mercredi 14 octobre 2009

Ne jugez pas - T.O. 28 imp. Mercredi - (Rm 2.1-11)

“Hier, nous avons vu que la “Justice de Dieu“ est bien autre chose que la justice de l’homme (une justice nécessairement “distributive“ : à tel acte correspond récompense ou punition !) . La “Justice de Dieu“, elle, c’est l’activité de son amour envers tout homme. C’est Dieu qui rend “juste“ comme lui-même est Juste ! Sans cesse, il cherche à nous “ajuster“ à lui. Dans sa miséricorde, il veut nous “justifier“ en purifiant, en pardonnant afin que nous puissions vivre, déjà ici-bas, de sa Vie. Or “Dieu est Amour !“.

Aussi, comme dans un contrat, Dieu nous sollicite, par une alliance sainte, à répondre à son amour en adhérant par la foi à son projet de “justification“ pour tout homme. Il nous appelle à monter vers lui, en lui, à monter d’une foi initiale à une foi de plus en plus parfaite - “de la foi à la foi“, disait St Paul - : une confiance absolue en sa miséricorde. C’est ainsi que le “Juste“ vivra. Il vivra par la foi !“.

Je prendrai une comparaison. Vous connaissez tous la merveilleuse et douloureuse histoire du P. Maximilien Kolbe, (canonisé par le pape Jean-Paul II), ce prêtre franciscain - polonais -, arrêté par les SS., au cours de la dernière guerre. Dans le camp où il fut interné, un prisonnier réussit à s’évader. En représailles, le commandant du camp que la colère poussait à la cruauté, désigna dix autres prisonniers pour aller mourir peu à peu de faim, de soif dans un blockhaus - “le blockhaus de la faim“ -! Et il avait accepté la demande du P. Kolbe de prendre la place d’un jeune père de famille !

Ainsi enfermé avec ses neuf malheureux compagnons, ce prêtre du Seigneur les aida à offrir leur vie à l’exemple du Prêtre par excellence, le Christ ! Tous moururent dans la paix et non dans la révolte. Le commandant du camp, enfermé, lui, dans la cellule de sa cruauté, de son sadisme, venait voir ses prisonniers mourant peu à peu dans une attitude de prière qu’entretenait ce religieux. Son regard, intrigué, fouillait le regard des dix malheureux. Cependant, celui du P. Kolbe restait si serein face au sien, si emprunt de l’amour de Dieu même envers le plus grand des pécheurs, que ce commandant ne pouvait le supporter ; il lui commandait de détourner ses yeux. Ce saint prêtre ne voulait que manifester l’amour de Dieu, sa mansuétude, son pardon ; en la place du Seigneur en croix, il ne voulait pas, il ne pouvait pas condamner ; il aurait voulu, lui aussi, “justifier“, rendre juste… même ce commandant !

C’est ainsi qu’à notre jour éternel, nous rencontrerons le regard divin, regard d’amour infini, de miséricorde… qui sollicitera notre propre regard. Nous y répondrons dans un dernier acte de foi ou nous nous y refuserons. Ce sera notre jugement, un jugement que nous prononcerons nous-mêmes. Car Dieu, lui, n’est qu’Amour !

Aussi, St Paul, aujourd’hui, nous recommande de prendre déjà cette attitude même de Dieu à l’égard de tout homme. Sinon, déjà, nous nous condamnons ! “Tu es sans excuses, toi, qui que tu sois, qui juges !“. En jugeant autrui à la façon humaine et non à la façon divine, tu te condamnes toi-même. Car Dieu - respectant par amour la liberté qu’il t’a donnée - te laissera utiliser à ton encontre la manière toute humaine dont tu te sers à l’égard de ton frère. Le regard du jugement humain que tu portes sur autrui se retournera obligatoirement contre toi ! Tu te mets en dehors du regard de Dieu puisque tu méprises ses richesses de bonté, de patience, de générosité, méconnaissant son immense amour qui ne cherche qu’à “justifier“, qu’à rendre juste ! C’est l’endurcissement de ton cœur lui-même qui transforme la “Justice de Dieu“ en “colère de Dieu“ !

Autrement dit, c’est chacun de nous qui révèlera le juste jugement de Dieu :
  • Vie éternelle pour ceux qui, par la foi, recherchent la véritable “Justice de Dieu“ qui ressemble à celle du Père de l’enfant prodigue.
  • Colère et indignation pour ceux qui se détournent de la vérité de son amour !

Et cette “Justice de Dieu“ s’exercera, dit St Paul, pour le Juif d’abord et pour le Grec“ ! L’apôtre manifeste, là, sa grande préoccupation : si le Juif est nommé en premier, c’est qu’ayant reçu plus de lumière que le païen, ayant bénéficié d’une révélation plus importante, il doit manifester plus grandement la véritable “justice de Dieu“ ; sinon, il pèche encore plus gravement…, semble dire St Paul si préoccupé de ses compatriotes. Dieu est “juste Juge“ en son amour ; il ne fait pas de “passe-droit“ au-delà de son amour !

Et nous pouvons penser à cette lourde réflexion propre à St Luc (12.48) : “A qui l’on a beaucoup donné, on redemandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage !“. Autrement dit, Dieu “justifie“ par ses dons d’amour ; celui qui a reçu beaucoup d’amour doit d’autant plus manifester en lui et autour de lui cette “justification“ d’amour divin. Qui suis-je moi pour avoir été appelé à être prêtre du Seigneur ? C’est la “Justice de Dieu“ qui s’est exercé à mon égard. Aussi, s’il vous plaît, veuillez prier pour moi ! Ne m’oubliez pas dans vos prières !

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