28e Dimanche
du T.O. 13/C
“Et les neuf autres, où sont-ils ?”. Cette interrogation du Seigneur, chacun de nous
peut la faire sienne, vis-à-vis des neuf autres…, de tous les autres qui, comme
nous, ont rencontré Jésus, ont été guéris par lui et qui, depuis, semblent
l'avoir oublié. “Et les neuf autres, où
sont-ils ?”
Cette interrogation qui brûlait le cœur du Christ brûle, doit brûler le nôtre également, surtout en cette semaine de prière
pour les missions.
Parmi tous les baptisés, c'est le petit nombre qui
entrera dans une église, aujourd'hui dimanche pour participer à
l'Eucharistie, rendre grâce à Dieu, par Jésus-Christ, de tous les
dons reçus… Parmi tous ceux qui, au seuil de la jeunesse, ont proclamé
personnellement leur foi et promis fidélité au Christ, combien viendront le
dimanche se ressourcer en écoutant la Parole de Dieu et affirmer leur
foi, leur attachement au Seigneur… ?
Ces questions posées en écho à celle de Jésus
éveillent des souvenirs, évoquent des visages… Loin de moi de condamner
les absents, ces absents dont on dit qu'ils ont toujours tort ! Mais combien
notre cœur est lourd,
parfois, de
tous les absents aimés, dont la présence nous rendrait si légers ! “L’amour n’est pas aimé”, a-t-on dit
! L'amour humain, passe encore, puisque,
si souvent, il s'enveloppe d'indélicatesse, d'incompréhension…, de
sentimentalisme volatil. Mais l'Amour de Dieu ?
“Et les
neuf autres, où sont-ils ?” Cette question, sur les lèvres de
Jésus, n'est pas chargée de condamnation ou de rejet… Est-ce possible d'ailleurs
quand on aime vraiment ? Mais elle est lourde de peine et de tendresse. Au
souvenir des absents, de tel parent ou de tel ami très cher, rejoignons
Jésus-Christ et souffrons avec lui, pour lui, pour eux… Aimons aussi, comme Jésus,
de cet amour extraordinaire que nous rappelle St Paul : “Si nous sommes infidèles, Lui restera fidèle, car il ne peut se renier
lui-même” (2 Tm 2.13).
“Et les
neuf autres, où sont-ils ?” … Sur cette question, une
autre se greffe : pourquoi ne sont-ils plus là ? Et une troisième encore
: “N’y serais-je pas pour quelque chose ?”
Le Livre des Rois nous rapporte l'histoire de Naaman…
Celui-ci était guéri miraculeusement par Dieu de la lèpre qui l'affligeait.
Pour rendre grâce au Seigneur, Naaman veut offrir un présent au prophète Elisée
et presse celui-ci d'accepter. Naaman veut partager autour de lui le bonheur qu'il a rencontré sur sa
route… Et nous ? Partageons-nous suffisamment
autour de nous ?
Parmi tous ces baptisés qui continuent leur marche
dans la vie sans s'arrêter le dimanche pour rendre grâce à Dieu, trouver près
de lui vigueur nouvelle, il en est qui ont abandonné toute pratique, parce que
un jour, disent-ils, ils ont été mal accueillis par un prêtre, une Religieuse
ou simplement par un chrétien… Excuse facile, répond-on ! Peut-être ! Et
cependant...
On se dit pour se rassurer : “C’est signe que leur
foi était bien faible !” - La nôtre serait-elle donc si solide ?
Ne vaudrait-il pas mieux dire : c'est à travers mon
comportement et mes paroles que les gens jugent l'Eglise et le Christ
lui-même… Est-ce que j'en ai bien conscience ? Est-ce que j'agis toujours
en conséquence ?
Allons encore plus loin dans l'interrogation de
nous-mêmes : Des amis nous ont quittés. A ces départs, nous trouvons toues
sortes de raisons : ils ont manqué de générosité… Ils se sont laissés
reprendre par l'égoïsme, les soucis ou les plaisirs du monde. - Et s'ils
étaient partis à cause de nous ? Parce
que nous les avons rebutés par notre rigueur ou scandalisés au contraire par
notre laisser-aller… ou, bien plus, par notre suffisance spirituelle... Parce que nous les avons laissés solitaires,
alors qu'ils attendaient une communauté fraternelle ? Parce que nous les avons dégoûtés
par nos mesquineries, alors qu'ils espéraient trouver en nous des passionnés de
Jésus-Christ… !
“Suis-je le
gardien de mon frères ?”, interrogeait Caïn pour se disculper…
Supprimons l'interrogation : “Oui, je suis le gardien de mon frère”.
“Et les neuf autres, où sont-ils ?” Cette question qui nous oblige à nous
juger nous-mêmes, nous remet en face de l'essentiel. Cet "essentiel"
permanent, l'apôtre Paul nous le rappelle : “Souviens-toi de Jésus-Christ !”. Voilà ce à quoi
nous devons tenir par-dessus tout, si nous voulons ne pas rejoindre, un jour,
ceux qui, après avoir marché un temps avec le Christ, continuent leur route
sans lui…, et seuls souvent !
“Souviens-toi
de Jésus-Christ !” : Quand tu soignes les malades
ou les vieillards, quand tu enseignes les jeunes, quand tu accueilles…, dans
toute rencontre, “souviens-toi de
Jésus-Christ !”. A travers tous ceux-là, c'est le Christ que tu
rencontres ; Lui-même l'a affirmé ! Il faut t'en souvenir.
“Souviens-toi
de Jésus-Christ !” : Quand tu souffres dans ton
corps meurtri par la maladie, dans ton esprit plongé dans la nuit, dans ton
cœur que blesse l'indifférence… Souviens-toi que, si tu gravis un calvaire,
quelqu'un t'y a précédé et, qu'à travers la souffrance, c'est lui que tu
rejoins… Souviens-toi non pas tant de la Croix que de Jésus crucifié… !
“Souviens-toi de Jésus-Christ !”, quand
tu travailles au service de tes frères. Dans ce service, ce qui compte, ce ne
sont pas tes idées, tes goûts, tes manières de faire, c'est avant tout Jésus-Christ
! En conséquence, le chrétien n'agit pas par raison sociale ou politique…, Ou
plutôt, s'il agit socialement, politiquement, c'est toujours au nom de Jésus
Christ, comme l'a fait, par exemple, Robert Schuman, l'un des fondateurs de
l'Union Européenne, dont le "procès" de sainteté est ouvert -. Le
chrétien agit non point au nom de certaines structures plus ou moins justifiées parfois, mais toujours au nom de Jésus-Christ, frère de tous les hommes et instaurateur
d'un ordre nouveau : le Royaume à venir !
- “Souviens-toi
de Jésus-Christ”, écrivait
l'Apôtre.
- “Faites
ceci en mémoire de moi”, disait Jésus.
L'Eucharistie, Mémorial de la mort et de la résurrection
du Seigneur, est le grand moyen de nous souvenir de Lui… !
Alors,
peut-être, contribuerons-nous à favoriser le “retour des neuf" : “Et les neuf autres, où sont-ils ?”
- “Souviens-toi
de Jésus-Christ” !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire