mercredi 28 décembre 2011

En exil !

28 Décembre - Fête des Saints Innocents …!

Joseph et Marie s'en vont, le bébé dans les bras, le baluchon à l'épaule. Les voici sur les chemins de l'exil, chemins de peur…, vers un avenir incertain !
Comme ces routes sont encore fréquentées aujourd'hui ! Elles sillonnent notre terre de leurs tracés d'angoisses et de misères. Des millions de personnes de tout continent : “déplacés”, déportés, exilés, réfugiés, immigrés ! Victimes du racisme, de la guerre, d’un système politique ou de quelque cataclysme. Ils fuient avant qu'il ne soit trop tard pour se soustraire à la misère, à la prison, à la mort…

Joseph et Marie vivent une situation incompréhensible, douloureuse. Allez comprendre qu'Hérode menace de mort un bébé, que le tyran n'en veuille qu'à l'enfant ! Pourquoi devoir quitter sa patrie et trouver refuge en cette Égypte, ce pays dont Israël garde un si mauvais souvenir, terre d'esclavage et de sévices de tous genres ?

L'attente en pays étranger est toujours longue ! … Jésus dira plus tard que l'homme, ici-bas, est sur une terre d'exil, que s’il est dans le monde, il n’est pas du monde (Cf Jn 15.18 ; 17.14sv) : le Royaume est encore à venir ! C’est peut-être la grande leçon de notre Evangile ! Et la lettre aux Hébreux le rappellera : l’homme, sur terre, n’est qu’un voyageur, un étranger !

Remarquons encore que le risque est toujours grand pour un exilé de s'installer dans l'exil, qu’en lui ne brille plus la lumière de sa patrie et qu'ainsi son identité soit mutilée.
N’est-ce pas parfois notre cas, oublieux que nous sommes de notre vraie Patrie, pactisant trop facilement avec les ténèbres de notre terre d’exil, dit St Jean ? Et alors tant celui-ci que celui-là “ne sait où il va parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux“ (I Jn 2.11). Jésus n’acceptera, lui, ni l'écrasement ni la résignation. De Nazareth, il sortira pour dire qui il est : Chemin vers la Patrie, Lumière pour tout homme, Vie éternelle ! Mais on murmurera : “Celui-ci, nous savons d’où il est - de Nazareth ! - tandis que lorsque le Christ viendra, nul ne saura d’où il est !“ (Jn 7.27 ; Cf. 9.29). L’homme veut toujours enfermer l’homme !

Il n'est ni de Nazareth ni de Bethléem, ni d'un quelconque village de cette terre. Il est un exilé de chez son Père, du ciel. “Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde ; tandis qu’à présent, je quitte le monde et je vais au Père !“ (Jn 16.28. Cf 13.3…). Et son regard s'éclairait toujours de la lueur grandissante du Royaume de son Père, du Royaume à venir.

Aussi, c'est de Nazareth qu'il part pour clamer les béatitudes des pauvres et des persécutés, des étrangers ; et il les proclame à tous les exilés de la vraie patrie, celle de son Père ! Il y avait toujours en lui quelque chose de puissant, car il portait en lui l'espérance de tous les exilés. De toutes les servitudes, oppressions et fautes elles-mêmes, il tirait et tire toujours l’homme vers l'aube pascale de la liberté. Pour cela, il est passé par les chemins de l'exil qui s'enfoncent jusque dans l’ombre de la mort mais débouchent à la pleine lumière de la Vie éternelle !

Et cette mission de pleine liberté, de chemin vers la Patrie doit se réaliser en chacun d’entre nous ! St Paul l’a bien compris alors même que ses écrits rappellent les conditions sociales de son temps. Mais là n’est pas question. D’ailleurs, d'une culture à l'autre, d'une époque à l'autre, bien des choses peuvent changer dans la condition des personnes. Et parfois, tant mieux ! Cependant, le chrétien, semble dire St Paul, ne doit pas commettre des erreurs de perspective. Pour l’Apôtre, il s'agit, avant tout, de rappeler qu’“il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et vers qui nous allons !“ (I Co. 8.6). C’est en lui qu’est notre vraie Patrie !

Voilà pourquoi St Jean rappelle aux chrétiens que Dieu les a choisis pour être "ses fidèles et ses bien-aimés". Ceux que Dieu a aimés le premier doivent donc revêtir leur cœur des caractéristiques de la véritable Patrie ! Ils doivent laisser Dieu modeler en eux le citoyen du ciel !

Ainsi, au seuil de sa vie terrestre, Jésus a connu difficultés, soucis, épreuves ; il a été soumis aux heurs et malheurs des circonstances : un édit de l'empereur et il faut partir pour Bethléem ; la cruauté d'un roi et l’on doit s'enfuir, etc...

A Noël, nous avons chanté de diverses façons : "Notre Dieu est apparu sur la terre; il a vécu parmi les hommes". Autrement dit, il faut situer résolument notre évangile d’aujourd’hui, si actuel encore, dans le mystère de l'Incarnation. Le Fils de Dieu s'est vraiment fait homme. Il n’a pas fui les réalités humaines. Aussi, ne rêvons pas que Dieu est partout sauf là où l'on souffre et meurt, où vivent les hommes aux prises avec les réalités humaines, parfois si pénibles !

Non ! Dieu s’est fait homme. Il est là en toute circonstance humaine pour nous entraîner vers le Royaume de son Père, entraîner tous les exilés que nous sommes vers notre véritable Patrie !

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