jeudi 10 octobre 2013

"Jour" du Seigneur !

T.O. 27 - Jeudi   - Fin des temps - Venue du Messie !

Un seul passage du livre de Malachie en notre année liturgique !

On ne sait pas son nom, à ce "petit" prophète (l'un des derniers) ! Celui qui lui est attribué vient du premier verset du chapitre 3ème : "J'envoie mon messager...". "Mon messager" se dit en hébreu : "maléaki", d'où "Malachie" ! "Mon messager !" : il sera ainsi assimilé au précurseur du Messie dont il annonce la venue !
C'est un prophète très critique, voire violent, au verbe tonitruant ! Aussi peut-il être considéré comme le précurseur du "Précurseur" de Notre Seigneur, Jean-Baptiste qui lui emprunte son langage acerbe : "Voici que je vais envoyer mon messager, pour qu'il fraye un chemin devant moi. Et soudain il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez ! Qui soutiendra le jour de son arrivée ? Qui restera droit quand il apparaîtra ? Car il est comme le feu du fondeur et comme la lessive des blanchisseurs". (Ml 3.1-2)

Malachie vit au milieu du 5ème siècle, peu après Aggée et Zacharie, Esdras et Néhémie. Mais leur réforme n'avait pas donné tout ce qu'ils espéraient. Aussi c'est toujours une époque de grand scepticisme ; et le découragement avait fortement émoussé la foi du petit nombre d'exilés revenus à Jérusalem !
Malachie réagit vigoureusement. Il place chacun - prêtre surtout, mais "laïc" également - devant ses responsabilités. Ce faisant, il sera le réformateur de la vie cultuelle et de la vie morale... et cela jusqu'au temps de Notre Seigneur !

Pour l'heure, c'est le temps de la démoralisation. Et chacun va répétant : "Inutile de servir Dieu, d'observer les préceptes, de suivre des processions en faisant pénitence ! Tout cela balivernes puisque "même ceux qui font le mal sont prospères ; ils mettent Dieu à l'épreuve, et ils s'en tirent bien !".

Mais, affirme Malachie, le "Jour" vient où il y aura le jugement :
- un jugement très dure pour la classe sacerdotale en général, pour ces prêtres qui méprisent le Nom du Seigneur (Cf. 1.6), lui rendant non pas un culte véritable mais simplement formel, n'y voyant souvent qu'une occasion de profit et d'intérêt social.
- et un jugement juste pour ceux qui craignent le Seigneur : ce petit peuple qui fréquentent le temple, ce peuple piétiste auquel on doit un bon nombre de psaumes. Ceux-là - ceux qui louent véritablement le Seigneur -, le Seigneur "les traitera avec tendresse, comme un homme traite avec tendresse son fils qui le sert"..

Ainsi y-a-t-il chez Malachie une forte opposition entre le peuple fidèle qui cherche Dieu, le loue et le clergé qui gère, de façon orgueilleuse et intéressée le culte et la pastorale de ce peuple découragée mais avide de Dieu ! Malachie n'hésite pas à mettre en contraste l'authenticité du service de ceux qui craignent le Seigneur et l'inauthenticité du service des prêtres ! La "Restauration" désirée après l'exil n'a pas eu lieu, n'a apportée que l'hypocrisie cultuelle et morale. Les valeurs authentiques qu'apportent une profonde justice et la réalisation d'un culte non formel mais véritable n'existent pas !

Mais le "Jour" du Seigneur vient, affirme Malachie. Et ce jour est conçu comme "eschatologie". Ce sera le "Jour grand et redoutable" (3.23). Ce sera un jour de conversion et de pénitence pour que la venue du Seigneur ne soit pas destruction totale! En ce "Jour eschatologique", il n'y aura plus d'institutions cultuelles ou autres, puisque les institutions ont fortement déçu... Il n'y aura qu'un jugement absolu, une sélection de ce qui est authentique et inauthentique ! Le "jugement dernier", selon St Matthieu, s'inspire de cette pensée.

Le "Jour" du Seigneur vient ! Il y aura un jugement absolu avec la venue du Messie. Viendront ensuite avec lui de nouvelles et adéquates structures. Mais, provisoirement, dit Malachie, ce qui est envisagé est comme une fin et non comme un accomplissement. Il n'y a plus de structures véritablement adéquates. Il n'y a même plus de prophéties. Car les prophètes avaient prédit la "Restauration". Et voilà que Malachie - ce prophète suicidaire en quelque sorte - dénonce la "Restauration" ! Alors pour alimenter quand même l'espérance messianique, on se contentera de relire les grands prophètes ; et "c'est tout"  !

Et le peuple rentrera, doit rentrer dans une paix et un silence intérieurs en vue de la venue du Messie !

Pour que la prophétie et surtout le sacerdoce retrouve une place quelque peu créatrice, il faudra une très grande crise, un séisme : la persécution d'Antiochus-Epiphane (2ème s.). Encore faut-il savoir que les grands Prêtres de Jérusalem pactiseront avec le persécuteur ; ce sont les prêtres des campagnes qui brandiront l'étendard de la révolte, révolte qui doit aboutir au Règne de Dieu qui vient.
Pour Malachie, ce regard sur l'eschatologie, sur l'épouvantable fin des temps doit cependant donner courage à ceux qui combattent ! Car ce "Jour eschatologique" annonce que "le soleil de justice se lèvera" (3.20), le Messie !

Que conclure de ce prophète de "fin des temps" au langage très dur ? Chacun est appelé à répondre. Mais nous pouvons nous interroger :
- comment se fait-il qu'une véritable "Restauration" n'ait pas encore porté tous ses fruits et dans le monde et dans notre propre cœur ? Après deux milles ans de christianisme ?
- Notre "culte" du Seigneur est-il véritablement authentique et non teintée de nos pensées si facilement mesquines ? Notre "culte de Dieu" répond-il à celui que Jésus laissait entrevoir à la Samaritaine : un culte "en esprit et vérité" ?
- Et puis il y a le "Jour du Seigneur", la venue du Seigneur. Mais, pour nous, Dieu est venu ! Il reviendra, certes ! Et il vient en chaque jour si nous savons le reconnaître. En avons-nous véritablement conscience surtout à l'occasion de chaque Eucharistie : il "sonne" à notre porte chaque jour ! 

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