lundi 19 octobre 2009

Un doute ou une question ? - T.O. 29 imp. - Lundi - (Rm 4.20-25)

St Paul poursuit toujours son thème de la “Justice“ de Dieu, tant il lui tient à cœur : une “justice“ qui “ajuste“ l’homme à Dieu sans aucun mérite de sa part, qui réclame seulement une adhésion par la foi, une foi qui cependant engage à produire des “œuvres“ de “justice“ !

Tout en montrant que la “justice“ d’Abraham n’était dépendante ni de la circoncision (pratique qui lui était antérieure), ni de la Loi mosaïque (qui lui est postérieure), St Paul a été amené à parler de la postérité du Patriarche ! C’est qu’en effet, selon la Genèse (ch. 15), l’Alliance d’Abraham avec Dieu - sa “justice“, sa “justification“- fut liée à cette révélation qui lui annonçait une postérité innombrable comme les étoiles du ciel (Le pape St Léon fait remarquer avec un esprit tout spirituel que la postérité d’Abraham est comparée à la multitude des étoiles pour signifier son origine céleste et spirituelle ; mais passons !). - St Paul se contentera de souligner - ici ou là (cf Gal 3.15sv) - que cette promesse, comme la justice de Dieu, est là encore, indépendante et de la circoncision et de la Loi mosaïque - il le souligne, nous le savons, face à opinions contraires de certains de ses compatriotes - pour répéter que la seule condition pour Abraham, comme pour nous, c’est la FOI !

Aussi, dans cette perspective, il note bien que “devant la promesse divine, Abraham ne succomba pas au doute ; mais il fut fortifié par la foi, pleinement convaincu que ce que Dieu a promis, il a aussi la puissance de l’accomplir“. C’est un exemple pour nous, dira l’épître aux Hébreux !

Le DOUTE ! Je notais Vendredi dernier que la foi consiste, en certaines circonstances difficiles, à ne pas renier dans les ténèbres ce qu’on a entrevu dans la lumière. Et c’est parfois difficile ! Il est normal que, dans notre marche terrestre, nous soyons parfois tentés par le doute comme les Hébreux dans leur marche à travers le désert ! Il est souligné dans l’Exode que même Moïse et Aaron ont, semble-t-il, exprimé un doute : ils furent obligés de frapper deux fois le rocher dans le désert pour qu’il en jaillisse de l’eau ! Deux fois ! Une fois de trop, évidemment ! Aussi, a-t-on commenté un peu facilement : ils n’entrèrent pas en Terre promise parce qu’ils manquèrent de foi (un peu vite dit, mais enfin !).

Il reste vrai que le croyant se posera plus de questions que l’incroyant qui, lui, n’a pas de problème avec Dieu puisqu’en principe il n’y croit pas ! Parce que nous avons la foi, nous nous posons multitude de questions tout au long de notre existence. Mais ce n’est pas pour autant que notre foi doit être remise en cause. Comme disait le Cal Newman : “mille question ne font pas obligatoirement un doute“.

Il est normal que l’on se pose des questions. Pourrions-nous ne pas être dérangés, si je puis dire, par l’irruption de Dieu en notre vie ? Quand Dieu - le Tout-Autre - vient à nous, il est normal que nos pauvres idées humaines craquent et par en haut et par en bas, de tous côtés ! Car les promesses de Dieu - comme celles faites à Abraham - ne se réalisent pas comme on le penserait ! Même la Vierge Marie - l’Immaculée ! - qui ne pouvait douter, a dû se poser bien des questions depuis Bethléem jusqu’au matin de Pâques ; elle devait aller se répétant : “Comment cela se fera-t-il ?“

St Paul nous propose de nous inspirer de l’attitude d’Abraham, notre “Père dans la foi“… et de bien d’autres. Il propose de relire la Bible. En effet, il n’y a pas de littérature qui ait accompagné l’humanité aussi loin dans l’absurde apparent (Job, les psaumes…etc). Dieu nous donne assez de lumière pour pouvoir aborder le problème du mal lui-même, aller jusqu’au bout de ce problème, sans jamais l’éluder, sans jamais non plus pouvoir l’expliquer totalement, mais sans jamais que ce problème devienne un doute véritable.

Je pense à Elie Wiesel qui devant les atrocités de son camp de concentration disait : “Souvent j’étais contre Dieu, parfois avec Dieu, mais jamais sans Dieu !“. La foi nous permet de poser la question de tous les scandales et du scandale par excellence, celui de la mort en sachant que Dieu est capable, lui, de nous mener “par delà“ (“al mouth“ dit un psaume). “Dieu seul a les issues de la mort“, dit un psaume.

Notre lecture se termine sur ce sujet. Nous croyons comme Abraham en Celui qui a livré Jésus jusqu’à la mort, mais qui l’a ressuscité pour notre justification. Souvent, l’apôtre unit Passion et Résurrection, tous deux étant nécessaires au salut. Nous mourons à nos péchés avec le Christ mourant sur la croix ; nous entrons dans la vie nouvelle avec le Christ sortant du tombeau. De même, dans la justification du croyant (qui passe dès ici-bas de la “servitude“ au “service“), nous ne pouvons séparer rémission des péchés et infusion de la grâce. - Nous ne pouvons disjoindre Passion et Résurrection ! Un Vendredi Saint qui n’aurait pas été suivi du jour de Pâques aurait été inutile : “nous serions encore dans nos péchés“, dira St Paul (I Co 15.17). C’est parce que le Christ, mort une fois pour toutes (Rom 6.10) est devenu par sa résurrection “Esprit vivifiant“ (I Co. 15.45) que nous avons la vie, car notre vie est participation à la sienne. Son entrée dans la vie glorieuse est cause de notre entrée dans la “justice“ de Dieu.

C’est en regardant ce mystère pascal avec toute notre foi héritée de celle d’Abraham que nous pouvons surmonter tous les obstacles et celui-là même de la mort pour entrer dans la VIE !

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