vendredi 16 octobre 2009

Justice gratuite de Dieu ! - T.O. 28 imp. Vendredi - (Rm 4.1-8)

Dieu seul “justifie, “ajuste“ l’homme à lui pour le faire participer à sa gloire divine, sans aucun mérite de sa part ! Il lui est seulement demandé d’adhérer à ce projet divin de salut pour tout homme par la foi ! “Nous estimons que l’homme est “justifié“ par la foi, indépendamment des œuvres de la Loi !“. Sinon, on pourrait toujours se poser cette question qui est dans l’argumentation de l’apôtre : “Ou alors, Dieu serait-il seulement le Dieu des Juifs“ s’il fallait tenir compte de l’accomplissement de la Loi ? “N’est-il pas aussi le Dieu des païens ? Si, il est aussi le Dieu des païens ! Il n’y a qu’un seul Dieu qui “justifiera“ et les circoncis par la foi et les incirconcis par la foi !

Cela ne veut pas dire que la “foi seule“, ce sentiment d’adhésion à Dieu, sauve sans les œuvres comme semblait l’avoir compris Luther. St Augustin commentait : “Si l’homme est justifié par la foi sans les œuvres de la Loi, cela n’exclut pas d’accomplir des œuvres de “justice dans la vie chrétienne“, des œuvres qui correspondent à la “justice“, cette justification que Dieu accorde gratuitement ! Autrement dit, répondant au don gratuit de Dieu par la foi, il s’agit de prendre les mœurs mêmes de Dieu ! Mais ce ne sont pas nos “œuvres“ qui méritent notre salut. Nos œuvres ne sont que les signes de notre foi, de notre adhésion au salut que Dieu donne gratuitement.

C’est pourquoi, St Paul, en bon professeur de morale si je puis dire, avait ajouté : “Enlevons-nous par la foi toute valeur à la Loi ? Bien au contraire ! Nous confirmons la Loi !“, cette Loi qui vient de Dieu et que sa “justice“ ne peut contredire. Mais l’accomplissement de la Loi n’est qu’une réponse de notre foi à Dieu qui sauve, à Dieu qui en premier sauve de la “servitude“ (d’Egypte = du mal) pour que nous puissions accomplir des œuvres de “service“.

Dans notre lecture d’aujourd’hui, St Paul illustre son propos : la “justification“ obtenue de Dieu par Jésus Christ, loin de contredire l’Ancien Testament, l’accomplit. Et il commence par donner l’exemple d’Abraham !

“Qu’allons-nous dire d’Abraham, notre ancêtre selon la chair ?“. A-t-il été glorifié à cause de ses œuvres ? “Que dit l’Ecriture ? « Abraham eut foi en Dieu ! Et cela lui fut compté comme “justice !“. Inscrire au compte de quelqu’un est une expression commerciale. Or, pour Abraham, va expliquer Paul, comme pour tout chrétien, le compte tenu par Dieu est un compte de faveur, de bienveillance. A l’origine de tout, il y a l’amour de Dieu, gratuit ! Abraham aurait pu se prévaloir de la “justice“ divine comme un mérite de sa part, une récompense que Dieu lui devait ! En fait, il n’en fut pas ainsi.

St Paul, écrivant cela, n’est pas sans ignorer certaines tendances d’opinions qui avaient cours dans le judaïsme des derniers siècles, qui circulent de son temps et qui parviennent encore aujourd’hui jusqu’à nous (jansénisme), tendance que j’appelle facilement “inversions sacrilèges“ : mettre l’homme avant Dieu ! : Au lieu d’être “appelé“ gratuitement comme le souligne le livre de la Genèse (cf. 12.1), c’est lui, Abraham qui, en fait, aurait “choisi“ Dieu, parmi toutes les divinités existantes (et certaines exégèses ne sont pas loin de cette tendance !). Dans le Judaïsme lui-même, certains n’ont-il pas été jusqu’à penser qu’Abraham, ayant été trouvé fidèle jusque dans les épreuves, cela lui fut compté comme “justice“, “justification“ ?

Et bien non !, affirme St Paul, et, à sa suite, l’épître aux Hébreux et les premiers Pères de l’Eglise, tel Clément de Rome. Ces derniers voient au contraire jusque dans le sacrifice d’Isaac un témoignage, un sommet de la foi d’Abraham qui répond à la “justice“ de Dieu qui l’appelle gratuitement à “s’ajuster“ à lui, malgré ce que j’appelle les “apparences contradictoires“. Comme cela est encore bien actuel !

St Paul ne fera que répéter : le don de Dieu est gratuit pour tous, sans exception ! La promesse de justification ne dépend d’aucune loi ; et sa réalisation n’est pas subordonnée à l’observation de la Loi. Pour y participer : une seule condition : la foi ! Mais la foi grandissant doit engendrer comma naturellement les œuvres de la foi. C’est tout différent. C’est la foi -cette réponse au don gratuit de Dieu qui sauve - … c’est la foi produisant ses œuvres qui est compté comme “justice“. “Heureux l’homme, s’exclame St Paul, dont les offenses ont été pardonnées. Heureux l’homme au compte de qui le Seigneur ne porte pas le péché !“.

Ayons à cœur de cultiver notre foi qui nous “ajuste“ à Dieu ! Certes, la foi a ses obscurités comme l’ont expérimenté Ste Thérèse de Lisieux, Mère Térésa et bien d’autres… Peut-être que la foi consiste, en certains moments, à ne jamais renier dans les ténèbres que qu’on a entrevu dans la lumière. Sachons aussi que la foi est grosse de toute une expérience de Dieu. Aussi se nourrie-t-elle de la prière. Et puis, comme dit St Paul encore, “ce qui compte c’est la foi agissant par la charité“ Que notre foi soit assez forte pour se manifester surtout par et dans l’amour !

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