29 T.O. Jeudi
13 - (Lc 12, 49-53)
"Je suis venu
apporter un feu sur la terre
!"
Le feu, dont il est ici parlé, est Celui que prédit le précurseur
Jean-Baptiste : l’Esprit-Saint qu’apportera Celui qu’il annonce : "Celui qui m’a
envoyé baptiser dans l’eau, celui-là m’avait dit : ‘Celui sur qui tu
verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est Lui qui baptisera dans l’Esprit
Saint’". (Jn 1.33) ; - "Il vous baptisera dans l'Esprit-Saint
et le feu !" (Lc3.16)
Le feu est un feu divin : c'est le feu du Messie - le
Christ - qu’annonçaient les prophètes, un feu qui purifie le cœur, le
débarrassant de toutes les scories ; c'est le feu de son Esprit qu'il nous insuffle
!
Le feu de l’Alliance Nouvelle dont nous avons tous besoin, au plus
profond de nous-mêmes, passe de l’extérieur à l’intérieur, comme le dit
St Paul aux Romains : "Pour nous
mener à la "Vie éternelle", la Vie même de Dieu !"
Seul le feu de l’Esprit Saint peut créer ce cœur nouveau sollicité par David (Ps. 51ème) qui annonçait
ainsi le langage de l’Alliance Nouvelle prédit par les prophètes du temps de
l’exil : "Crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit de
générosité !".
Le feu, dont parle Jésus, est aussi le seul qui peut harmoniser nos
relations avec les autres, - non pas avec le monde pour lequel Jésus a dit
qu’il ne priait pas (Jn 17.9) -, mais nos relations avec nos "prochains
les plus proches", qu’il s’agisse du couple dans le sacrement du mariage,
qu’il s’agisse des rapports dans les communautés vouées totalement au Seigneur,
qu’il s’agisse de ceux qui ont consacré leur vie à la prédication de l’Evangile,
etc.
St Paul parle de ce feu aux Corinthiens lorsque des
tiraillements apparaissent entre ceux qui se réclament les uns d’Apollos, les
autres de Pierre, les autres de Jacques. Seul le feu peut purifier l’édifice
dont il a posé le fondement :
"De fondement, en effet, nul n'en peut poser
d'autre que Celui qui s'y trouve, c'est-à-dire Jésus Christ. Que si sur
ce fondement on bâtit avec de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du
bois, du foin, de la paille, l'œuvre de chacun sera mise en évidence. Le Jour
du jugement, en effet, la fera connaître, car il doit se révéler dans le feu
; et c'est ce feu qui éprouvera la qualité de l'œuvre de chacun. Si
l'œuvre bâtie sur le fondement subsiste, l'ouvrier recevra une récompense ; si
son œuvre est consumée, il en subira la perte ; quant à lui, il sera sauvé,
mais comme à travers le feu". (1 Co 3, 11-15)
Ainsi ce feu purificateur, s'il annonce l'harmonie, la paix, commence
toujours par de douloureuses et inévitables cautérisations.
La lecture des Actes des Apôtres, de toute la Bible relue dans le
regard de "Celui qui a été
transpercé" (Za 12.19 - Jn 19.37), devrait nous
éviter de perdre notre temps en vaines stupéfactions devant les divisions qui ont
toujours existé et qui existeront jusqu’à la fin des temps.
L’ivraie a été semée dans le champ en même temps que le bon grain
! Le
bon et le mauvais croissent simultanément, tellement entremêlés que si, par des
solutions simplistes, on coupe l’ivraie, on coupe aussi les épis qui poussent
sur le bon grain. L’optimisme biblique est lucide et sans illusion !
Le disciple de Jésus monte à Jérusalem par les mêmes chemins que
lui,
pour y trouver à son heure, un baptême, et une coupe qui ressemble à celle dont
il est parlé à Gethsémani. Le caractère baptismal est déjà posé au plus profond
de notre être comme une programmation à vivre, dans l’Esprit Saint, les
mystères du Christ avant de le rejoindre dans la gloire.
Alors, au lieu de perdre notre temps en de vains étonnements sur
les tiraillements qui existent toujours parmi nous, prions l’Esprit d’opérer en
nous et dans les relations avec les autres les purifications que lui seul peut
faire par le feu.
En méditant ce matin sur les impressionnantes paroles de Jésus
dans l’Evangile, je pensais à cette paix, cette paix du Christ que le prêtre
rappelle durant l'Eucharisties, avant "l’échange de la paix" entre les
participants, cette paix proposée avant la communion sacramentelle, avant le
chant de "l’Agneau de Dieu" : "Seigneur Jésus Christ, tu as dit à tes
apôtres, je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, ne regarde
pas nos péchés mais la foi de ton Eglise !".
Cette paix est la paix que Jésus donne aux apôtres frileusement
enfermés au Cénacle, dans la peur. Leur comportement n’a pas été très brillant
au cours du drame de la Passion. Mais Jésus a pris sur Lui seul et pour
toute l’humanité le feu purificateur qui nous vaut gratuitement une
paix surabondante.
"Je vous donne ma paix !"
"Le soir, ce
même jour, le premier de la semaine, et les portes étant closes, là où se
trouvaient les disciples, par peur des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu
et il leur dit : "Paix à vous ! "
(Jn 20,19)
C’est sur ce
texte que l’Eglise se fonde quand elle parle du sacrement de réconciliation !
J'aime beaucoup
cette réflexion du patriarche Joseph, figure du Christ. Il a été naguère vendu
par ses frères. Ceux-ci viennent à lui pour lui demander secours en temps de
famine. Finalement Joseph se fait connaître et leur pardonne. Il leur donne
même surabondance de biens ! Mais avant de les renvoyer, de peur qu'entre eux
ils ne recherchent les responsables de leurs méfaits à son égard, il leur dit
simplement : Et maintenant : ne vous disputez pas en chemin ! (Cf. Gen. 45.24). Désormais,
c'est vraiment inutile !
Le Christ qui,
par son mystère pascal, nous propose surabondance de biens éternels, ne nous
fait-il pas la même recommandation : ne vous disputez-vous donc pas en
chemin... ! "Tout est accompli,
achevé !" (Jn 19.30).
La paix du
Christ ! Une
paix à laquelle nous ne croyons pas suffisamment ! Une paix qui nous vient
gratuitement, à charge pour nous d’en devenir des relais pour les autres et
pour le monde entier !
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