lundi 12 décembre 2011

Je suis un âne !

Avent 3 Lundi

Elle est digne d’un conte de Perrault, cette histoire de Balaam (Nb 24). Je crois qu’on l’a déjà entendue au fils de l’année, dans le temps ordinaire ! Il faut la raconter aux enfants quand on en a l’occasion ; avec un talent narratif, ils en seront émerveillés, tout “esbaudis“, réjouis, j’en suis sûr !

Le roi de Moab (à l’est de la mer morte) voit d’un mauvais œil les Hébreux s’installer à l’ouest. Alors, il demande à un “Voyant“ célèbre, à ce Balaam qui a une réputation de magicien (Il doit être l’ancêtre de nos “Rois-mages“, il faut le savoir ! De plus, il arrive du pays d’Abraham, il faut le savoir !) de venir maudire ce peuple d’immigrés ! C’est toujours, plus ou moins, d’actualité !

Pour faire court, Balaam, monté sur son âne, va pour maudire le peuple de Dieu. Mais cet âne voit soudainement sur le chemin l’ange de Dieu lui barrer le passage, une épée à la main. Une première fois, il se cabre ; une seconde fois il dévie contre la muraille, blessant quelque peu son cavalier ; une troisième fois, il se couche. Alors, Balaam, en colère, le rudoie.

Et voici que l’âne se met à parler ! Et oui, un âne qui parle ! Savez-vous que cela arrive ? - “Pourquoi me battre ; je t’ai toujours été fidèle ! Mais regarde donc… !“. Et Balaam voit l’ange de Dieu lui barrant la route comme une armée, l’empêchant d’aller maudire le Peuple de Dieu !

Il faut bien le remarquer : c’est un âne qui d’abord voit l’ange de Dieu. Dès lors, l’âne de notre vie évoque certains moyens que Dieu prend pour nous parler. Car cet âne de Balaam prend la parole, figurez-vous ! Certains pensent que les ânes ne parlent pas. Ils ont tort. Ce sont des ânes ! Car l’âne de Balaam symbolise toutes les voies de nos vies qui semblent sans issue, rudes, escarpées et fatigantes… et qui mènent finalement à quelque chose…, à Dieu.
Quand on vieillit et que l’on voit le passé, on a une grande dévotion pour l’âne de Balaam, pour tous ces “ânes“ qui se sont manifestés en notre existence, des messagers de Dieu, finalement !

Et puis, l’âne a un grand rôle dans la Bible… C’est l’animal messianique par excellence… ! Rappelez-vous l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem ! C’est pourquoi on le voit déjà dans nos crèches. Avec le bœuf ! Les évangélistes n’en parlent pourtant pas. D’où viennent-ils donc ? Ils viennent d’Isaïe (1.3), ce grand prophète de la foi : “Le boeuf connaît son possesseur, et l'âne la crèche de son maître, Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas !“ – Lâchez un âne ou un bœuf n’importe où, sans entraves… Ils reviendront toujours vers leur maître. Puissions-nous avoir la fidélité de ces animaux dont on se moque si facilement parfois, en nos pays ! Car l’âne biblique n’est pas celui, vengeur, de La Fontaine, encore moins celui, hésitant, de Buridan !

Mais revenons à ce Balaam qui comprend finalement qu’il doit, non point maudire, mais bénir ! Et c’est l’un des oracles de cet “homme au regard pénétrant“ que présente notre lecture d’aujourd’hui. Il voit un “astre“ se lever. C’est l’étoile de David, l’étoile du “Messie-Roi“ ; c’est l’étoile de la crèche ; c’est l’étoile de l’“Emannuel“, Dieu-avec-nous ! Alors Balaam, au lieu de maudire, bénit Dieu et son peuple !

Finalement, j’aimerais bien être cet âne de Balaam ! Il a bien rempli sa mission, cet âne : désigner la présence de Dieu en nos vies.

Aussi bien humblement comme un âne, je vous dis : "Dominus vobiscum" - "Le Seigneur avec vous !".

Aucun commentaire: