vendredi 11 octobre 2013

Mort et Résurrection !

T.O. 27 - Vendredi   -                                      (Jl 1, 13… 2,2)

Aujourd’hui et demain, la liturgie nous met à l’école du prophète Joël. Les efforts qu’on a faits, pour le situer dans le temps, sont restés vains. Aucune allusion à un événement historique précis ne permet de le dater. Dans l’espace, c’est un peu moins difficile de le situer. Il porte beaucoup d’intérêt au Temple de Jérusalem, au sacerdoce, au rituel des cérémonies. C’est donc un Judéen dont l’horizon se borne à Juda et à Jérusalem.

Sa prédication se fait dans un style clair et lyrique. Elle est comme une musique qui reflète le rythme fondamental de l’Histoire Sainte qui est fait d’anéantissement et de surgissement, de mort et de résurrection dans une espérance invincible du "Jour" où Dieu interviendra d’une manière décisive pour établir l’harmonie et la justice.

La liturgie nous le fait lire au moment où on commence à s’approcher de la fin de l’année liturgique, le moment où elle tend à donner une préférence à la littérature apocalyptique.
Ayant parcouru la Bible tout au long de l'année, nous sommes invités à tirer l’enseignement qui se dégage de ce voyage biblique. Après avoir considéré le passé, nous sommes invités à lever un coin de voile (sens du mot apocalypse) pour essayer d’imaginer ce que sera l’avenir.
Le livre de Joël se présente donc comme une transition entre les livres prophétiques où s’est dégagée la signification providentielle des évènements de l’histoire, une transition entre cette littérature prophétique et la littérature apocalyptique.
Au terme de l’année liturgique, Joël nous présente une philosophie de vie, ou plutôt une théologie de l’histoire. Précieuse théologie, car dégagée des conditionnements de l’espace et du temps, elle se présente comme une lumière contemporaine apte à nous faire déchiffrer les voies de la Providence, dans les crises de l’histoire comme dans celles de nos vies personnelles.

Deux jours sont consacrés à la lecture de Joël.
Aujourd’hui, c’est l’appel à la pénitence ; demain ce sera l’évocation de la "Restauration". Toujours ce rythme de mort et de résurrection auquel Jésus donne un accent final par sa mort et sa résurrection, comme il l’explique sur la route, aux disciples d’Emmaüs.

Il n’y a pas si longtemps, la plupart des chrétiens, même non pratiquants, mais qui se faisaient un devoir d'être présents aux enterrements, savaient par cœur, en latin, l’hymne qui retentissait dans les églises parées de tentures noires d’autant plus épaisses ou nombreuses que le défunt était une personne importante (Il y avait, n'est-ce pas, enterrement de première classe, de deuxième classe, de troisième classe... Heureusement la réforme liturgique issue du concile Vatican II a supprimé toutes ces draperies mortuaires !).
C'était le "Dies irae, dies illa, solvet saeclum in favilla : Teste David cum Sibylla" ("Jour de colère que ce jour-là, qui réduira le monde en cendres, selon David et la Sibylle"). Jeunes et taquins attendaient avec amusement le moment où les chantres risquaient de se gripper la gorge avec le "Tuba mirum spargens sonum per sepulcra...". (La trompette, jetant ses notes stupéfiantes parmi les tombeaux...).
Cette hymne célèbre qui date du 12ème-13ème siècle (parfois attribuée à un franciscain, Thomas de Celano) est inspirée de ce que nous avons entendu à la fin de la lecture : Sonnez du cor à Sion, donnez l'alarme sur ma montagne sainte  ! Que tous les habitants du pays tremblent, car il vient, le jour du Seigneur, il est proche ! Jour d'obscurité et de sombres nuages, jour de nuées et de ténèbres ! Comme l'aurore, se déploie sur les montagnes, voici un peuple nombreux et fort, tel que jamais il n'y en eut, tel qu'il n'en sera plus après lui, de génération en génération". (Jl 2, 1-2) 

La lecture d’aujourd’hui nous invite donc à attendre dans la "crainte et le tremblement" ! Ce que Jésus nous invite à faire en déchiffrant les "signes du temps" : "Il disait aux foules : 'Lorsque vous voyez un nuage se lever au couchant, aussitôt vous dites que la pluie vient, et c'est ce qui arrive. Et lorsque c'est le vent du midi qui souffle, vous dites qu'il va faire chaud, et c'est ce qui arrive. Hypocrites, vous savez discerner le visage de la terre et du ciel ; et ce temps-ci alors, comment ne le discernez-vous pas ?  ( Lc 12, 54-56)

Les signes des temps se multiplient de nos jours, on ne peut ouvrir un journal sans trouver de multiples invitations à y déchiffrer la signification providentielle. Mais Jésus nous met en garde contre une tendance assez fréquente à trouver trop facilement des rapports de cause à effet entre les catastrophes et les responsables : "En ce même temps survinrent des gens qui lui rapportèrent ce qui était arrivé aux Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs victimes. Prenant la parole, il leur dit : 'Pensez-vous que, pour avoir subi pareil sort, ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens ? Non, je vous le dis, mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous pareillement. Ou ces dix-huit personnes que la tour de Siloé a tuées dans sa chute, pensez-vous qu'elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Non, je vous le dis ; mais si vous ne voulez pas vous repentir, vous périrez tous de la même manière'(Lc 13, 1 –5).

Les canicules, les massacres, les famines, les épidémies, les changements climatiques et que sais-je encore, nous sommes appelés, à l’école de la Bible et des Apocalypses, à les vivre, tous et chacun, comme des appels à la repentance. Et en ce sens, la paix que nous espérons n’est pas une utopie : "Alors Jésus se mit à leur dire : 'Prenez garde qu'on ne vous abuse…. Lorsque vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerres, ne vous alarmez pas : il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin. On se dressera, en effet, nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura par endroits des tremblements de terre, il y aura des famines. Ce sera le commencement des douleurs de l'enfantement. Soyez sur vos gardes" (Mc 13, 5. 7-9a).

Mais "quand ces évènements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche !" (Lc 21.28).

Aucun commentaire: