mardi 20 octobre 2009

Chrétien en devenir - T.O. 29 imp. – Mercredi - (Rm 6.12-18)

La “Justice de Dieu“ nous affranchit et du péché et de la mort elle-même. Aussi, St Paul, juste avant notre lecture d’aujourd’hui a précisé : “Considérez que vous êtes morts au péché et vivant pour Dieu en Jésus Christ“ (6.11).

Oui, cette “vie pour Dieu“, la vie nouvelle, la vie de ressuscité en laquelle les chrétiens sont entrés par le baptême, est bien une vie commencée mais non encore définitivement fixée. C’est une vie en croissance qui tend vers l’épanouissement. St Paul se démarque, là encore, d’une conception juive. Pour un Juif qui attend le Messie, la “justification“ et l’entrée dans la gloire divine coïncident dans l’unité d’un même acte. Pour un chrétien, la réalisation du salut est progressive ; c’est le caractère particulier de la condition chrétienne : un équilibre toujours fragile du coureur qui ne doit ni s’arrêter, ni reculer, mais tendre sans cesse vers le but : “Je n’ai qu’un seul souci, avait déjà dit l’apôtre : “oubliant le chemin parcouru et tout tendu en avant, je m’élance vers le but, en vue du prix attaché à l’appel d’en haut que Dieu nous adresse en Jésus Christ“ ; (Phil 3.13-14).

Le chrétien est bien réellement une “créature nouvelle“ : “Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ; le monde ancien est passé ; voici qu’une réalité nouvelle est là !“ (2 Co. 5.17). Mais cette créature nouvelle peut retomber dans le chaos. Le chrétien est bien “justifié“ par Dieu à qui il répond par la foi ; mais, dira encore St Paul (8.24), si “nous avons été sauvés, c’est en espérance !“. Le chrétien est bien mort à la chair (= à la vie de ce monde), mais il doit vivre dans la chair. Il est bien affranchi du péché, mais reste exposé à ses retours offensifs.

C’est tout le sens de la prière que Jésus lui-même adressait à son Père. St Jean nous la transmet en insistant sur ce fait : Nous sommes dans le monde, mais non du monde ! “C‘est maintenant le jugement du monde, disait Jésus ; maintenant, le prince de ce monde va être jeté dehors“ (12.31). “Car je suis venu sauver le monde !“ (12.47) – Et disant cela, Jésus annonce notre combat : “Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï le premier“. (15.18). “Vous n’êtes pas du monde ; et voilà pourquoi le monde vous hait“ (15.19).- Mais Jésus nous rassure, nous donne l’espérance : “Soyez pleins d’assurance ; j’ai vaincu le monde !“. –“Je te demande, Père, priait-il, de ne pas les ôter du monde, mais de les garder du mauvais“ (17.15). Bien plus, ce combat que nous devons mener avec espérance est en même temps notre mission : “Je les envoie dans le monde afin que le monde croie que tu m’as envoyé !“ (17.21).

De même, St Paul exhorte les Romains (et nous-mêmes) à vivre en conformité avec cette réalité signifiée par le baptême : “Ne laissez donc pas le péché régner dans votre corps mortel“ (ce corps que le curé d’Ars appelait “le cadavre“). “Ne mettez plus vos membres au service du péché“. Car, c’est bien connu, c’est par le corps que viennent les tentations. “On les connaît les œuvres de la chair, avait-il écrit déjà aux Galates : libertinages, impuretés, débauche, idolâtrie, magie, haines, discordes, jalousie, emportement, rivalités, dissensions, factions, envie, beuverie, ripaille et autres choses semblables (“Et j’en passe et des meilleurs !“). Leurs auteurs, je vous en préviens comme je l’ai déjà dit, n’hériteront pas du Royaume de Dieu“.

“Ne soyez pas des esclaves du péché“ - Jésus n’avait-il pas dit : “Quiconque commet le péché est esclave du péché !“ (Jn 8.34) – “ez plutôt esclaves de la “Justice de Dieun obéissant non plus à la Loi mais à la grâce de Dieu : “Seuls sont enfants de Dieu ceux qui se laissent mouvoir par l’Esprit de Dieu !“.

Vivons donc dans le monde, mais non du monde. Et vivons avec pleine espérance. “C’est déjà avoir Dieu que de l’attendre“ (Fénelon), que de tendre vers lui, en vrai “sportif de Dieu“, dirait St Paul. Le Cardinal Journet disait : “Quand on songe à cet Amour qui a été crucifié (le Christ), comment n’avoir pas une espérance sans bornes ?“. Charles Péguy avait donc raison de faire dire à Dieu : “La foi que j’aime le mieux, c’est l’espérance !“.

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