samedi 31 décembre 2011

En élan vers Dieu !

Noël – 31 Décembre

Hier, avec Marie - “Elle méditait en son cœur“ -, nous sommes encouragés à exercer notre mémoire afin de découvrir les traces de Dieu en notre vie : au fur et à mesure que nous progressons dans le temps, nous ramassons le passé afin de l’intégrer dans un élan vers l’avenir.

C’est ce que fait, par exemple St Matthieu dans sa généalogie de “Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham“. Il remonte jusqu’à ce patriarche pour reprendre toute l’Histoire Sainte afin de mieux découvrir l’accomplissement des promesses faites à Abraham.

St Luc, lui, propose une généalogie qui remonte jusqu’à Adam, … jusqu’à Dieu !

St Jean, au sommet de la pensée néo-testamentaire, reprend les choses “au commencement“. Tous les mots, ici, sont lourds de signification.
- “Et le Verbe était avec Dieu“ - “pros ton Théon“, en grec -. Ce “pros“, mieux que d’indiquer une simple compagnie (“avec“ Dieu), veut souligner tout un mouvement permanent de relation, un élan permanent de vie avec Dieu.
- Et St Jean indique plus loin : “Le Fils Unique nous a fait connaître le Père“. Mais le verbe, ici, (ézégèsato) ne veut surtout pas entendre une connaissance intellectuelle, spéculative ; son sens primitif est “conduire“ : Le Fils nous conduit vers le Père ! Là encore, il s’agit d’un élan de vie !

Autrement dit, tout le périple terrestre que nous faisons est contenu dans ce “pros Théon“, dans cet élan vers Dieu.

Mais l’élan de l’homme avait été comme embourbé par diverses servitudes, aliénations… qui l’empêchaient de bondir vers Celui qui l’avait pourtant créé “à son image et ressemblance“. Aussi, Celui qui, dans la Trinité, est parfaite “Image du Dieu invisible“ (Col 1.15) a comme détourné son élan vers le Père pour “passer“ au milieu des fils d’Adam et leur redonner leur élan premier. Il nous faut donc être attentif pour être de plus en plus sur la trajectoire de Jésus qui passe en notre vie, être comme les aveugles de Jéricho qui “apprenant que c’était Jésus qui passait, se mirent à crier : « Seigneur, aie pitié de nous ! » “.

Alors, c’est évident, il nous fera connaître le Père, c’est-à-dire il nous “conduira“ vers le Père, nous redonnera l’élan nécessaire pour aller vers le Père. Et ce n’est pas par hasard que ce même St Jean notera à la fin de son évangile les paroles de Jésus : Maintenant, “je remonte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu“. Il s’agit, là encore, de la même conjonction de relation : “pros“, “vers“ mon Père et votre Père.

C’est tout ce voyage que nous avons à faire ici bas : reprendre élan vers le Père, à la suite du Christ, lui qui n’est qu’élan vers le Père.

St Jean avait bien compris cela, lui qui écrit dans sa première lettre : “Nous vous annonçons la Vie éternelle qui était tournée vers (pros) le Père et qui s’est manifestée à nous…, nous vous l’annonçons afin que vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Et notre communion est communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ“ (I Jn 1.2-3).

Evidemment, nous sommes plongés ici dans le mystère de la Trinité où chaque Personne divine n’est que élan vers les deux autres…, n’est que “relation“ vers l’autre…, comme disent les théologiens. L’un d’eux, - théologien et un peu poète, c’est rare (!) - disait : “imaginez un oiseau qui ne serait que vol !“.

Oui, cet élan, à la suite du Christ, transfigure notre existence. On est appelé, dans la réalité la plus banale de l’existence, à exorciser l’égoïsme pour, peu à peu, devenir comme Dieu, “à son image et ressemblance“, sans égoïsme, n’être plus que élan, relation vers Dieu, vers l’autre. N’exister que comme relation vers Dieu, vers l’autre… !

Oui, Dieu n’est pas un solitaire. On est appelé à le voir comme une famille, une harmonie. Et quand Jésus dit : “Qu’ils soient un comme nous sommes un“, ce n’est pas une vague comparaison. C’est le mystère même de Dieu qui vient comme nous envelopper afin de vivre, dès ici bas, le mieux possible, d’une charité qui soit “épiphanie“, manifestation de Dieu-Trinité.

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