T.O. 27 - Jeudi - Fin des temps - Venue du Messie !
Un seul passage du livre de Malachie en notre année liturgique !
On ne sait pas son nom, à ce "petit"
prophète (l'un des derniers) ! Celui qui lui est attribué vient du premier
verset du chapitre 3ème : "J'envoie
mon messager...". "Mon messager" se dit en hébreu :
"maléaki", d'où "Malachie" ! "Mon messager !" : il sera ainsi assimilé au précurseur du
Messie dont il annonce la venue !
C'est un prophète très critique,
voire violent, au verbe tonitruant ! Aussi peut-il être considéré comme le
précurseur du "Précurseur" de Notre Seigneur, Jean-Baptiste
qui lui emprunte son langage acerbe : "Voici que je vais envoyer mon messager, pour qu'il fraye un
chemin devant moi. Et soudain il
entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez ! Qui soutiendra le
jour de son arrivée ? Qui restera droit quand il apparaîtra ? Car il est comme
le feu du fondeur et comme la lessive des blanchisseurs". (Ml 3.1-2)
Malachie vit au milieu du 5ème
siècle, peu après Aggée et Zacharie, Esdras et Néhémie. Mais leur réforme
n'avait pas donné tout ce qu'ils espéraient. Aussi c'est toujours une époque de
grand scepticisme ; et le découragement avait fortement émoussé la
foi du petit nombre d'exilés revenus à Jérusalem !
Malachie réagit vigoureusement. Il
place chacun - prêtre surtout, mais "laïc" également - devant
ses responsabilités. Ce faisant, il sera le réformateur de la vie cultuelle
et de la vie morale... et cela jusqu'au temps de Notre Seigneur !
Pour l'heure, c'est le temps de la
démoralisation. Et chacun va répétant : "Inutile de servir Dieu,
d'observer les préceptes, de suivre des processions en faisant pénitence ! Tout
cela balivernes puisque "même
ceux qui font le mal sont prospères ; ils mettent Dieu à l'épreuve, et ils
s'en tirent bien !".
Mais, affirme Malachie, le "Jour"
vient où il y aura le jugement :
- un jugement très dure pour la
classe sacerdotale en général, pour ces prêtres qui méprisent le Nom du
Seigneur (Cf. 1.6), lui rendant non pas un
culte véritable mais simplement formel, n'y voyant souvent qu'une occasion de
profit et d'intérêt social.
- et un jugement juste pour ceux
qui craignent le Seigneur : ce petit peuple qui fréquentent le temple, ce
peuple piétiste auquel on doit un bon nombre de psaumes. Ceux-là - ceux qui
louent véritablement le Seigneur -, le Seigneur "les traitera avec tendresse, comme un homme traite avec tendresse son
fils qui le sert"..
Ainsi y-a-t-il chez Malachie une forte
opposition entre le peuple fidèle qui cherche Dieu, le loue et le clergé qui
gère, de façon orgueilleuse et intéressée le culte et la pastorale de ce peuple
découragée mais avide de Dieu ! Malachie n'hésite pas à mettre en contraste l'authenticité
du service de ceux qui craignent le Seigneur et l'inauthenticité du
service des prêtres ! La "Restauration" désirée après l'exil n'a pas
eu lieu, n'a apportée que l'hypocrisie cultuelle et morale. Les valeurs
authentiques qu'apportent une profonde justice et la réalisation d'un culte non
formel mais véritable n'existent pas !
Mais le "Jour" du Seigneur
vient, affirme Malachie. Et ce jour est conçu comme "eschatologie".
Ce sera le "Jour grand et
redoutable" (3.23). Ce sera un jour de conversion et de pénitence pour que la venue du
Seigneur ne soit pas destruction totale! En ce "Jour eschatologique",
il n'y aura plus d'institutions cultuelles ou autres, puisque les institutions
ont fortement déçu... Il n'y aura qu'un jugement absolu, une sélection de ce
qui est authentique et inauthentique ! Le "jugement dernier", selon
St Matthieu, s'inspire de cette pensée.
Le "Jour" du Seigneur vient ! Il y aura un jugement absolu avec la venue du Messie. Viendront ensuite
avec lui de nouvelles et adéquates structures. Mais, provisoirement, dit
Malachie, ce qui est envisagé est comme une fin et non comme un
accomplissement. Il n'y a plus de structures véritablement adéquates. Il n'y a
même plus de prophéties. Car les prophètes avaient prédit la
"Restauration". Et voilà que Malachie - ce prophète suicidaire en
quelque sorte - dénonce la "Restauration" ! Alors pour alimenter
quand même l'espérance messianique, on se contentera de relire les grands
prophètes ; et "c'est
tout" !
Et le peuple rentrera, doit rentrer dans
une paix et un silence intérieurs en vue de la venue du Messie !
Pour que la prophétie et surtout le
sacerdoce retrouve une place quelque peu créatrice, il faudra une très grande
crise, un séisme : la persécution d'Antiochus-Epiphane (2ème s.). Encore faut-il savoir
que les grands Prêtres de Jérusalem pactiseront avec le persécuteur ; ce sont
les prêtres des campagnes qui brandiront l'étendard de la révolte, révolte qui
doit aboutir au Règne de Dieu qui vient.
Pour Malachie, ce regard sur
l'eschatologie, sur l'épouvantable fin des temps doit cependant donner courage
à ceux qui combattent ! Car ce "Jour eschatologique" annonce que "le soleil de justice se
lèvera" (3.20), le Messie !
Que conclure de ce prophète de "fin
des temps" au langage très dur ? Chacun est appelé à répondre. Mais nous
pouvons nous interroger :
- comment se fait-il qu'une véritable
"Restauration" n'ait pas encore porté tous ses fruits et dans le
monde et dans notre propre cœur ? Après deux milles ans de christianisme
?
- Notre "culte" du Seigneur
est-il véritablement authentique et non teintée de nos pensées si
facilement mesquines ? Notre "culte de Dieu" répond-il à celui que
Jésus laissait entrevoir à la Samaritaine : un culte "en esprit et
vérité" ?
- Et puis il y a le "Jour du Seigneur", la venue du Seigneur. Mais, pour nous, Dieu est venu ! Il reviendra, certes ! Et il vient en chaque jour si
nous savons le reconnaître. En avons-nous véritablement conscience surtout à
l'occasion de chaque Eucharistie : il "sonne" à notre porte chaque
jour !
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