jeudi 1 mars 2012

Priez !

Carême 1. Mardi (Esther 14.1-14 – Math. 7.7-12)

L’histoire d’Esther est simple, même si la rédaction de ce livre est compliquée (deux traditions : hébraïque et hellénique).

Les Juifs sont en exil ! Mais Esther, belle jeune fille, a plu au roi… Elle devient sa “préférée“. Elle devient reine ! Cependant, le premier ministre, en quelque sorte, très puissant, cherche l’anéantissement du peuple juif !

Esther est donc dans une situation difficile et douloureuse : comment, sans déplaire au roi, lui révéler ce que trame son premier ministre qu’il estime afin de “sauver“ ses frères de race ?

Esther n’a qu’un recours : Dieu ! Elle prie Dieu avec une magnifique confiance. Et cette prière d’Esther doit être la nôtre lorsque nous traversons - et cela arrive - des moments très difficiles face à des épreuves intérieures ou extérieures : tout semble s’écrouler en nous-mêmes ou autour de nous ! Loin de se révolter ou simplement de “demander des comptes à Dieu“, de le mettre en devoir de résoudre le problème, Esther manifeste sa foi, son inaltérable confiance en Dieu : le Seigneur ne peut rejeter son peuple !

Tous les saints ont témoigné de cette confiance en Dieu au milieu des tempêtes de la vie. Le “Malin“ est assez rusé et trompeur pour que nos diverses souffrances deviennent obligatoirement des objections à la foi en Dieu. Thérèse de Lisieux, à la fin de sa vie ici-bas, Mère Térésa furent ainsi tentées…

“Espérer contre toute espérance“, disait St Paul. Telle fut l’attitude d’Esther en sa prière. L’Apôtre, lui, parle dans l’une de ses lettres d’un problème sérieux et douloureux qu’il devait affronter en permanence. “Trois fois (c’est-à-dire de nombreuses fois), dit-il, j’ai demandé au Seigneur de m’en libérer“. Et le Seigneur lui répondit : « Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (la faiblesse de tout homme !). C’est pourquoi j’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort“ (2 Co. 12.7sv).

Voilà le message d’Esther, de Paul et de tous les saints : la confiance en Dieu, malgré les apparences humaines parfois contradictoires ! St Pierre exhortait les premiers chrétiens à avoir confiance en Dieu dans les persécutions elles-mêmes : “Décharchez-vous sur Dieu de tous vos soucis, puisqu’il s’occupe de vous“ (I Pier. 5.7).

C’est la leçon de Jésus dans l’évangile : “Quiconque demande, reçoit !“. Mais il faut le savoir : nous ne recevons pas toujours ce que nous désirons ; mais nous recevons toujours ce que notre Père du ciel désire pour nous, lui qui, par amour pour nous, donne “de bonne choses à ceux qui demandent !“. Et ces “bonnes choses“ sont toujours supérieures à nos désirs… !

Ayons donc confiance en toute circonstance puisque Dieu prend soin de nous quoi qu’il arrive ! “La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde…“, disait Jésus. Nous saurions alors que la prière et la grâce sont dans les mêmes relations qu’un cri avec son écho !

Beaucoup disent : La prière, c’est pour les moines, les moniales, les prêtres… ; ils ne se sentent pas assez vertueux pour s’adresser à Dieu. C’est un raisonnement fallacieux : les personnes qui ne veulent pas prier avant d’avoir acquis toutes les vertus ressemblent à une petite graine qui refuserait de se laisser mettre en terre avant d’avoir poussé ses racines, sa tige et ses feuilles.

Et si, dans la prière, on a l’impression que l’on n’a rien à dire, rien à donner et même rien à demander, on peut encore donner plus que tout : une prière, et quelle prière : une prière de pauvre…, Et le pauvre sollicite toujours la richesse ! N’est-ce pas la meilleure des demandes ? La richesse de Dieu !

C’est alors que la prière devient une manière de faire de sa pauvre vie une conversation avec Dieu. En ce sens, Ste Thérèse de Lisieux disait : “Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur, un simple regard jeté vers le ciel, un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie… !“.

Il est vrai cependant que la véritable prière, même la prière de pauvre, exige un esprit d’humilité, un esprit d’abnégation de soi qui détourne notre pensée de nous-mêmes. Avec son humour habituel, St François de sales disait : “Ne vous amusez point, au temps de la prière, à vouloir savoir ce que vous faites et comme vous priez, car la meilleure prière, c’est celle qui nous tient si bien employés en Dieu que nous ne pensons point à nous-mêmes ni à ce que nous faisons“.

Et nous efforcer à être ainsi en Dieu en nous oubliant nous-mêmes éduque à pouvoir être en nos frères, quand il le faut. Car il faut remarquer la dernière phrase de l’évangile : “Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le donc pareillement pour eux“. Le signe de notre élan vers Dieu est peut-être l’élan que nous avons pour nos frères…! “Rien ne rend Dieu proche que le prochain. Pour qui voit Dieu lointain, le prochain ne sera jamais bien proche ; pour qui ne voit pas le prochain bien proche, Dieu restera toujours lointain“ (Mgr Ghika). Et Notre Seigneur de conclure : “C’est là en effet la Loi et les Prophètes !“.

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