d’y adhérer par la foi : “l’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez !“ (Jn 6.29).

La foi en l’initiative salvifique de Dieu en Jésus qui nous “justifie“ pour nous faire participer à la gloire divine ! La foi ! A ce mot, Luther a ajouté l’adjectif : “seule“ : “L’homme est justifié par la foi seule !“. Insistance que même des protestants jugent actuellement étrangère à l’argumentation de St Paul. D’ailleurs, St Jacques ne dira-t-il pas : “A quoi bon avoir la foi si on n’a pas les œuvres ?“ (Jac. 2.14). La foi contient et l’espérance et la charité !

Ayons donc une foi active en Dieu qui seul “justifie“ en recouvrant nos fautes du sang de son Fils, afin de nous faire participer à sa gloire !


P.S. Veuillez m’excuser d’être dense et concis ! Mais ce n’est pas moi qui le suis ; c’est St Paul ! Veuillez lui dire avec moi dans votre prière pour qu’il nous transmette ses lumières de foi !

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