mardi 6 décembre 2011

Le "Retour" !

Avent 2 – Lundi, Mardi

Il faut lier les lectures de ces deux jours (Isaïe : lundi-Mardi).
C’est une scène à la fois historique, liturgique et eschatologique.

- Historique : Le peuple Juif revient d’exil par cette fameuse route des multiples “allers et retours“ (Ouest-Est-Ouest). C’est là l’œuvre de Dieu qui, lui-même, ouvre la marche. Aussi est-elle “royale“, cette voie ! Et sur son passage, tout refleurit. La terre devient luxuriante et féconde comme celle du Liban, comme celle du Carmel ou de la plaine fertile de Sharon près de la côte.

“Aller-retour ; retour-aller“ : c’est le rythme de notre propre cœur, de notre souffle de vie. Et, un jour, nous pousserons notre dernier souffle en sachant cependant que Dieu nous le rendra définitivement ; ce sera l’œuvre de Dieu, une re-création éternelle au rythme du mystère pascal du Christ, au rythme de sa mort, puis de sa vie…, une re-création au souffle éternel de l’Esprit qui, selon la vision d’Ezéchiel, ressuscite les morts. Et toute notre espérance n’est-elle pas cette respiration d’un aller et retour avec le Christ : “Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, reviendra comme cela, de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel“ (Ac. 1.11). Peut-être n’y-a-t-il que les poètes ou les mystiques pour décrire ce rythme de notre vie, comme l’auteur du Cantique des cantiques : “Viens du Liban, ô fiancée, fais ton entrée. Tu dévaleras du sommet de l’Amana… et de l’Hermon, des retraites des lions et des montagnes à panthères… Viens !“ (Cant 4.8). Et nous répondrons avec cette fiancée de Dieu : “Je dormais, mais je m’éveille. J’entends mon bien-aimé…“ (Id 5.2). C’est notre histoire ! Exils-retours… en l’attente de la Jérusalem dont Dieu seul est l’architecte et le fondateur (Cf Heb 11.10).

- Aussi cette scène historique est également une scène liturgique : Ce retour d’exil prend la forme d’une procession vers Jérusalem, vers le Temple du Seigneur. Ce ne sont que chants de joie et d’allégresse ! Les sourds, les boiteux, les muets - cette catégorie de personnes exclue du Temple depuis la malédiction du jeune David conquérant la colline de Sion - font partie du cortège. Et il y a ce signe messianique par excellence : le Seigneur fait entrer tous les hommes au cœur droit dans son Temple, sans discrimination.
C’est le chant de nombre de psaumes… et de bien d’autres textes : Ezéchiel…, Baruch. C’est le grand thème de notre louange liturgique… C’est, déjà ici-bas, la louange de toute l’Eglise en marche vers la Jérusalem céleste, en union avec tous ceux qui nous précèdent…

- Cette scène historique, liturgique est finalement une scène eschatologique, la scène de la fin des temps : Car avec le Messie, “tous ceux qui appartiennent au Seigneur“ feront leur entrée en cette Jérusalem dont “Dieu est l’architecte et le fondateur“ - Ils y entreront en ce jour ; ce sera un jour unique“, prophétisera le prophète Zacharie ! (Cf. Zach. 14)

[Jour UNIQUE (“erad“ en hébreu), jour qui rappelle le premier jour de la Création (premier au sens également de UNIQUE, “erad“ - comme si l’auteur ne savait pas qu’il y en aurait d’autres -. Cf. Gen)].
C’est dire que toutes les tensions du monde se résoudront dans l’UNITE divine ; la création s’harmonisera - avec ce retour d’exil - dans cette UNITE divine ! “Un seul Dieu“, répète la Bible ! Mais Jésus nous a appris comment Dieu est UN. Il est UN dans l’Amour - “Dieu est Amour !“ -, cet Amour que s’échangent les trois Personnes divines. Aussi, “aimez-vous les uns les autres“, nous demandera Jésus, car nos relations d’amour sont destinées à venir s’insérer en celles que s’échangent éternellement les Personnes divines !

Aussi je conclurai rapidement : Quand Jésus prie : “Que ton Règne vienne !“, quand, entrant à Jérusalem le jour des Rameaux, il guérit, à la “Belle Porte“, un aveugle qui le suit jusque dans le temple…, il a certainement à la mémoire tous ces textes qui lui étaient familiers depuis son enfance.

Dans la culture juive, cette “Belle Porte“, à l’est du Temple, encore appelée improprement (à cause d’une mauvaise traduction du grec) “Porte d’Or“ et qui fait face aux cimetières juifs de l’autre côté du Cédron, est entièrement murée jusqu’à la fin des temps. Seul, le Messie doit l’ouvrir.

Chrétiens, nous le savons, cette “Belle Porte“ est déjà ouverte depuis la Résurrection du Seigneur, le jour où le voile du Temple s’est déchiré afin que nous puissions déjà “voir celui qui nous voit sans cesse“. Jésus n’a-t-il pas dit : “Je suis la porte !“. Aussi, cette “Belle Porte“ est-elle encore appelée “Porte de la miséricorde“ : tous les boiteux et aveugles que nous sommes spirituellement peuvent y entrer à la suite de Jésus.

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