jeudi 31 octobre 2013

Hymne à l'Amour de Dieu !

30e T.O. -  Jeudi         (Rm 8, 31-39)

En raison des fêtes liturgiques et de diverses circonstances, il est toujours difficile de suivre le développement d'une lettre de St Paul que le missel nous propose, telle celle adressée aux Romains que nous suivons depuis une ou deux semaines.

Cependant, en cette lettre, nous avons bien perçu, au long des jours, ce que St Paul a voulu mettre en lumière : l'Evangile qu'il annonce, avec joie et persévérance, révèle avant tout la "justice" de Dieu envers nous (comprenons notre "sanctification"). Cette "justice" divine est un don gratuit de son amour pour tout homme, pour chacun d'entre nous. Cette "justice" se manifeste en nous par la foi, toujours grandissante : "ex fide in finem", une justice "allant de la foi à la foi" (I.17). Et St Paul, restant "Hébreu, fils d'Hébreu", démontre qu'un tel mode de "justification", de "sanctification", bien loin de contredire l'Ancien Testament, l'accomplit parfaitement !

Puis dans une deuxième partie, il affirme qu'à l'homme "justifié", "sanctifié", l'amour de Dieu - cet amour manifesté en Jésus Christ mort et ressuscité - assure notre salut
- négativement : en nous délivrant du péché et de la mort, et même de la Loi (mosaïque),
- positivement : en nous octroyant la "Vie de l'Esprit", de cet Esprit divin qui nous fait "enfants de Dieu" ! "L'esprit de Dieu atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu", vient-il d'affirmer (8.16 cF. 8.11).

Et après avoir achevé de décrire le développement de cette "Vie de Esprit" en nous, et ayant énuméré toutes les raisons qui fondent l'espérance chrétienne, St Paul veut conclure - c'est notre texte d'aujourd'hui -.
Il le fait à sa manière qui est celle d'une flamme qu'il ressent en lui-même, celle d'un enthousiasme débordant. En phrases ardentes où l'on aurait tort de chercher un rythme prémédité, il lance un hymne de confiance triomphante !

"Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?".
Dans cette simple phrase que notre foi doit retenir en toutes circonstances, Paul affirme d'abord qu'aucun ennemi - absolument aucun - n'est assez puissant pour prévaloir contre l'amour de Dieu à notre endroit !
Et pourquoi ? Parce que son Fils mort sur la croix nous en est un garant.

Peuvent suivre alors les interrogations particulières qui tendent au même but : écarter de nous toute crainte !
Ni les épreuves de la vie : détresse, angoisse, faim, dénuement,
ni la mort elle-même,
ni les puissances, celles d'en haut ou celles des profondeurs...,,
ni ce qui est du temps ou de l'espace...,
rien "ne pourra nous séparer de l'amour du Christ, manifesté en Jésus Christ !"

Bien plus, Paul avait lancé cette interrogation : "Qui accusera les élus de Dieu ?". Qui pourrait le faire ?
- Certains rapportent cette phrase au "jugement final" : Qui, au dernier jour, accusera les élus de Dieu, puisque "Dieu justifie !".
- La plupart voient dans cette phrase un futur indéterminé en rapport avec la situation des "élus", c'est-à-dire des chrétiens, dans la vie présente : "C'est dès à présent, commente le P. Lagrange, qu'il n'y a pas de condamnation pour eux. L'apôtre l'a déjà fortement affirmé au début de ce chapitre : "Il n'y a plus, maintenant, aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ !" (8.1). Et le verset 35ème qui parle de détresse, d'angoisse, de faim, etc. indique bien certaines situations du temps présent !".
Il serait donc mieux de traduire finalement : "Qui oserait accuser les élus de Dieu ?" ! Aujourd'hui ou demain ?

C'est surtout St Jean qui insistera sur cet aspect du "jugement" à la fois temporel et éternel :
Le "jugement", dit-il se réalise dès le moment où le Père envoie son Fils dans le monde pour manifester, disait St Paul, l'amour de Dieu qui "justifie" à travers le temps et l'espace.
Car, insiste St Jean, Jésus n'est pas venu pour juger le monde mais, au contraire, pour le sauver (Cf. 3.17).
Mais, suivant l'attitude que chacun prend à son égard, le "jugement" s'opère aussitôt, en ce momen : qui croit ne sera pas jugé ; qui ne croit pas est déjà jugé parce qu'il a refusé la Lumière ("Qui croit en lui n'est pas jugé ; qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au Nom du Fils unique de Dieu !" 3.18sv). St Paul ne disait pas autre chose : "La justice de Dieu s'est révélée, allant de la foi à la foi" (Rm 1.17), "par la foi en Jésus Christ pour tous ceux qui croient..." (Rm 3.21).

Le jugement est donc moins une sentence divine qu'une révélation du secret des cœurs humains. Ceux dont les œuvres sont mauvaises préfèrent les ténèbres à la Lumière (Jn 3.19sv). Pour les autres, Jésus vient guérir leurs yeux (9.19) pour qu'agissant dans la vérité ils viennent à la Lumière (3.21).

Le "jugement final", décrit par les évangélistes avec les imagerries de leur temps, ne fera finalement que manifester au grand jour ce clivage opéré dès maintenant dans le secret des cœurs.

St Paul ne fera que reprendre ce raisonement à sa façon : pour les croyants, il n'y a pas de condamnation : Dieu les justifie ; qui donc les condamnerait ? Sous l'ancienne Loi, le ministère de Moïse était un ministère de condamanation, mais celui des serviteurs de l'Evangile est un ministère de grâce (2 Co. 3.9) et de réconciliation (5.19sv). C'est cela qui nous donne pleine assurance pour le jour du jugement (I Jn 4.17) : l'amour de Dieu pour nous s'est déjà manifesté dans le Christ , si bien que nous n'avons plus rien à craindre.

Que notre vie personnelle soit donc toujours une louange à l'amour de Dieu dont rien ne pourra nous séparer.
Que toute vie communautaire - familiale ou religieuse - chante à longueur de jours cet amour de Dieu pour tout homme !
Que notre vie ecclésiale nous prépare à la liturgie céleste qui sera une louange à l'Amour de Dieu, cette liturgie dont la fête de tous les Saints que nous allons célébrer n'est qu'une anticipation prophétique.

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