30e T.O. - Lundi (Rm
8, 12-17)
Nous sommes aujourd’hui dans le chapitre 8ème
de l’épître aux Romains qui pourrait être intitulé : "La vie du
chrétien dans l’Esprit !". La lecture du jour commence au verset 12ème.
Il faudrait la reprendre, me semble-t-il, dès le début de ce chapitre...
St Paul, après la confession pathétique qu’il a
faite de la lutte intérieure
qui fut la sienne, qui est la nôtre aussi, nous dit - et on a toujours besoin
de s’en persuader -, qu’il n’y a plus de
condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus !
Bien des chrétiens, en effet, traînent trop
facilement des sentiments de culpabilité
stérile!
D'ailleurs, il faudrait, spirituellement, éviter
tout amalgame et bien distinguer la culpabilité et le repentir.
La culpabilité nous jette souvent dans cet "univers morbide de la faute"
dont parlait naguère un certain Dteur A. Hesnard (disciple de Freud !), un univers en lequel on
ne cesse de macérer sa faute jusqu'à épuisement ; et cela, la plupart du temps,
sous la pression d'un orgueil bafoué !
Par le repentir au contraire, nous sommes
appelés, comme David, à rebondir humblement pour devenir de plus en plus, avec
la grâce miséricordieuse de Dieu, une "créature
nouvelle", à devenir de plus en plus "fils de Dieu" ! - "Crée
en moi un cœur pur", demandait David.
La culpabilité entrave souvent en nous cet élan
de "fils de Dieu", au lieu d'accroître notre contemplation du
Christ en croix, et de regarder avec émerveillement cette source divinement
miraculeuse qui sort de son côté percé par la lance du centurion, et dont la
puissance régénératrice est bien plus forte que celle du fleuve qui sortait du
temple selon la vision du prophète Ezéchiel.
"Si notre cœur nous condamne, disait St
Jean, Dieu est plus grand que notre cœur !" (I Jn 3.20). Par notre repentir véritable, que notre
regard ne cesse jamais de se porter constamment "vers
Celui qui a été transpercé"
(Cf Za. 12.10 - Jn 19.34,37), pour notre
rédemption !
Mais, pour autant, n’allons pas dire comme un
illustre hérétique (Luther) : "Pecca fortiter et crede
fortius" ("Pèche fortement et crois
plus fortement encore !").
La foi, ranimée par notre repentir sincère,
porte notre regard vers le Christ en croix,
nous fait profiter de cette source qui sort du vrai
Temple qu'il est désormais,
nous invite à vivre dans une reconnaissance éperdue
et fait ainsi rebondir toute notre vie en lui
faisant reprendre un élan qui n’est rien moins que l’Esprit Saint en
personne.
"Et si l'Esprit de Celui qui a ressuscité
Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus
d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui
habite en vous (Rm 8, 11).
Vivre dans
l’Esprit, en enfant de Dieu, c’est encore chasser la crainte paralysante. "Aussi bien n'avez-vous pas reçu un esprit d'esclaves pour
retomber dans la crainte, continue
St Paul ; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait
nous écrier : Abba ! Père !
L'Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous
sommes enfants de Dieu et cohéritiers du Christ !", (Rm 8, 15). C'est en ce sens que St François de
Sales affirmait : "La peur (de Dieu)
est plus redoutable que le péché".
Certains écrivains modernes ont cyniquement abusé
de certains textes du Nouveau Testament. Je pense à André Gide, commentant la
parabole de l’"enfant prodigue". Il fait dire au fils aîné, voyant
son cadet revenant vers son Père qui l’accueille en le prenant dans ses bras et
en organisant la fête où l’on tue le veau gras : "A mon tour
maintenant. Je vais en faire autant, puisque le pardon est si facile !".
D’autres ont parlé, dans le même sens, du sacrement
de réconciliation dont il serait trop facile d’abuser, l’absolution étant
donnée si facilement.
Ces caricatures cyniques ne doivent avoir pour
effet que de nous faire vivre plus authentiquement en la Vie divine, en cette
vie selon l’Esprit !
St Augustin ne disait-il pas que les chrétiens
doivent être "amoureux de beauté spirituelle, non comme des esclaves
sous la Loi, mais en hommes libres, ressuscités par la grâce"…, à charge
d’aimer les autres, non seulement comme nous-mêmes, mais comme Dieu nous a
aimés !
Tel est le commandement nouveau de la nouvelle
Alliance !
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