mardi 1 octobre 2013

Le "petite Voie !"


Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus


La liturgie ne nous a pas permis de fêter les Archanges Michel, Gabriel, Raphaël et tous les anges, le 29 Septembre étant, cette année, un dimanche. Et tout dimanche - faut-il le rappeler - est réservé à la célébration du Seigneur (Dies Domini !").

Mais on peut faire mémoire aujourd'hui de ces êtres célestes, car Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus que nous fêtons avait une grande dévotion envers les anges, envers son ange… ! Adressons-nous donc à elle. Cette grande Sainte saura porter aux Saints Anges tous nos désirs et toutes nos supplications ; et eux les présenteront immanquablement à Dieu, notre Père!

En effet, Ste Thérèse écrivait : “Je compte bien ne pas rester inactive au Ciel. Les Anges ne sont-ils pas continuellement occupés de nous, sans jamais cesser de voir la Face divine, de se perdre dans l'Océan sans rivages de l'Amour ? Pourquoi Jésus ne me permettrait-Il pas de les imiter ?“

Deux choses essentielles en cette simple phrase, me semble-t-il.

D’abord cette affirmation : les anges ne cessent de voir la face de Dieu. Notre-Seigneur lui-même l'affirmait : "Les anges voient sans cesse la face de mon Père qui est au cieux !" (Mth 18.10). Oui, ils se perdent dans l’océan sans rivages de l’Amour ; ils restent fascinés par Dieu et ne cessent de crier à l’exemple de St Michel, le premier d’entre eux : “Qui est comme Dieu ?”.

Alors, demande St Thérèse : pourquoi ne pas les imiter ?

D’abord en dirigeant nos pensées, nos préoccupations, toute notre vie vers Dieu. C’est souvent la grâce des plus anciens. N’étant plus préoccupés par les soucis du milieu de l’existence, ils peuvent se tourner vers Dieu, entièrement ! Plus on vieillit, me semble-t-il, plus on sent, de façon vitale, que la seule préoccupation qui vaille, qui importe, c’est Dieu, ce sont les affaires de Dieu, “les affaires de mon Père”, disait Notre Seigneur.

Etre aux affaires du Père ! Se regarder le moins possible pour regarder Dieu. Certes, lorsqu'on arrive à un certain âge, on se préoccupe - trop parfois peut-être - de soi-même. L'âge augmentant et les forces diminuant, on devient facilement inquiet, anxieux même. Et c’est bien normal. Heureusement les anges sont là, les nôtres… ; et ceux que le Seigneur nous envoie visiblement par l'intermédiaire de nos frères et sœurs… 

Cependant, nous savons bien que nous quitterons cette terre pour aller vers Dieu Père. "Laissez-moi aller vers le Père", disait Jean-Paul II au moment de mourir ! Oui, selon le conseil de Ste Thérèse, il faut imiter nos anges et discerner de plus en plus, en toute notre vie, la présence divine qui sera notre émerveillement éternel au ciel. Nous serons alors comme les anges qui voient sans cesse la face de Dieu note Père ! 

Comment faire pour cela ?

Ste Thérèse nous donne son conseil : être comme un enfant, alors même, et surtout, que l’on est très avancé en âge. Garder une âme d’enfant : "Pour faire plaisir à Jésus, il faut que nous restions bien humbles, bien petites, que personne ne fasse attention à nous... Restons toujours de tout-petits enfants, tels que Notre-Seigneur le désire. Ne nous a-t-il pas dit que le Royaume des cieux est pour les petits enfants et ceux qui leur ressemblent ?”. - “Elle aimait beaucoup, disait l’une de ses sœurs, à m'entretenir de ces paroles, les commentant délicieusement : 'Laissez venir à moi les enfants ; le Royaume des cieux leur appartient ...'".

Garder une âme d’enfant ! Et ce faisant alors, toute notre vie, même dans la faiblesse d’un âge avancé, devient apostolique. Car en essayant de diriger notre regard vers Dieu, toute notre vie crie alors le slogan de St Michel : “Qui est comme Dieu ?”. Je connais des personnes, vous en connaissez : ils ne disent rien, ne proclament rien et, pourtant, à leur contact, d’autres se sentent portés vers Dieu. C’est que leur vie ne cesse de crier Dieu : “Qui est comme Dieu ?”. Parce que ancrés en Dieu, ils ne cessent de montrer Dieu !

- Et puis, un second enseignement de Ste Thérèse. Les anges sont “continuellement occupés de nous”. Ils veillent sur notre vie, prennent soin de nous. Ils voient la face de Dieu ; et c’est en Dieu qu’ils nous voient, nous portent. Pussions-nous les imiter, dit St Thérèse. Voir ceux qui nous entourent, les regarder avec les yeux de Dieu ! N’est-ce pas le secret non seulement d’une bonne entente, mais d’une union qui prépare celle que nous expérimenterons au jour éternel. Plus nous serons unis à Dieu, plus nos unions humaines seront fortes et apporteront les uns aux autres, les uns pour les autres, richesses extraordinaires, humaines et divines à la fois. Voir les autres en Dieu, et non selon nos petites idées si souvent conformistes.

Retenons cette grande leçon de Ste Thérèse : Fixer toute notre vie en Dieu. C’est ainsi que non seulement nous témoignerons de la transcendance de Dieu, mais, ce faisant, nous déverserons sur nos frères, avec l’aide de Dieu, tous les biens que nous désirons tellement pour eux.

C'est tout le sens du mot "Amen" que nous prononçons si souvent !La racine de ce mot, le prophète Isaïe l'a mise en valeur par un célèbre jeu de mots : "Si vous ne tenez pas ferme (en Dieu, dans la foi), vous ne tiendrez pas" (7.9). Si vous ne tenez pas ("ta'aminu"), vous ne tiendrez pas ("té'aménou").
La racine "Aman" signifie solidité, stabilité. Elle évoque l'idée de soutien, d'appui, de support durable. Le premier emploie transitif de cette racine hébraïque (en tant que verbe) fait allusion à une maman qui porte un nourrisson (Cf Nb. 11.12 ; II Sam 4.4). Le petit enfant s'appuie sur les bras qui le soutiennent, s'y abandonne, reçoit les soins de sa mère !

"Si vous ne devenez pas comme de petits enfants...", disait Notre Seigneur. Ce qu'aimait répéter Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus qui découvrit ainsi la "petite voie de l'enfance spirituelle" !

"Moi, disait Thérèse, je voudrais trouver un ascenseur pour m'élever jusqu'à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection.
Alors j'ai recherché dans les livres saints l'indication de l'ascenseur, objet de mon désir ; et j'ai lu ces mots sortis de la bouche de la Sagesse éternelle : 'Si quelqu'un est un TOUT PETIT, qu'il vienne à moi !' (cf. Prv. 9.4).
Alors, je suis venue, devinant que j'avais trouvé ce que je cherchais et voulait savoir, ô mon Dieu, ce que vous feriez au tout petit qui répondrait à votre appel.
J'ai continué mes recherches et voici ce que j'ai trouvé : 'Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein, et je vous balancerai sur mes genoux' (Cf. Is. 66.12-13).
Jamais paroles plus tendres, plus harmonieuses ne sont venues réjouir mon âme : l'ascenseur qui doit m'élever jusqu'au ciel, ce sont vos bras, ô Jésus. Pour cela, je n'ai pas besoin de grandir. Au contraire, il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus".


On le devine : l'enfance spirituelle de Ste Thérèse n'a rien à voir avec l'infantilisme, le gâtisme spirituel ou la mièvrerie ; elle n'est pas non plus une dévotion "à l'eau de rose". Elle est un retour au cœur même de l'Evangile : devenir enfant de Dieu, c'est un chemin d'abandon dans l'humilité !

C'est cette "enfance spirituelle" qui est contenu dans le mot "Amen". Aussi, que nos "amen" soient toujours le cri d'un enfant qui s'abandonne entre les mains de Dieu que Jésus nous a permis d'appeler "notre Père", comptant toujours sur sa divine Providence.

Pie XI avait raison : il disait que Ste Thérèse de l'Enfant Jésus qui fut "l'astre de son pontificat", était "la plus grande sainte des temps modernes", ...à cause de sa petite voie.

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