samedi 30 avril 2011

Souffrance (4)

Samedi de Pâques

Pour conclure…
Nous sommes tous des compagnons aventuriers ! Nous sommes tous des aventuriers de Dieu et des passionnés pour l’immense et douloureuse aventure des hommes. Avec le poète, Marie-Noël (hier), en fixant nos yeux vers l’immensité divine, toutes nos souffrances sont intégrées, déjà, en la Passion du Christ, à l’heure immense de Gethsémani ; et elles sont, en la sienne, salvatrices ; c’est elles qui maintiennent le monde en la main de Dieu. !
Peut-être, faut-il se dire avec foi : “Quand Dieu efface, c’est qu’il se prépare à écrire !” Or, pour un bon écrivain (ou pour le divin Artiste qu’est le Créateur), l’ordre d’exécution se confond avec l’ordre d’invention. Mais pas pour le lecteur, bien sûr ! Peut-être, finalement, que notre véritable genèse est à la fin ! Comme le signifie la célèbre parabole :
“Ma vie ressemble à un tissage entre mon Seigneur et moi.
Je ne peux pas en choisir les couleurs. Il travaille sans cesse.
Quelquefois il tisse de la tristesse, et moi, dans un orgueil insensé, j'oublie qu'll voit l'endroit et moi l'envers.
Ce n'est que lorsque le métier à tisser est devenu silencieux et que les navettes ont cessé de voler, que Dieu déroule la toile et en donne l'explication.
Les fils noirs sont aussi utiles dans la main habile du tisserand que les fils d'or et d'argent pour le motif qu'll a prévu.
Il sait, Il aime, Il prend soin : cette vérité n'estompe rien.
Il donne le meilleur à ceux qui le laissent choisi.
Oui maintenant j'ai vu l'autre côté et cette réalité valait bien tout cela".

En ce Samedi, traditionnellement consacré à Marie, comment ne pas penser à la compassion de la Mère par excellence quand on évoque la Passion du Fils ? Comme pour Jésus, la souffrance de Marie a été le lot de toute sa vie.
Dans un merveilleux livre sur Notre-Dame des Sept Douleurs, le futur cardinal Journet relève que chaque fois que Jésus rencontre sa Mère, “c'est toujours pour briser quelque chose en elle, pour navrer plus profondément la pauvre tendresse sensible dont était pétri le cœur de la plus aimable et de la plus sainte des mères. Il semble qu'elle n'ait reçu ce cœur de chair que pour le voir meurtri par l'Enfant pour qui seul il battait“. Et le P. Journet d’expliquer aussitôt que cette “dureté étonnante, inconcevable n'est jamais que l'instrument d'une douceur plus étonnante, plus inconcevable. Elle est un masque recouvrant le mystère du plus doux et du plus fort des amours“. Le mystère de l’Amour de Dieu pour l’homme !

Voici Marie au pied de la Croix. L'Évangile nous dit “qu'elle se tenait debout !“. Stabat Mater ! Et Paul Claudel d’écrire merveilleusement :
“De Marie au pied de la Croix, l'Evangile nous dit seulement “qu'elle se tenait debout. “Stabat !” Elle se tenait debout !
Non pas physiquement. C'est l'âme qui se tenait debout, pleine de force, de puissance, d'intelligence, d'amour, et toute droite, pleinement éveillée et regardante !
Eh quoi ! La Femme forte, la Mère de Dieu, la force de l'Eglise, était-ce le moment pour elle de s'abandonner, de fléchir ? Ces trois heures qu'elle avait à passer en face de son Fils, de ce Fils qui maintenant solidement attaché à la Croix par les quatre membres ne pouvait plus lui échapper, est-ce qu'elle allait lui en dérober un seul moment ? Est-ce que c'était l'occasion de s'affaisser et de s'évanouir et de faire aucun retour sur elle-même ? Est-ce qu'il y a à perdre aucun moment de ce sacrifice où il a sa place et sa fonction stipulées ?
…Quand elle entend ce Fils, Ce Fils de sa chair et de son âme, s’écrier triomphalement, épouvantablement “que c'est fait” et “que tout est consommé !”, c’est le moment pour elle de tressaillir, de vibrer de la base au faîte, ce n'est pas celui de pleurer !
Que la terre tremble, que le soleil se voile, que le rideau du temple se déchire de haut en bas, mais Marie reste debout, elle n'est pas ébranlée. Elle voit, elle sait, elle regarde, elle témoigne, elle donne, elle accepte, elle approuve. “Ecce ancilla Domini !” La voici, cette fois, pour de bon, une fois de plus, la Servante du Seigneur !“

Que Marie nous aide à comprendre la valeur rédemptrice de nos diverses épreuves !

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