mercredi 8 février 2012

Lois et règlements !

5 T.O. Mercredi - (Mc 7. 14-21)

Il arrive parfois que des chrétiens viennent dire à un prêtre : “Je ne sais plus me confesser… Quand j'étais enfant, j'avais ma petite liste, toujours la même d'ailleurs. Mais je ne suis plus un enfant… et cette liste d’autrefois ne correspond plus à rien !“. Et certains même de conclure : “A vrai dire, je ne sais plus ce que c'est qu'un péché. Alors, je ne me confesse presque plus “.

Et nous-mêmes savons-nous ce qu’est un péché ? “Si on savait véritablement…“, disait le Curé d’Ars ! Pourtant, disait naguère Jean-Paul II : “Il faut avoir le courage d'appeler bien ce qui est bien, et mal ce qui est mal“. Mais, précisément, dans notre société actuelle, on ne sait plus au juste ce qui est bien et ce qui est mal ! Et nous-mêmes, le savons-nous ? Autrement dit : qu'est-ce qui nous rapproche de Dieu ? Qu'est-ce qui nous éloigne de Dieu ?

C'était la question soulevée par les pharisiens et Jésus dans l’évangile d’hier. Pour les pharisiens, c'était affaire de rites, de règlements qu'il fallait observer fidèlement : était pur, était sans péché, celui qui se lavait les mains avant de manger et qui lavait ses plats et ses assiettes d'une certaine manière conforme aux habitudes et traditions des anciens, etc… “Pourquoi tes disciples n'observent-ils pas nos traditions ?“, demande-t-on à Jésus.

Alors Jésus de répondre : “Vous vous attachez à des règlements, à des traditions humaines, mais votre cœur reste loin de Dieu !“. Ce qui nous éloigne de Dieu, ce n'est pas obligatoirement de manquer à des habitudes, à des règles. Ce qui nous éloigne de Dieu, ce sont les pensées mauvaises que nous entretenons dans notre cœur. Et Jésus de préciser : "Inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil". C'est tout cela qui nous éloigne de Dieu !

Reprenons quelques-uns de ces mots de Jésus :
- "Inconduite, débauche", c'est-à-dire, tout ce qui nous rabaisse, tout ce qui rabaisse l'idéal que nous ressentons en nous-mêmes, chrétiens, religieux, religieuses, ce qui rabaisse la vocation à laquelle Dieu nous appelle et dont nous avons à témoigner ! N’y a-t-il pas, pour chacun, beaucoup à dire ?
- "Adultère", dit encore Jésus : autrement dit, quand on laisse l'amour, la charité s'étioler, se faner, en famille, entre époux, certes…, mais aussi entre religieux, religieuses ! Voilà ce qui nous éloigne de Dieu. Aimez-vous ! C’est à ce signe qu’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples, disait Jésus !
- "Méchancetés, diffamations", ajoute Jésus. Tout ce qui nous sépare des autres, tout ce qui nous divise, tout cela nous éloigne, nous sépare de Dieu. Exclure de notre cœur - même quelque peu, pour un moment - une personne quelle qu'elle soit, c'est chasser Dieu lui-même de notre cœur !
- "Cupidité, envie, fraude". Autrement dit, quand l'argent prend la première place dans nos préoccupations, on s'éloigne de Dieu. Bien sûr !
Mais l’argent, l’“avoir “peut facilement prendre l’habit d’un petit rien, d’un petit pouvoir à nous accordé et sur lequel personne n’a droit de regard ! Que l’oiseau soit tenu par une chaine ou un léger fil de rien du tout, disait Cassien, il ne peut toujours pas s’envoler… On ne le sait que trop surtout dans une vie religieuse : on peut rester attaché par de “petits riens“ : un petit objet, une petite habitude, voire une manie ; et même par l’interprétation d’un neume dans une phrase musicale comme si notre salut en dépendait ! Sans même avoir conscience alors qu'on ne vit plus que par soi-même, que pour soi-même selon ses petites idées - selon son “avoir“ -, alors que tout l’Evangile pose toujours la question : “Qu'as-tu fait de ton frère ?“

Bien sûr, Jésus n'interdit pas aux hommes (encore moins à l'Eglise) de bâtir des lois, des règlements ; c'est même normal en communauté. La liberté des enfants de Dieu n'est pas individualisme, libéralisme. Et tenir compte des règlements - se laver les mains avant de manger : dans un pays chaud, c’est très important… ! Etre à l'heure à un rendez-vous, à une réunion communautaire… etc - peut être preuve de délicatesse et envers Dieu et envers ses frères. Et il y aurait beaucoup à dire, me semble-t-il, sur ceux qui prennent prétexte de leur liberté pour briser la communion et l'harmonie dans leurs communautés humaines ou chrétiennes.

Mais ce que Jésus n'admet pas, c'est qu'on donne un caractère divin, absolu, sacré à des habitudes purement humaines. Toutes doivent être relatives, c’est-à-dire relatives à cette unique Loi de l'amour de Dieu et du prochain, dont on ne peut en aucun cas se dispenser : “Je vous donne un commandement nouveau, c'est que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés“. Et il est donc important de mesurer toute manière d’agir à l’aune de la charité !

L'Evangile d’aujourd’hui parle du dedans et du dehors, de l'intérieur et de l'extérieur. Ce qui importe avant tout, dit Jésus, c'est l'intérieur, c'est le dedans, c'est le cœur. Car c'est dans le cœur que tout naît et que tout se joue. Si le cœur est bon, tout l'être sera bon !
Le cœur est le lieu où tout peut surgir, le bien comme le mal, l'amour comme la haine, les sentiments de vengeance comme les sentiments de réconciliation et de pardon.

C’est pourquoi, pour éviter, spirituellement, une “crise cardiaque“, mieux vaut aller se confesser pour conserver, malgré tout, un “cœur noble et généreux“, dirait St Luc, pour acquérir de plus en plus, disait St Paul, “les sentiments qui étaient dans le cœur même du Christ“. N'est-ce pas cela l'important ?

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