jeudi 15 décembre 2011

Présence de Dieu !

Avent 3 Jeudi - (Is. 54.1-10 – Lc 7.24-30)

La lecture d’aujourd’hui - ainsi que l’évangile d’ailleurs - nous donnent l’occasion de reprendre la question d’hier, de poursuivre notre réflexion de foi.

Dieu est-il là ou n’y est-il pas ?
“Si Dieu existait, cela n’arriverait pas… !“. Combien de fois cette petite phrase est pensée et même exprimée à l’occasion de telle ou telle catastrophe ou simplement au moment d’une grande difficulté de vie, d’une grave maladie ou d’un deuil jugé prématuré ! Il arrive aussi de penser que Dieu n’intervient pas beaucoup et dans notre pauvre monde et dans nos vies parfois tristes ou trop monotones. Comme si Dieu était quelqu’un de très lointain qui, peu à peu, nous aurait oubliés.
Dieu est-il là ou n’y est-il pas ?

Pourtant Isaïe proclame aujourd’hui : “Crie de joie, femme stérile (oui, notre vie semble si stérile, parfois !). Ne crains pas… ; tu ne seras pas confondue… ; tu ne penseras plus au déshonneur d’avoir été abandonnée !“.

Dieu est-il là ou n’y est-il pas ? C’est ce sentiment qui courait parmi le peuple de Dieu en bien des moments de son histoire. Et parmi les Juifs d’hier et d’aujourd’hui également… ! Durant la shoah, Dieu aurait-il oublié ? “Crie de joie, répète Isaïe et d’autres prophètes… Le Seigneur te rappelle… Il vient !“. Elie Wiesel se rappelait tout à la fois cette question et cette affirmation qui couraient parmi les prisonniers d’Auschwitz !

Dieu est-il là ou n’y est-il pas ? C’est ce même sentiment qu’éprouvaient les contemporains de Jésus, si impatients de la venue du Messie - d’un “Libérateur“ - ; et ils lorgnaient vers les puissants du moment ou vers tel ou tel exalté qui excitait l’espérance de la venue salvatrice du Messie ! Mais, à chaque fois, c’était un feu de paille qui les consumait très vite eux-mêmes.
Et Jésus, lui, de désigner un homme de désert, Jean-Baptiste, comme “messager de Dieu“ ! Il ne vit pas dans les palais mais dans l’aridité d’une vie qui semble stérile. Est-ce possible ?

Dieu est-il là ou n’y est-il pas ? Et toujours, la même question est lancée aujourd’hui. Et toujours, nous sommes tentés de lorgner, nous aussi, vers les puissants, les héros du moment. Et toujours Jésus nous invite à rencontrer ceux qui, dans leur désert, annoncent sa venue. Car Dieu aime se rendre présent dans des gestes très simples de bonté, de pardon, dans des petites choses destinées à grandir comme le grain de sénevé de la parabole.

Dieu est-il là ou n’y est-il pas ? C’est vrai, Dieu semble bien déconcertant. Rarement il procède comme l’imagine notre intelligence pourtant si bornée souvent ! Alors, on dit qu’il nous oublie. - Regardez donc bien, nous dit Isaïe. N’y a-t-il pas d’humbles signes sur la route désertique de votre vie, signes d’une véritable “libération“ qui va se réaliser ?
Mais ces signes ne s’aperçoivent qu’avec les yeux de la foi. Le Seigneur ne nous a pas promis de tout réaliser tout de suite - nous sommes si impatients ! -. Si Pierre et les douze apôtres n’avaient pas eu cette conviction et cette patience, ils se seraient vite découragés, eux qui n’étaient qu’une poignée de pauvres hères se heurtant à l’indifférence et à la persécution.

Dieu est-il là ou n’y est-il pas ? En fait, c’est souvent à l’intérieur de nous-mêmes que se trouve l’obstacle principal à la venue du Seigneur. C’est en nous que se trouvent le doute qui aveugle…, la peur qui paralyse…, l’orgueil qui raidit…, l’égoïsme qui interdit de partager… et que sais-je encore… !

Dieu est-il là ou n’y est-il pas ? C’est pourtant dans notre vie apparemment aride - comme celle de la “femme stérile“ - que Dieu veut descendre - c’est son habitude, il faut le savoir -, qu’il se fait “Emmanuel“ (“Dieu avec nous“), alors même que mille difficultés et souffrances semblent nier sa venue. C’est pourtant ainsi que Dieu, souvent, nous fait acquérir la foi en sa présence, cette foi du Centurion au moment même de la mort du Seigneur en croix : “Vraiment, cet homme était Fils de Dieu !“ (Mc 15.39) !
C’est dans la mort elle-même que cet homme découvre la “Vie“, la “Vie divine“ du “Fils de Dieu !“ - cette “Vie“ que s’échangent éternellement les trois Personnes divines - ! Car “la Vie s’est manifestée…, écrira St Jean. Nous vous annonçons cette Vie éternelle qui était tournée vers le Père et qui s’est manifestée à nous !“ (I Jn 1.2).En lui (dans le Christ, mort mais ressuscité) était la Vie. Et la Vie est la lumière des hommes. Et la lumière brille dans les (nos) ténèbres. Et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée“ (Jn 1.4). Alors, si cette “Vie“ est encore plus ou moins cachée en nos ténèbres, nous en serons pleinement émerveillés au jour lumineux de la manifestation du Seigneur. Nous nous écrirons alors avec force : Dieu était là ! Il est là !

Isaïe avait raison : “Quand les montagnes changeraient de place, quand les collines s’ébranleraient, mon amour pour toi ne changera pas, et mon alliance de paix ne sera pas ébranlée, a déclaré le Seigneur dans sa tendresse pour toi“.

Dieu est-il là ou n’y est-il pas ? Ne crains pas, répétait Jésus. Je suis avec toi. “Je suis !“.

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