mardi 28 février 2012

Notre Père !

Carême 1. Mardi - Psaume 33 (34)

A ceux qui veulent prier - “Apprends-nous à prier“ (Lc 11.1), demandaient les disciples de Jésus -, à ceux qui veulent manifester leur “alliance“ avec Dieu, l’évangile nous rappelle aujourd’hui la “prière par excellence“, la “Prière du Seigneur“, celle qui résonne désormais en toutes les langues, de par le monde entier ! “Notre Père… !“. Et lorsqu’on se rend au Mont des Oliviers, en la “chapelle du Pater“, on est émerveillé de voir les formules du Seigneur inscrites sur les murs en une multitude de langues !

L’homme - consciemment ou inconsciemment - est invité à s’adresser à Dieu en disant : “Notre Père… ! Père !“. Dieu est Père. Il reste Père même (et surtout peut-être) lorsque nous nous trouvons dans la détresse, le désarroi !

C’est toute la leçon du psaume 33ème dont la liturgie nous livre un passage comme une invitation à le méditer en entier !

“De David, dit le titre, quand il altéra son bon sens (il simula la folie - I Sam. 21.) devant Abimélek qui le chassa (1).
Mais peu importe les circonstances ! Le psalmiste se félicite de sa confiance en Dieu qui lui a valu un grand bienfait. C’est toute sa louange !

Et à l’expression de sa reconnaissance personnelle, il entend associer les “humbles“ de son peuple, tous ceux qui sont fidèles au Seigneur malgré les épreuves, les “craignants Dieu“, les pauvres qui s’adressent à lui comme à un Père ! Notre Père… ! - “Je te loue Père, Seigneur du ciel et de la terre, disait Jésus, d’avoir caché cela aux sages et au savants et de l’avoir révélé au tout petits“ (Lc 10.21). Jésus nous associe à sa prière ! Notre Père… !

Car les “craignants Dieu“ sont tout simplement ceux qui reconnaissent que Dieu est Dieu, que l’homme est l’homme, et qu’il y a entre les deux une infinie distance, mais que cette distance peut être franchie si on compte sur Dieu, si on sait qu’il pourvoit à nos besoins, qu’il libère et du mal, et du péché et de la mort elle-même… Et nous-mêmes, nous ajoutons désormais : Il libère en son Fils : … Notre Père… ! Pour le psalmiste, il convient de bénir Dieu. Car s’il a pris en main la cause de son serviteur, il fera de même pour tous !

Aussi, il demande notre attention : “Fils, écoutez-moi !“, dit-il. “Ausculta, o fili“, dira de même St Benoît. - Ecoutez !, disait Jésus : “Vous qui savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est au ciel donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui le lui demandent“ (Mth 7.11).

Et tous les psaumes répéteront à l’envie : les maux peuvent pleuvoir sur les justes, les cœurs peuvent être brisés (Ps 51.19 ; 147.3), les esprits abattus, Dieu - Notre Père… ! - veille ; il délivrera ! Les os des justes ont pu être “terrifiés“ (Ps 6.3), disloqués (Ps 22.15), comptés (Ps 22.18), rongés (Ps 31.11) et consumés (Ps 32.3), ils ne seront pas brisés (Ps 34.21 ; 50.10 ; Is 38.13 ; Mi. 3.3), comme ne l’étaient pas ceux de l’agneau pascal (Ex 12.46), victime offerte à Dieu (cf. Jn 19.36). Notre Père… qui nous donne son Fils !

Victime offerte qui nous est donnée pour que nous soyons introduits auprès de Dieu notre Père qui, toujours, délivre !

“Goutez et voyez comme est bon le Seigneur“ !, s’exclame alors le psalmiste. Et chacun de nous avec lui ! Le P. Louis Bouyer pense que d’après St Pierre (“Comme des enfants nouveau-nés…, vous avez goûté combien le Seigneur est bon“ - 1 Pet 2.3), ce verset 9ème du psaume fut utilisé dans l’Eglise primitive pour la communion eucharistique. “Notre Père… qui donne le pain du ciel… !“

Pour cela il faut savoir écouter ! On dirait, d’après le psaume, qu’il y ait une corrélation entre l’écoute de Dieu et l’écoute de l’homme. Quoi qu’il en soit, la lecture d’aujourd’hui nous encourage à écouter, à accueillir la semence de la Parole de Dieu qui ne peut être sans résultat… Ecoutez Dieu au fond de son cœur ! Et avec un peu d’humour, Claudel de nous conseiller en ce temps de carême : Pour cela, “tiens ta langue avec tes doigts et mets un compteur à tes lèvres !“.

Et Mère Térésa avait bien raison de remarquer : "Les âmes de prière sont des âmes de profond silence… Il faut nous habituer au silence de l'esprit, des yeux et de la langue. Impossible de trouver Dieu dans le bruit et l'agitation. Regardez les arbres, les fleurs, l'herbe, toute la nature, ils ne croissent que dans un profond silence…“.

C’est dans le silence, dans le secret du cœur silencieux, que l’on peut invoquer humblement et murmurer avec grande confiance : “Notre Père… !“.

(1) On pourrait faire un parallèle entre David le psalmiste
- les frayeurs de celui-ci (comme les nôtres) correspondent à la grande crainte de David !
- Le psalmiste (et chacun avec lui) cherche Dieu qui lui répond. - David consulte le Seigneur qui lui répond.
- Dieu délivre le juste comme il n’a pas livré David à son ennemi.
- Le messager du Seigneur campe autour de ceux qui le craignent. Il les libère. - Un messager libère David…

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