mercredi 14 décembre 2011

Foi - Espérance !

3 Avent Mercredi 11-12 - Foi et espérance au-delà de toute question

Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?“

Impossible d’oublier les questions et peut-être le doute de Jean-Baptiste ! Il est en prison. Hérode l’a fait enfermer dans la forteresse de Machéronte, sur les hauteurs de la mer morte. Comment ne pourrait-il ne pas s’interroger ? Il sait qu’il est à la merci de ce monarque fantasque. Et pourtant, pourtant, il a été fidèle à sa mission de prophète, dénonçant courageusement les mauvaises conduites de son temps (qui sont toujours actuelles !). Que fait donc Dieu à qui il a consacré toute sa vie ? Et puis, Jésus, son cousin, est-il vraiment son envoyé ? “Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?“

Je ne sais si la question de Jean-Baptiste affleure à vos lèvres. L’affirmer serait une grande impertinence de ma part. Ce que je sais : cette question est souvent posée à un prêtre ; et vous l’avez certainement entendue vous-mêmes. Face au malheur du monde, au milieu de grandes épreuves, on demande : “Où est Dieu ? Que fait-il ?“. Et du Dieu que les chrétiens prient, on affirme de plus en plus son absence… Il n’est que le souvenir d’un passé révolu, d’une culture qui s’efface de plus en plus… Pire : des hommes qui se disent chrétiens s’égorgent en certains pays ; ou commettent des actes abominables… ! Et nous allons sur le chemin de notre vie répétant comme les deux disciples d’Emmaüs : Et nous qui espérions qu’il allait délivrer notre monde. Or…, voici plus de deux mille ans…, depuis deux mille ans !!! (Cf Luc 24.21). Et “rien de nouveau sous le soleil“ !

Pourtant il nous est répété particulièrement en ce temps de l’Avent : “Le Royaume de Dieu est proche ; il est au milieu de vous“ - “Allez rapporter à Jean ce que vous voyez : les aveugles voient ; les boiteux marchent ; les lépreux sont guéris ; la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres !“. Nous avons mission de répéter notre conviction de foi, inlassablement : “Le Royaume de Dieu est là, ne le voyez-vous pas ?“. – Et St Jacques ne dit-il pas : “Prenez donc patience, frères, jusqu'à la venue du Seigneur. Voyez le cultivateur : il attend le fruit précieux de la terre sans s'impatienter... Vous aussi, prenez patience, ayez le cœur ferme, car la venue du Seigneur est proche“. (Jc 5.7-8).

Et pour illustrer la comparaison de St Jacques, je me permets de vous transmettre ce qui pourrait être un conte de l’Avent, afin de balbutier quelques bribes d’une réponse toujours bien fragile à l’aune de notre pauvre intelligence humaine :
Un jeune homme rêve : il se voit entrer dans un grand magasin. Derrière le comptoir, se tient un Ange qui fait office de vendeuse : “Que vendez-vous ?“, lui demande le jeune homme. “Tout ce que vous désirez“, lui répond l’Ange avec grande courtoisie. Alors le jeune homme se met à énumérer : “Dans ce cas, je voudrais bien la fin des guerres dans le monde ; je voudrais plus de justice, plus de tolérance, plus de générosité…, surtout envers les plus pauvres. Et surtout je voudrais davantage d’amour dans les familles, du travail pour tous…“. Mais l’Ange lui coupe aimablement la parole en lui disant : “Veuillez m’excuser, jeune homme ; mais je pense que vous ne m’avez pas bien compris : ici, on ne vend pas des fruits ; on ne vend que des graines“.

Jésus nous l’a pourtant bien dit : Dieu est un Semeur. Il a semé, il sème encore des graines de justice dans le cœur de l’homme, des germes de réconciliation, des germes de pardon, des germes d’amour et de tendresse. Pas des fruits, des semences seulement ! C’est à nous de les faire éclore et pousser. C’est à nous de faire marcher les boiteux, d’éclairer les aveugles, de donner parole aux sans-voix, de servir les pauvres (“Ils sont nos maîtres“, disait St Vincent de Paul !). Les mains du Christ, le regard du Christ, la tendresse du Christ doivent passer par nos mains, nos yeux et notre cœur pour que ce que Dieu a semé deviennent fleurs, arbres et récoltes abondantes !

Et puis, d’immenses champs de par le monde n’offrent-il pas de beaux fruits divins ? Je le sais comme vous : l’Ennemi a semé aussi de l’ivraie qui s’y mélange ; et Notre Seigneur nous dit lui-même : “Laissez l’un et l’autre croître ensemble jusqu’à la moisson“ (Cf Mth 13.24). Jusqu’à la moisson !

Prenons donc patience… et parfois “en espérant contre toute espérance“ (Rm 4.18), et cela grâce à notre confiance en Jésus-Christ, grâce à la foi qu’il nous donne. Or, la foi n’est-elle pas “une manière de posséder déjà ce que l'on espère, un moyen de connaître des réalités que l'on ne voit pas“ (Heb 11.1).

Aussi, à tous : bonne route sur le chemin de votre vie. Et même, et surtout s’il est rude, trop rude, je me permettrai de vous fredonner le jour de Noël : “Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière… Oui, un enfant nous est né… On proclame son Nom : “Dieu-fort, Prince-de-la-paix, Père-à-jamais !“ (Is 9.1sv)

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