28e T.O. 13.
Mardi - La "Justice de Dieu" (2)
envers les Juifs (Rm 2.1-11)
St Paul nous l'a fait comprendre : la "Justice
divine" est une activité divine pleine de miséricorde par laquelle
Dieu pardonne aux pécheurs qui accueillent la "vérité" de son amour
pour tout homme.
Mais certains, nous a dit l'apôtre, "ont changé la vérité de Dieu contre
le mensonge" ! Ils sont alors, selon une expression biblique,
objet de la "colère de Dieu".
Cependant comprenons bien : cette "colère de Dieu" n'est que son
incapacité face au refus de l'homme d'accueillir la "vérité" de son
amour, une incapacité qui est le reflet de l'incompatibilité absolue entre Dieu
et le péché de l'homme se détournant de Dieu. En ce sens, Dieu laisse l'homme
pécheur à son dessein néfaste, le "livre",
disait St Paul, "à son esprit sans
jugement pour faire ce qui ne convient pas" (1.28).
Dieu livre les hommes pécheurs à leurs
convoitises...! C'est, chez l'apôtre, familier des textes sacrés, une
formule qui reprend un thème biblique très caractéristique :
Quand l'humanité n'adore plus son Créateur (et c'est encore le cas parfois), elle est
comme "désaxée". Et ce dérèglement est la juste sanction du refus
de Dieu. Les hommes deviennent alors, dit Isaïe (13.19),
comme le peuple de Sodome et Gomorrhe, lieu d'une terre "retournée",
"renversée". Dans la Bible quand on évoque cette région, on parle de
"Mahapékah Sedom". "Mahapekah" veut dire
"contraire", "retournement". En cette région de péché par
excellence, de refus de Dieu, on dirait que la terre elle-même s'est comme
"révulsée", "retournée" (c'est
l'endroit de la mer morte : moins 400 m. au dessous du niveau de la mer, le
point le plus bas du globe).
Autrement dit, à la vue du
"retournement" de l'homme contre Dieu, la terre elle-même réagit et
se "retourne" contre l'homme. (Les divers
"écolos" devraient méditer sur cette conséquence !). Il y a
comme une solidarité entre la terre et l'homme, entre l'"adama" et
l'"Adam". L'homme, l'"Adam" devenant pécheur, la terre ("adama"), l'univers orchestre cette
aberration et se "retourne", se "révulse". "Mahapékah
Sedom" !
Et Dieu qui a créé l'homme "libre" ne
peut rien contre cet enchaînement qui conduit au désastre, à
l'anéantissement, au néant, une incompatibilité absolue étant entre Dieu et le
péché en lequel l'homme s'enferme. Dans la parabole du riche et de Lazare, Dieu
dit au premier qui, après sa mort, "est
dans un lieu de torture" : "Entre
vous et nous, il a été disposé un grand abîme pour que ceux qui voudraient
passer d'ici vers vous ne le puissent pas et que, de là non plus, on ne
traverse pas vers nous" (Lc 1626). Oui, il y a un abîme, une
incompatibilité absolue entre Dieu et le péché en lequel l'home peut
s'enfermer. Voilà bien, en cette image, l'expression de la "colère de Dieu" !
St Paul avait justement commencé à décrire les
effets de cette sorte de "colère de
Dieu" qui n'est rien moins - encore une fois - que le laisser-aller du
désordre dont la cause est le refus de Dieu, de son amour. Il l'avait fait à
propos du "péché des païens" qui auraient du reconnaître Dieu dans les
œuvres de la création... !
Aujourd'hui, dans notre lecture, Paul fait la même
réflexion à ses frères, les Juifs. Car la "justice de Dieu"
s'exerce envers les Juifs comme envers les Païens : "Tu es sans excuse, toi (La
plupart des commentateurs pensent que Paul, par cette expression, s'adresse
déjà aux Juifs), qui que tu sois,
qui juges !". Peut-être que l'apôtre fait allusion au travers courant
des Pharisiens, mais qui est aussi l'attitude de beaucoup ! "En jugeant, c'est toi-même que tu
condamnes puisque tu en fais autant toi qui juges !" ... "Car toi
aussi tu méprises les richesses de Dieu, sa bonté, sa générosité...!".
Et St Paul de rappeler que Dieu est disposé à
donner à ceux qui cherchent à bien faire, malgré leurs fautes, Vie éternelle,
gloire, honneur... Mais à ceux qui se rebellent, par orgueil, contre la
"vérité" (de Dieu), il annonce
colère, indignation, détresse et angoisse...
Et cette annonce doit se faire "...au juif d'abord, puis au Grec", précise-t-il
clairement. Si le Juif est nommé en premier, c'est qu'ayant reçu plus de
lumière que le païen, il doit mériter davantage... Le P. Lagrange
commentait : "Les fautes des païens
étant commises à l'encontre d'une Loi non écrite (la Loi naturelle), ceux-ci ne
peuvent être convaincus de culpabilité que par qui pénètre le secret des
cœurs... Aux Juifs, il suffisait d'exposer le texte de la Loi (reçue au Sinaï).
Pour convaincre le païen, il faudra le témoignage de sa conscience. Je vois ici
un indice d'un grand débat que Paul a sans cesse voulu mettre en lumière !".
Aussi l'apôtre, à la suite de notre lecture
précisera fortement : La "Justice de
Dieu" s'exercera envers les Juifs comme envers les païens, mais
d'autant plus envers les Juifs qui ont reçu la Loi et les promesses divines !
Qu'en sera-t-il de nous, baptisés, religieux,
religieuses... qui avons reçu non seulement une Loi - une Loi d'amour -, mais
le "Verbe de Dieu", Dieu fait homme ? N'oublions pas : "A qui l'on a beaucoup donné, on
demandera beaucoup ; à qui l'on a beaucoup confié, on réclamera davantage
!" (Lc 12.48)
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