vendredi 25 octobre 2013

Le Christ vainqueur !

29 T.O. Vendredi 13        -  (Rm 7, 18-25)

Dans la lecture d'aujourd'hui, St Paul nous fait une confession pathétique : "Le bien que je veux, je ne le fais pas ; et le mal que je ne veux pas, je le fais !". Car il y a "le péché qui habite en moi !". - "Qui me délivrera ?" - "Pour cette délivrance, grâce soit rendue à Dieu par Jésus Christ, Notre Seigneur !".

A travers cette "confession", on devine où se trouve la source principale de la connaissance exceptionnelle dont St Paul se vante sans complexe dans ses lettres, cette connaissance de l'histoire du salut - de toute histoire, de notre histoire - qui trouve son accomplissement dans le Christ : "Gloire à Dieu par le Christ", par le Christ ressuscité, le Christ toujours vivant. Lui seul délivre, délivre l'homme !

Cette "connaissance" exceptionnelle, il la doit au drame personnel qu'il a vécu tout au long de sa vie et qui taraudait sa conscience : le drame de son peuple en lequel, depuis des siècles, le dessein d'amour de Dieu pour l'homme se manifestait et dont la révélation plénière se trouve dans le mystère pascal du Christ, mais révélation que les Juifs, ses compatriotes n'admettaient pas ! C'était toute sa souffrance, son angoisse !

Dans sa seconde lettre aux Corinthiens, Paul avait fait allusion au "voile" que Moïse était obligé de mettre sur son visage ; il rayonnait tellement de la gloire divine depuis l'Alliance conclue avec Dieu sur la montagne du Sinaï que les hébreux ne pouvaient le supporter (Cf. Ex 34.33sv).
Alors, Paul parle dans cette lettre d'un "voile" qui empêche ses compatriotes de lire l'Ancien Testament dans sa vraie signification de l'histoire du salut. Il écrivait : "Leur entendement s'est obscurci. Jusqu'à ce jour, en effet, lorsqu'on lit l'Ancien Testament, ce même voile demeure.  Il n'est point retiré ; car c'est le Christ qui le fait disparaître. C'est quand on se convertit au Christ que le voile est enlevé ! Car le Seigneur, c'est l'Esprit (un Esprit toujours libérateur Cf. Rm 8.2 ; Gal. 5.1) ; et où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté (comme cette liberté donnée au Hébreux depuis l'alliance du Sinaï). Et, nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons, comme en un miroir, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire, par l'Esprit du Seigneur !". (2 Co. 3.14-18).

Cette connaissance exceptionnelle du dessein de Dieu, de Dieu qui veut, tout au long de l'histoire (et de notre propre histoire), libérer l'homme de toute entrave et du péché lui-même, St Paul l'avait pleinement reçue de la "lumière" du Christ ressuscité, sur le chemin de Damas. Dès lors, en quelques instants, il avait vécu de quoi mériter le nom d'"apôtre" qu'il revendiquait de pouvoir porter comme les autres. Pourquoi ? C'est que le "critère" d'apôtre - rappelons-nous l'élection de Mathias (Cf. Ac. 1.21sv) -, c'est d'être témoin de la résurrection du Christ qui illumine toute l'histoire du salut, toute l'histoire humaine, collective ou personnelle.

Les Douze apôtres, malgré les trois années de familiarité avec Jésus, avaient fortement peiné à rejoindre le Christ dans la solitude de ses options messianiques de "Serviteur souffrant" annoncé par Isaïe... C'est seulement après la résurrection du Christ qu'ils ont compris, très lentement encore, la signification de ce qu'ils avaient vécu, l'enseignement du Maître, la portée de la victoire du Christ sur la mort et donc sur le mal, sur le péché !

Au contraire, pour Paul, Hébreu, fils d'Hébreu, ancien pharisien, ce fut comme un "coup de foudre" sur le chemin de Damas. Avec le même zèle qu'il avait jadis déployé en persécutant la jeune Eglise chrétienne, avec ce même zèle qu'il reconnaissait facilement chez ses compatriotes, il a relu toute sa vie personnelle antérieure à la lumière des Ecritures, avec le l'éclair fulgurant du Christ mort et ressuscité. Comme les disciples d'Emmaüs, il fit cette expérience : "Commençant par Moïse et par tous les prophètes, le Christ leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait" (Lc 24.27).

Et cette connaissance exceptionnelle du mystère du Christ ressuscité s'est transformée aussitôt, chez Paul, en prédication : "Malheur à moi si je n'annonce pas l'Evangile" (I Co. 9.16),
cet Evangile de la Résurrection du Christ ("Si le Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi votre foi !" I Co. 15.14).,
cet Evangile du Christ toujours vivant, à tel point qu'il nous est plus présent que s'il était encore sur terre !

Peut-être que l'apôtre a parfait cette "connaissance" en relisant "toutes les Ecritures" au cours de cette sorte de "retraite" d'une bonne dizaine d'années (entre sa conversion et sa mission). "Retraite" dont il parle dans sa lettre aux Galates  : "Je suis parti pour l'Arabie" (Gal 1.17), où la tradition juive situe la montagne de l'Alliance ("Car le mont Sinaï est en Arabie" Gal 4.25), où l'on peut facilement faire mémoire de Moïse et d'Elie, les "rencontrer", comme Jésus le fit sur la montagne de la Transfiguration : il s'entretenait avec ces représentants de la Loi et des Prophètes ; "Ils parlaient de son "exode" qui allait s'accomplir à Jérusalem" (Lc 9.31).
Ne serait-ce pas à cette occasion, en Arabie, que s'est épanouie et affirmée chez Paul, en relisant et méditant la Loi et les Prophètes à la lumière du Christ ressuscité, cette pleine "connaissance" du dessein d'amour de Dieu pour l'homme, de l'histoire du salut dont il parle si souvent dans ses lettres (principalement celles aux Romains et aux Galates) ?

C'est avec cette "connaissance" qu'il nous redit aujourd'hui : seule la grâce de Dieu est capable de nous apporter la délivrance par Jésus Christ.
Le Christ a vaincu la mort ; il a donc vaincu le péché (le péché étant cause de la mort. cf. Rm 5.12). Il a vaincu le péché en nous-mêmes alors même que l'on puisse, aussi longtemps que l'on vit dans un "corps mortel", retomber sous l'emprise du péché et "se plier à ses convoitises" (Cf Rm 6.12). Mais un jour, la victoire du Christ sera totale en nous ! "O Mort, où est ta victoire ?" (I Co. 15.56). Désormais, le chrétien, justifié par la foi (Gal 3.26sv ; Rm 3.21sv ; 6.2sv) a rompu avec le péché ; il devient avec le Christ ressuscité un être nouveau (Rm 6.15), une "créature nouvelle" (2 Co. 5.17).

Rendons grâce à Dieu d'avoir suscité, dès le début de l'Eglise, un "Saul de Tarse" pour s'adresser à nous, païens, et nous dire que la grâce du Ressuscité peut nous sanctifier, nous "justifier". Il nous apprend à lire les Ecritures pour mieux décrypter en notre propre histoire et en celle de tous les hommes, l'histoire du salut en Jésus Christ !

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