mercredi 7 octobre 2009

Le “signe de Jonas“ - T.O. 27 imp. Mercredi - (Jo 4.1-11)

Avec la lecture, nous poursuivons et terminons le livre de Jonas, ce livre d’une “théologie humoristique“ à laquelle Notre Seigneur fait allusion en parlant du “signe de Jonas“.

En effet, nous avons vu la question qui se posait à propos de l’attitude du prophète Jonas lui-même au temps de Jéroboam II. Le “Livre de Jonas“ tentait déjà de répondre à cette question qui soulignait les antagonistes que nous pouvons rencontrer. Et aujourd’hui, cette question, avec la conversion des païens, de ces gens de la ville païenne de Ninive, nous projette vers une explication du “Signe de Jonas“ dont parle Notre Seigneur !

Remettons-nous dans le contexte : Jonas est de très mauvaise humeur. Mettez-vous à sa place : “Je n’ai pas cherché à être prophète ! Mais Dieu m’embauche de force ! Et même, j’ai essayé de fuir et il me ramène ! Finalement je dis ce qu’il me demande de dire. Et cela n’arrive pas. Faut savoir quand même ! C’est ma réputation qui est en jeu, même si je ne fais pas grand cas de ma fierté légitime !“. Ainsi pensait Jonas en quelque sorte.

C’est normal que Jonas se fâche ! La loi du Seigneur ne disait-elle pas : “Si ce que le prophète a dit au nom du Seigneur ne se produit pas, si cela n'arrive pas, alors ce n'est pas une parole dite par le Seigneur ; c'est par présomption que le prophète l'a dite. Tu ne dois pas en avoir peur !“ (Deut. 18.20) ? - En posant la question, le livre de Jonas marque une étape d’une théologie qui va évoluer ! On va distinguer les prophéties de bonheur et les prophéties de malheur. Si un prophète fait des prophéties de bonheur qui ne se réalisent pas, alors c’est un “farceur“ ! Mais si ce sont des prophéties de malheur qui ne se réalisent pas, c’est peut-être que les hommes s’étant repentis, Dieu n’a plus de raison d’exécuter ses menaces ! On dira même plus tard : quand Dieu fait des prophéties de malheur, c’est pour n’avoir pas à les réaliser. Dieu veut que tous soient sauvés. Il ne parle pas de l’enfer pour que l’on y aille ; il parle de l’enfer pour que l’on n’y aille pas !

Mais notre Jonas - et nous avec lui parfois - n’a pas encore compris cela ! “Mieux vaut pour moi mourir que de vivre !“. C’est la même formule qu’Elie employait sur le chemin de l’Horeb, vers Dieu !

Alors Jonas part et se s’installe, est-il dit, “à l’orient de la ville“. Cela fait penser, bien sûr, à Jérusalem et au mont des Oliviers, “à l’orient de la ville“. Il se fait une hutte. Car il est encore persuadé que le châtiment va arriver, que le feu du ciel va tomber sur la ville. Il commence donc à penser à son petit confort : il se construit une hutte pour ne pas attraper des coups de soleil, pour être bien installé afin d’assister au spectacle, à l’ombre !

Et il y a l’épisode amusant du ver qui pique le ricin à l’ombre duquel Jonas s’est installé. Le ricin dépérit. Le soleil se lève. Jonas a un coup de soleil. Il a de la fièvre. Il se fâche à nouveau répétant : “Mieux vaut pour moi mourir que vivre !“. Le Seigneur lui dit : “Tu as pitié du ricin… et moi, je n’aurais pas pitié des habitants de Ninive qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche ?“. C’est une expression qui sert à désigner habituellement les enfants qui n’ont pas l’âge de raison, ou les gens a-moraux qui n’ont jamais eu l’occasion de former leur conscience morale, qui ne distinguent pas le mal du bien. Or, dit Dieu, j’aime mon peuple, mon peuple que j’ai élu ; mais j’aime aussi les hommes de Ninive, et même leurs bêtes, et même le petit ricin… Dieu aime les païens !

Et c’est dans ce sens que Jésus va parler du “signe de Jonas“, (Cf. Mth 12.39). Dans le contexte de St Marc, Jésus traverse le lac de Galilée. Il dort dans la barque ; et c’est la tempête - la tempête que subit Jonas ! -. Il arrive en Décapole, pays païen. Et là un païen se convertit ; et il annoncera la “Bonne Nouvelle“ en ce pays païen ! Et dans l’évangile, il y a les païens de l’est (comme celui de la Décapole) et les païens de l’ouest (comme la syro-phénicienne que Jésus va rencontrer ensuite). Les païens de l’Ouest et les païens de l’Est ! Ce sont les païens du monde entier ! Et Jésus parlera des veuves de Sarepta ; or l’une d’elle était païenne ! Il parlera de Naaman, le Syrien… etc

En St Marc, Jésus est donc sur la rive des païens ; et les disciples l’accompagneront jusqu’au pied de l’Hermon, aux sources du Jourdain, à Dan, terre païenne s’il en fût ! Or c’est là que l’Eglise est fondée.

C’est un drame que Pierre, chef des apôtres, aura à résoudre quand il rencontrera le centurion Corneille, à Joppé : “Dieu vient de me faire comprendre qu’il ne fallait déclarer immonde ou impur aucun homme…“ ! (Actes 10.28).

C’est la question de tous les temps : Ouverture et approfondissement ! C’est le “signe de Jonas“ qui s’explique, qui s’explicite tout au long des siècles. A nous de comprendre ce “signe de Jonas“. DIEU AIME TOUS LES HOMMES !

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