mardi 6 octobre 2009

Conversion… et conversion ! – Mardi - T.O. 27 imp. - (Jo 3…-1-10)

Nous avons vu, hier, la grande question que posait le prophète Jonas au temps du mécréant roi de Samarie, Jéroboam II. “Il fit ce qui est mal aux yeux du Seigneur… Et pourtant, C'est lui qui rétablit le territoire d'Israël, depuis Lebo-Hamath jusqu'à la mer de la Araba, selon la parole que le Seigneur, le Dieu d'Israël, avait dite par l'intermédiaire de son serviteur le prophète Jonas“. Voilà un “méchant“ qui est “récompensé“ ! C’est quand même le comble.
Et au retour d’exil, le livre de Jonas tente de répondre à cette question. Je trouve que ce livre est d’une “théologie humoristique“ très intéressante ! Il y a la théologie morale, mystique, dogmatique… Mais Dieu ne parle pas toujours - il faut bien le savoir - comme un professeur, un maître, mais comme un père à ses enfants. Malheureusement, la théologie humoristique ne s’apprend pas ! C’est dommage !
En tous les cas, pour cette théologie, on peut reprendre la dernière phrase de notre lecture : “Qui sait, dit le roi de Ninive, si Dieu ne se ravisera pas, s’il ne reviendra pas de l’ardeur de sa colère, de sorte que nous ne périrons pas ?“. En voyant leur attitude et comment ils se détournaient de leur route mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacées.
Rappelons-nous : l’époque en laquelle ce livre s’inscrit, c’est l’époque d’Esdras, de Néhémie… Ces prophètes sont inspirés pour faire une politique de préservation de l’identité du peuple élu. Au retour d’exil, le peuple est faible - c’est seulement un petit reste qui est revenu -. Face aux difficultés de réinsertion en Palestine, certains Juifs ont tendance à se replier sur eux-mêmes comme pour mieux défendre leur identité. C’est fréquent, cela ! C’est une tentation permanente : face à un danger, à une crise, on a tendance à se recroqueviller ! Ainsi, à l’époque de la rédaction du livre, on expulse les femmes étrangères (avec leurs enfants) pour ne pas être contaminé par leurs religions…, on multiplie les règlements pour se mettre à l’abri des influences étrangères… Autrement dit, faut-il s’ouvrir au monde - ce monde toujours mauvais - ou s’en éloigner ? Question permanente en temps de crise !
Il faut remarquer, il faut savoir que Dieu s’arrange toujours pour que sa Révélation se fasse par des courants antagonistes. Notre myopie spirituelle les croit totalement opposés, alors qu’avec Dieu, ils sont assez convergents (c’est son humour !). Ainsi : faut-il s’ouvrir aux païens ou les repousser ? Notre manque de foi et d’intelligence demande une réponse catégorique : Oui ou non ? Or, peu à peu, la Providence nous amène à un niveau où l’intelligence de la foi s’élève à un niveau supérieur…, et souvent avec beaucoup d’humour !
Soyons clairs : nous avons eu, nous avons toujours le problème des “intégristes“ et des “progressistes“. Et nous n’arrivons pas facilement à le résoudre. Mais Dieu, dans sa bonté, dans sa providence, nous fait peu à peu comprendre qu’il ne s’agit pas d’être “intégristes“ ou “progressistes“, mais qu’il s’agit d’être tous des “progressants“ !
Ainsi, à l’époque de retour d’exil, Dieu suscite un tout petit prophète, - l’auteur du livre de Jonas - pour affirmer que même aux païens, Dieu envoie un missionnaire - “nolens, volens“ - pour qu’ils se convertissent, tandis qu’en même temps le peuple est appelé à approfondir sa fidélité au Dieu Unique au milieu d'un environnement païen ! Il faut donc approfondir nos convictions (de foi) ! Certes ! Et, ce faisant, on en arrivera, en même temps, à mieux s’ouvrir aux autres !
On a beaucoup à apprendre de ce livre de Jonas, car nous sommes tous aux prises avec des courants antagonistes à l’intérieur de nous-mêmes et à l’extérieur. Avec ce prophète du livre de Jonas, demandons au Seigneur de nous aider à résoudre cette question. Au fond, nous avons tous besoin de la conversion que prêche Jonas : que les païens puissent ce convertir à sa parole ; et qu’à cette même parole, les fidèles à Dieu approfondissent leur relation de foi avec lui. Et je le crois facilement : dans la mesure où nous serons de plus en plus en union avec le Seigneur, par la prière et nos pratiques diverses, le monde s’élèvera vers Dieu.
N’est-ce pas un tout jeune homme - Guy de Larigaudie - qui insistait à la suite des Pères de l’Eglise : “Plus une âme s’élève vers Dieu, plus le monde - ce monde païen - s’élève vers lui !“. Alors, à chacun de prendre ses responsabilités ! C’est sans doute en cela que réside la réponse à nos diverses questions qui semblent opposées !

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