mercredi 7 décembre 2011

La foi de Marie !

Immaculée Conception 2011

Nous imaginons parfois et disons : La VIERGE Marie n’avait pas de mal à croire, elle, l’Immaculée ! L’Ange l’avait saluée comme comblée de grâces (Lc 1.28). Il lui annonce la naissance d’un fils : “Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut… Il règnera pour toujours. Son règne n’aura pas de fin“ (Id 32). Et puis, finalement, le privilège de son immaculée conception ne la garantissait-elle pas de toute tentation…, et principalement de la tentation contre la foi ?

C’est vite dit, si je puis dire. Jésus lui-même, Fils de Dieu, n’a pas eu nécessairement, dès son plus jeune âge, la claire vision de sa mission. Il y a eu chez lui, comme chez tout homme, éveil et croissance, épreuves et approfondissements, hésitations et choix, nuit et lumière. “Tout Fils qu’il fut, il apprit…“, dit la lettre aux Hébreux (5.8). Facilement et inconsciemment, nos réflexions rappelleraient l’erreur du docétisme (1) ! Il faut le dire et le répéter : Jésus ne fut pas une “apparence“ d’homme, un déguisement de Dieu. Il fut un homme réel avec des heures de clarté et des moments de ténèbres…

Il en est de même, a fortiori, de la Vierge Marie. Elle fut une femme bien réelle, connaissant épreuves, hésitations, moments de ténèbres…, comme nous-mêmes ! Les plus grands mystiques n’ont-ils pas des périodes de “nuit obscure“, comme l’on dit ! Certes, l’expérience que Marie a vécue et que Luc nous rappelle à travers le récit de l’Annonciation fut-elle pour elle une illumination extraordinaire. Mais cette illumination ne l’empêcha pas, nous dit l’évangile, d’être “troublée“, se posant moult questions… Elle ne comprend pas tout de suite ; elle cherche et finalement, c’est dans la foi qu’elle prononce son “fiat“. “Bienheureuse celle qui a cru…“, lui dira sa cousine Elisabeth (Lc 1.45).

Et sur ce point, je ne peux que vous conseiller de relire la magnifique encyclique du pape Jean-Paul II sur la Vierge Marie : “Redemptoris Mater“ du 25 mars 1987. Près de 25 ans ! Mais c’est toujours d’actualité !

Oui, toute la vie de Notre Dame fut un long “pèlerinage dans la foi“, tant à travers “toutes les épreuves et les difficultés de la période de l’enfance de Jésus“ que plus tard et tout au long de sa vie publique. Et le pape ose affirmer qu’elle vivait une sorte de “nuit de la foi“ (n° 17). Cette nuit de la foi devait atteindre son obscurité la plus profonde ay calvaire. Son fils en croix ! N’était-ce pas là le démenti formel des paroles de l’ange : “Il règnera pour toujours sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin“ ? (n°18).

Non, la foi de Marie ne fut pas facile. Croire, c’est garder la foi ; ce n’est pas obligatoirement marcher en pleine lumière. C’est bien souvent être dans l’obscurité la plus complète, mais marcher quand même, prier quand même, rester debout quand même ! Marie, debout au pied de la croix, s’en remet totalement à Dieu, comme Jésus lui-même qui s’écrie : “Père, entre tes mains, je remets mon esprit !“.

Nous-mêmes, nous cheminons dans la foi. Comme Marie, nous connaissons des périodes lumineuses. Mais comme elle aussi, nous vivons des heures de ténèbres : c’est l’épreuve ; et je le sais : pour certains : épreuves rudes, dures ! On crie vers Dieu : pas de réponde ! On tend la main vers lui : on ne trouve que le vide ! Il faut se dire simplement : Jésus a connu cela. Et Marie aussi. C’est l’heure du silence de Dieu ! Il s’agit alors de tenir, de rester debout, d’être fidèle quand même ! La foi, c’est garder confiance envers et contre tout. Dieu fait silence, mais il est là, il n’a jamais été plus proche !

Comme dit St Paul : ici-bas, nous ne voyons les choses de Dieu que comme à travers un mauvais miroir. Mais le jour viendra, où nous verrons Dieu face à face ! Le pèlerinage de la foi, la Vierge Marie l’a terminé le jour de son Assomption. Elle est désormais un guide sur la route. Sur la croix, Jésus nous a confiés à elle en disant à l’apôtre Jean : “Voici ta mère !“, et en lui disant à elle : “Voici ton fils !“.

Prions Marie ! Prions la et tout spécialement pour tous ceux qui cheminent plus souvent dans la nuit de la foi que dans la lumière ! Avec eux, puissions-nous chaque jour relever le défi de la foi : marcher sans tomber ; et toujours se relever si l’on est tombé ! (n°52).


(1) Le Docétisme (du mot grec “dokein“ : paraître) est une hérésie du 2ème-3ème siècle qui niait la réalité de l’Incarnation et n’attribuait à Jésus qu’une “apparence“ d’homme.

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